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Conférence sur l'Iraq : La voix des déracinés donne le ton à la réunion internationale

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Conférence sur l'Iraq : La voix des déracinés donne le ton à la réunion internationale

Mardi, à l'ouverture de la conférence internationale de deux jours organisée par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, les mots des victimes de la violence en Iraq ont décrit aux délégués cette tragédie humaine de façon plus poignante que les statistiques.
17 Avril 2007
Dans un camp accueillant des déplacés musulmans sunnites en Iraq, une femme iraquienne et son enfant se protègent du soleil dans une tente.

GENEVE, 17 avril (UNHCR) - Ils ont été chassés de leurs maisons en Iraq, sont devenus des réfugiés ou des déplacés internes de plus en plus démunis et attendent avec impatience le jour où il pourront avoir de nouveau une vie normale. Mardi, à l'ouverture d'une conférence organisée par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, les mots des victimes de la violence en Iraq ont décrit aux délégués cette tragédie humaine de façon plus poignante que les statistiques.

« Nos vies, c'est tout ce que nous avons pu emporter avant de fuir », raconte un homme qui vit maintenant dans une ferme abandonnée au sud de l'Iraq. Dans un film, il explique comment les familles de cinq frères ont reçu un avertissement écrit, leur ordonnant de quitter leurs maisons à Bagdad, car ils sont musulmans chiites. Une balle de fusil est encore attachée à la lettre de menace que l'homme tient à la main. « Pouvez-vous croire que cinq familles aient fui sans même emporter des vêtements ? Pensez-vous que quelqu'un ait pu retourner en chercher pour nous ? »

Comme le répète le film, ceux qui ont fui leur maison ont échappé à la mort, mais se trouvent aujourd'hui dans des conditions de pauvreté car ils n'ont plus de ressources. Un homme âgé, interviewé alors qu'il attend avec son épouse pour s'enregistrer auprès de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés à Damas, raconte le cas d'une chirurgienne qui a vendu tout ce qu'elle possédait, sachant que le retour à Bagdad n'est synonyme que de la mort.

Le film a été présenté à l'ouverture d'une conférence internationale de deux jours sur les besoins humanitaires de quelque quatre millions de réfugiés et déplacés internes, en Iraq et dans les pays voisins, à laquelle ont participé 450 personnes représentant gouvernements et organisations internationales et non gouvernementales. D'un côté de l'écran, des personnes interviewées - leurs visages cachés pour protéger leurs identités ; de l'autre, des photos illustrant la violence, les personnes déplacées et les réfugiés vivant dans des tentes, les enfants maintenant obligés de dormir par terre.

António Guterres, qui a présidé la conférence, a demandé une réponse internationale suivie, complète et coordonnée pour soulager la détresse dans laquelle se trouvent presque quatre millions d'Iraquiens déracinées par le conflit. Chaque mois, le nombre de déplacés augmente de 40 000 à 50 000 personnes.

« C'est la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays qui nous a forcés à partir. Ils ont tenté d'assassiner mon mari. Par ailleurs, les conditions de vie pour mes deux jeunes fils étaient trop difficiles », a expliqué une femme, interviewée dans la file d'attente devant le bureau de l'UNHCR à Damas. « Nous sommes sunnites et vivons dans un quartier sunnite. Nous sommes persécutés en Iraq. »

Elle est arrivée en Syrie il y a trois mois et fait partie des réfugiés iraquiens dans ce pays, dont le nombre est estimé à plus d'1,2 million. Elle recherchait l'assistance de l'UNHCR, sachant que l'organisation a fourni de l'aide à d'autres réfugiés.

« Nous savons que c'est une organisation internationale et qu'elle protège et assiste les Iraquiens. Et puis ils pourraient nous aider à recevoir un visa pour partir ailleurs », a-t-elle expliqué. « Aucun pays ne voudrait de nous sans l'aide des Nations Unies. »

Comme les réfugiés utilisent leurs économies et qu'ils ont déjà vendu tous leurs biens, ils doivent faire face à une situation de plus en plus difficile. Une femme, interviewée dans la cantine gratuite gérée par l'église Ibrahim Khalil à Damas, explique qu'elle est venue car sa famille n'a plus de ressources après deux ans d'exil.

« Tout ce que nous avons pu apporter d'Iraq a été utilisé », a-t-elle expliqué. « C'est pourquoi nous sommes venus dans ce centre, car ils pourraient nous aider notamment au niveau financier, pour nos dépenses quotidiennes, car nous sommes vraiment dans une mauvaise passe. »

Le nombre de ceux qui sont forcés à fuir vers les pays voisins est trop important pour une intégration permanente. Par ailleurs la réinstallation est une solution seulement pour les plus vulnérables des réfugiés iraquiens. La solution pour la plupart des Iraquiens consisterait à un retour volontaire vers leur pays d'origine, dès qu'il pourra se faire en sécurité.

« Nous avons quitté Bagdad car notre situation est très difficile. Nous recevions des menaces de mort et ils ont pris nos maisons et aussi nos magasins », a expliqué un homme qui est arrivé en Syrie depuis l'Iraq avec sa famille il y a trois mois. « J'avais une boutique d'antiquités. J'ai dû partir et abandonner sur place toutes les marchandises pour que nous-mêmes et nos enfants restions en vie. »

Il ne peut pas travailler en Syrie et craint pour l'avenir, quand il aura utilisé toutes ses économies. Il espère qu'il pourra rentrer mais il est persuadé qu'aucun lieu n'est en sécurité : « vous voyez bien quelle est la situation là-bas, juste la destruction et la mort. »

« J'aimerais rentrer demain ou je rentrerais même aujourd'hui s'ils assuraient notre sécurité et nous rendaient nos maisons. Toute notre vie est là-bas », a-t-il dit. Mais ses projets pour l'avenir sont au point mort. « L'avenir est sombre et je n'y pense pas. »

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