Dans le sud du Tchad, des réfugiés centrafricains améliorent leur quotidien en participant à la vie socio-économique
Dans le sud du Tchad, des réfugiés centrafricains améliorent leur quotidien en participant à la vie socio-économique
GORE, Tchad, 30 juin (UNHCR) - Il y a deux ans, le Tchad a vécu, en quelques mois, deux vagues d'arrivée de réfugiés. Dans l'est, les premiers de quelque 200 000 réfugiés soudanais ont afflué depuis le Darfour en crise. Dans le sud, des milliers de personnes ont passé la frontière depuis la République centrafricaine pour trouver refuge au Tchad, après un coup d'Etat militaire.
En comparaison de la situation des réfugiés à l'est, l'afflux, dans le sud du Tchad avec 30 000 réfugiés et encore 10 000 nouvelles arrivées en début de mois, n'a pas eu le même retentissement au sein de la communauté internationale.
Les arrivées récentes depuis la République centrafricaine ont suivi la vague de violences entre les forces gouvernementales et les groupes armés, début juin. Au Tchad, les réfugiés se sont installés non loin de la frontière entre le Tchad et leur pays, près de Yamdodo. L'UNHCR leur a distribué du matériel d'urgence tel que des bâches en plastique, des jerrycans, des couvertures et des ustensiles de cuisine et prévoit de les réinstaller prochainement dans un camp déjà existant au sud du Tchad.
« Nous aidons les réfugiés à démarrer une activité en savonnerie, boulangerie, broderie ou couture, pour leur permettre de se prendre en charge. Nous avons par exemple mis en place des groupements de couturiers, identifiés par nos soins parmi les réfugiés », explique Gildas Kimtobaye, coordinateur de African Concern pour le camp de Yaroungou. « Outre la confection en elle-même, ils forment surtout d'autres réfugiés qui souhaitent eux aussi se lancer dans ce métier ».
Les réfugiés centrafricains ne chôment pas dans les camps de Yaroungou et Amboko au sud du Tchad. Ils assurent ainsi en partie leur subsistance grâce à la couture, la broderie, la meunerie, le petit commerce et l'agriculture, quelques-unes des activités qu'ils développent grâce au soutien de l'UNHCR et du gouvernement tchadien.
Yatéré, une réfugiée du camp d'Amboko explique : « Avec du fil de laine, je confectionne des vêtements pour bébés que je vends ensuite au marché. L'argent que j'obtiens me permet d'acheter de la viande ou des légumes pour nourrir les miens ».
La fabrication des tenues scolaires pour les élèves réfugiés a d'ailleurs été confiée aux réfugiés eux-mêmes, cette année. L'UNHCR donne aux réfugiés de l'étoffe pour les confectionner et les rémunère ensuite à la pièce. « Nous avons cousu 267 tenues pour les élèves réfugiés, ce qui nous a permis d'améliorer le quotidien dans nos familles », confie Alladoum, représentant des réfugiés du camp de Yaroungou.
Comme Yatéré et Alladoum, d'autres réfugiés centrafricains se sont aussi lancés dans des activités pour améliorer leur niveau de vie. A l'approche de la saison des cultures, les réfugiés peuvent recevoir des outils agraires et des semences, ainsi qu'une formation en culture maraîchère dispensée par African Concern. Des parcelles de terre leur sont distribuées par les autorités tchadiennes.
En 2004, les réfugiés ont vendu le produit de leurs récoltes à la population tchadienne. « Ce sont les réfugiés qui nous ont fourni les tomates, les carottes et la salade l'année dernière, grâce aux cultures de leur carré », dit M. Dang Batinda, Secrétaire de la préfecture de Goré.
D'autres ont cultivé, eux, du sorgho, de l'arachide ou du maïs et la récolte s'est même avérée fructueuse : Un réfugié, M. Jean, et sa famille ont ainsi pu vendre 40 sacs d'arachides. Environ 500 autres familles de réfugiés ont vendu le fruit de leur travail sur les marchés de Maro, Danamadji et Goré et compléter leurs repas de viande, d'épice ou de poisson. Ils ont pu aussi s'offrir quelques vêtements.
Les activités génératrices de revenus permettent surtout aux réfugiés centrafricains de se concentrer sur un projet constructif et positif. Ils participent activement à la vie socio-économique de leur région d'accueil et se préparent utilement pour un éventuel rapatriement.
Par Djerassem Mbaïorem à Goré