Des Afghans déplacés rentrent chez eux après avoir traversé tout le pays
Des Afghans déplacés rentrent chez eux après avoir traversé tout le pays
KANDAHAR, Afghanistan, 9 juin (UNHCR) - Depuis trois ans, le camp de Zhare Dasht, situé dans une plaine torride du sud de l'Afghanistan, abrite près de 500 000 personnes déplacées. Beaucoup d'entre elles ont maintenant décidé qu'il est temps de rentrer au pays.
Le camp fut construit par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, avec l'aide de donateurs et d'agences partenaires, au début de l'année 2002. Il devait héberger des Afghans qui avaient été forcés de quitter leurs maisons dans d'autres régions du pays. Beaucoup d'entre eux étaient des Pachtounes du nord qui craignaient des persécutions après la défaite des Talibans, impopulaires et en majorité pachtounes.
Zhare Dasht devint également le foyer de milliers de fermiers rendus indigents par des années de sécheresse ; une sécheresse qui a aussi empêché un grand nombre de nomades, les Kuchis d'Afghanistan, de poursuivre leur mode de vie traditionnel.
Dans le camp, l'UNHCR, en collaboration avec le gouvernement afghan, fournit aux résidents de l'eau, des sanitaires, des écoles et des installations médicales.
Mais l'appel du pays est toujours fort. A ce jour, plus de familles sont rentrées chez elles ce printemps que pendant toute l'année 2004.
Mohammed Hasham et sa famille vivent à Zhare Dasht depuis sa création. Il prend part à une opération de retour organisée par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés et par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui aide plus de 40 familles à rentrer chez elles dans la province du Nord-Faryab.
« Nous sommes heureux de mettre le cap sur nos maisons, après trois ans à Zhare Dasht », dit Mohammed en chargeant ses effets sur un camion de l'UNHCR. « Nous sommes reconnaissants pour l'aide reçue ici pendant les trois dernières années, mais nous avons entendu dire que la situation dans le nord s'est améliorée et nous désirons rentrer chez nous. »
Le gouvernement afghan encourage le rapatriement des occupants de Zhare Dasht. Si ces familles ont le sentiment qu'elles peuvent maintenant rentrer chez elles, c'est une preuve supplémentaire de la renaissance du pays.
Il y a à peu près 125 000 déplacés qui vivent dans des camps et des installations provisoires dans le sud de l'Afghanistan. Tous n'ont pas l'impression de pouvoir rentrer chez eux, mais, pour ceux qui le peuvent, la décision de partir doit être mûrement réfléchie.
Ousseni Compaore est responsable des activités de l'UNHCR dans le sud de l'Afghanistan. Il pense que beaucoup de ces familles rentrent maintenant pour participer à la reconstruction de leur pays, particulièrement grâce aux élections de l'assemblée nationale, prévues en septembre.
« Pouvoir contribuer à la réconciliation nationale et à la reconstruction de l'Afghanistan est certainement un facteur qui les détermine à rentrer », déclare O. Compaore. « Beaucoup de ces personnes déplacées désirent participer aux élections à venir et savent qu'elles ne peuvent le faire qu'en retournant dans leurs contrées d'origine. »
Le voyage de six jours vers leurs maisons amène les familles à traverser la moitié du pays sur des routes qui, en de nombreux endroits, ne sont praticables que pour des 4x4. Le coût des camions et des bus qui forment le convoi est couvert par l'UNHCR et ses partenaires.
Dans la cité occidentale de Herat - à mi-parcours au cours de leur voyage - les familles reçoivent un colis d'assistance, comprenant aussi bien des outils qu'une réserve de vivres, destiné à les aider à se réinstaller dans leurs régions d'origine.
« Nous y avons inclus un éventail d'articles destinés à aider les personnes déplacées à réintégrer leur communauté d'origine et à leur permettre de se prendre en charge pendant les premières semaines », souligne Baqi Pakdel, de l'OIM.
A partir d'Herat, les routes deviennent des pistes pleines d'ornières profondes. D'imposants camions russes ont été loués pour la seconde partie du voyage. Les familles y sont transportées au milieu de leurs biens, tandis que les bus sont laissés sur place.
Quand le convoi traverse la province du nord-ouest de Badghis, les rapatriés commencent à sentir qu'ils sont à nouveau dans un environnement familier.
« Nous sommes contents d'avoir atteint notre maison sans aucun problème. Nous espérons maintenant pouvoir vivre en paix loin des lois de la guerre, dans nos maisons où nous pouvons vivre dans la dignité et sans crainte », déclare un vieil homme.
Lorsque le convoi traverse des parties isolées du pays, la sécurité est la préoccupation principale des gens. Mais, depuis qu'ils ont quitté Zhare Dasht, il y a cinq jours, ils n'ont eu d'autre problème qu'un pneu crevé.
Pour nombre des plus jeunes, ce voyage n'est pas un retour, mais un nouveau départ dans une partie de l'Afghanistan qu'ils n'ont jamais connue.
« Je suis né au Pakistan, mais maintenant je rentre dans mon pays et chez mon oncle », dit un jeune garçon, manifestement excité de voir sa nouvelle maison.
Dans le nord comme dans l'ensemble de l'Afghanistan, l'UNHCR s'efforce d'aider tous les Afghans qui ont fui leurs maisons - vers des camps à l'intérieur de l'Afghanistan ou vers d'autres pays - à se réinstaller dans leurs communautés.
« L'UNHCR a un certain nombre de projets dans la province de Faryab », explique Basir Sediqyar, du bureau de l'UNHCR à Maymana. « Ceux-ci comprennent une aide pour l'hébergement, l'accès à l'eau et des programmes de co-existence. Ils sont tous destinés à aider les rapatriés à réintégrer leurs contrées d'origine. »
La dernière journée du voyage commence à l'aube, dans un centre de transit de l'OIM, dans le village de Bala Murghab, proche de leur destination finale.
Le matériel d'assistance reçu à Herat a été déchargé et réparti entre les familles. A partir d'ici, le convoi se divise en trois groupes plus petits, tandis que les rapatriés s'approchent de leurs maisons.
Tard dans l'après-midi, Mohammed Hasham est arrivé dans le village qu'il avait quitté plus de quatre ans auparavant. Bien qu'endommagée, sa maison est toujours debout. Avec les matériaux qu'il a amenés de Zhare Dasht et grâce à l'aide reçue, il pourra bientôt reprendre la vie qu'il avait laissée derrière lui.
« Nous sommes reconnaissants pour l'aide reçue », dit-il pendant qu'on décharge ses affaires du camion pour la dernière fois. « Maintenant nous désirons reprendre notre vie de jadis, travailler comme fermiers et vivre en paix. »
Par Tim Irwin, UNHCR en Afghanistan