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De jeunes Libériens lancent une tribune pour lutter contre la violence à l'encontre des femmes

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De jeunes Libériens lancent une tribune pour lutter contre la violence à l'encontre des femmes

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a lancé le « théâtre du samedi », un projet destiné à combattre la violence sexuelle et sexiste grâce à la participation interactive de rapatriés, de groupes de jeunes et de la communauté locale dans le comté libérien de Gbarpolu.
12 Avril 2005
La troupe du « théâtre du samedi » en train de discuter de la problématique de la violence domestique dans le comté libérien de Gbarpolu.

TOTOQUELLEH, Libéria, 12 avril (UNHCR) - Chaque week-end, Amadou crée une scène dans un village différent du centre du Libéria. Accompagné de ses amis, il joue la comédie, chante et danse. Tous les prétextes sont bons pour attirer l'attention des gens sur leur cause : la lutte contre la violence sexuelle et à l'encontre des femmes.

A 14 ans, le jeune Temeh ne semble pas être la personne la plus à même de défendre les droits des femmes, mais il représente précisément le groupe ciblé par la dernière prise de position de l'UNHCR contre la violence sexuelle et sexiste - un projet baptisé « théâtre du samedi » qui a été lancé le mois dernier à Gbarpolu, un des comtés libériens les plus dévastés par la guerre civile qui y a duré 14 ans.

« La pièce que je joue avec mes amis aide à transmettre aux gens des messages sur la violence contre les femmes de façon simple, tout en les divertissant », déclare Temeh. « C'est amusant et intéressant de jouer en utilisant notre propre situation, notre langue et notre musique tout en incluant des messages sur les droits de l'homme. »

L'adolescent fait partie des dizaines de milliers de réfugiés et déplacés internes libériens, rentrés au pays depuis la fin du conflit en août 2003. Alors que l'UNHCR et ses partenaires s'emploient à aider à la reconstruction du Libéria, ils appréhendent le retour de pratiques d'oppression et d'abus qui existaient avant le conflit : les mariages forcés, la mutilation sexuelle des femmes et la violence domestique. La stigmatisation et l'abandon par la famille autant que la répartition des terres et de la propriété représentent d'autres problèmes potentiels auxquels font face les femmes rapatriées.

La fuite et l'exil ont permis à certaines femmes et à des jeunes de se démarquer de leurs rôles traditionnels et d'atteindre une certaine émancipation. L'UNHCR espère que cela continuera grâce aux activités de sensibilisation auxquelles participe toute la communauté.

« Il est extrêmement important que le retour et la réintégration soient basés sur des principes d'inclusion et de non-discrimination envers les femmes, les hommes, les filles et les garçons », a déclaré le délégué de l'UNHCR au Libéria, Moses Okello.

« Tous les membres de la communauté doivent pouvoir influencer le processus de changement social. Il est donc vital de faire participer les hommes et les jeunes en tant qu'acteurs essentiels pour prévenir la violence sexuelle et sexiste et y répondre », a ajouté la responsable de l'UNHCR en charge des services communautaires, Alexina Rusere.

A cet effet, le projet du « théâtre du samedi » combine donc l'éducation et le divertissement pour des jeunes rapatriés, des anciens combattants et la population de Gbarpolu en général. Les spectacles, qui ont lieu dans différentes parties du comté chaque semaine, sont basés sur la culture et les traditions du folklore, des pièces de théâtre, des danses et des chansons transmises de génération en génération.

Les acteurs principaux sont des jeunes issus de groupes de la communauté qui, aidés par un présentateur, exposent les problèmes liés à la violence sexuelle et sexiste et y apportent des solutions. Ils font intervenir les spectateurs en les entraînant dans des discussions et en les encourageant à participer au spectacle. Ce dialogue augmente la prise de conscience et aide à mobiliser les communautés afin de réagir et de soutenir le processus de changement social.

Le « théâtre du samedi » permet également de parler de la problématique des violences contre les femmes et les enfants pendant le conflit. Cela favorise une évolution psychosociale permettant aux survivants d'aller de l'avant ; cela peut même contribuer à la guérison au niveau individuel et à la réconciliation au niveau communautaire. Pour soutenir ce développement, des travailleurs des soins de santé participent de façon active aux activités en distribuant des informations au sujet du planning familial et du VIH/SIDA.

D'autres initiatives sont mises sur pied : des activités sportives pour reconstruire la cohésion des groupes de jeunes et un petit cercle de lecture qui permet aux personnes intéressées de développer leur propre matériel pédagogique dans le domaine de la violence sexuelle et à l'encontre des femmes. Certains membres de ce groupe de lecture seront formés pour devenir les relais de ce type d'activité littéraire auprès des autres. Un système basé sur le parrainage peut aussi être établi pour que les gens puissent travailler ensemble.

M. Okello de l'UNHCR a conclu en soulignant le rôle des jeunes dans la reconstruction du Libéria : « Pour une paix durable, il est impératif que les jeunes respectent davantage les droits humains, en particulier ceux des femmes, en participant à la réintégration. Les jeunes sont les dirigeants et décideurs de demain. Les changements positifs dans ce groupe peuvent donc favoriser un développement durable. »

Par Francesca Fontanini, UNHCR Libéria