Des artistes au passé de réfugiés se produisent à l'Eurovision
Des artistes au passé de réfugiés se produisent à l'Eurovision
Lors de sa prestation triomphante à la demi-finale de l'Eurovision 2021 mardi, Manizha, ancienne réfugiée du Tadjikistan et Ambassadrice de bonne volonté du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s’est exclamée, l’index pointé en l’air :
« Vous êtes prêts pour le changement ? Parce que nous, on est prêts. Nous sommes le changement ! »
Le public tonitruant a clamé son approbation en retour.
Manizha, qui portait une tenue de scène rouge, arborait un large sourire en savourant les applaudissements.
Elle représentait la Russie avec sa chanson « Russian Woman », qu'elle interprètera à la grande finale de samedi.
« Je suis vraiment très fière de représenter la Russie », a-t-elle déclaré lors d’une interview avant la demi-finale.
« Mon passé est jalonné de nombreuses épreuves. »
« Je suis née au Tadjikistan, nous avons eu une guerre effroyable là-bas et nous avons dû partir. La Russie est devenue notre nouveau foyer. Mon passé est jalonné de nombreuses épreuves. Maintenant, je me produis sur scène, forte de mon expérience en tant que réfugiée, et je dis aux gens de ne pas avoir honte de qui ils sont », a-t-elle déclaré.
Elle a fui le Tadjikistan en 1994 et considère désormais sa musique et sa célébrité comme une plateforme pour s’exprimer au nom des réfugiés à travers le monde.
Manizha est l'une des deux artistes au passé de réfugiés qui représentent leur pays à l'Eurovision de cette année.
L’autre artiste au passé de réfugié est Tousin « Tusse » Chiza, musicien et chanteur de 19 ans. Il est né en République démocratique du Congo mais représente la Suède, où il vit depuis l'âge de huit ans.
Tusse a obtenu le statut de réfugié en Suède après avoir été séparé de ses parents et avoir vécu pendant trois ans dans un camp de réfugiés en Ouganda. Il a fait connaître son parcours lors duquel il a dû surmonter les défis de l'adaptation à de nouvelles situations, aidant ainsi à responsabiliser des jeunes qui sont confrontés à des difficultés similaires.
« Entendez-vous un million de voix ? »
« Entendez-vous un million de voix qui résonnent sous la pluie ? » a demandé Tusse lors de son interprétation, en demi-finale, de la chanson ‘Million Voices’. « Vous le savez, nous avons un million de choix, alors sortez et laissez la pluie tomber. »
Jeudi, Ahmad Joudeh, un danseur de ballet au passé de réfugié, a dansé pendant l’entracte de la deuxième demi-finale. Sa chorégraphie s’intitule « Close Encounters of a Special Kind » et s’articule autour du désir naturel de l’être humain d’être connecté et du besoin de compréhension mutuelle.
En 2016, en reconnaissance de son talent et de son extraordinaire passion pour la danse, le Ballet national néerlandais a invité Ahmad à poursuivre ses études et sa carrière aux Pays-Bas. Danseur et chorégraphe professionnel, Ahmad est un fervent défenseur des réfugiés et des apatrides à travers le monde entier.
L'Eurovision de cette année a pour thème « Ouvrons-nous » et, pour ces trois artistes au passé de réfugiés, leurs prestations sont l'occasion de promouvoir des messages d'inclusion et d'unité.
Manizha est apparue sur scène mardi en portant une robe volumineuse, dont elle est sortie au milieu de sa prestation.
« Cette robe symbolise la volonté d'aller de l'avant, d’éliminer les stéréotypes et de donner la parole à de vraies personnes avec leur vraie vie », a-t-elle expliqué. « C'est pour ça que je m’en échappe, que je m’ouvre au monde. »