Cette année, le rapatriement des réfugiés ivoiriens depuis le Libéria passe le cap des 10 000 personnes
Cette année, le rapatriement des réfugiés ivoiriens depuis le Libéria passe le cap des 10 000 personnes
MONROVIA, Libéria, le 30 juillet (HCR) -Plus de 10 000 Ivoiriens ont regagné leur pays cette année à partir du Libéria avec l'aide du HCR, soit près du double de rapatriés pour l'ensemble de l'année dernière.
Ce cap a été franchi à la fin de la semaine dernière. Les réfugiés vivant principalement dans les camps et les communautés des comtés de Grand Gedeh, Nimba, Maryland et River Gee au Libéria, sont retournés dans des zones comme Toulepleu, Tabou et Danané dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.
En collaboration avec la Commission libérienne pour le rapatriement et la réinstallation des réfugiés et d'autres partenaires, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés organise des convois pour les réfugiés souhaitant retourner chez eux plus de deux ans après avoir fui les violences qui ont éclaté après les élections en Côte d'Ivoire. Les personnes qui retournent en Côte d'Ivoire à partir du comté du Maryland traversent le fleuve Cavalla à bord d'une barge affrétée par le HCR.
« L'année dernière, nous avons facilité le rapatriement de plus de 6 000 réfugiés. Et cette année, nous prévoyons de faciliter le rapatriement de 16 000 réfugiés », explique le responsable du HCR Andrew Mbogori, remerciant les donateurs pour leur soutien aux efforts de rapatriement.
« Avec 10 000 réfugiés rapatriés au cours des sept derniers mois en dépit des problèmes de sécurité à la frontière il y a quelques mois, nous sommes assurément sur la bonne voie pour atteindre notre objectif », ajoute-t-il.
Au cours de l'année dernière, le rapatriement des réfugiés ivoiriens a été interrompu par des attaques de villages du côté ivoirien de la frontière et le meurtre de sept Casques bleus en juin 2012. « Nous nous réjouissons de l'amélioration de la sécurité à la frontière qui encourage un plus grand nombre de réfugiés à rentrer chez eux, et nous espérons que la situation de sécurité continuera à s'améliorer », commente M. Mbogori.
Au moment de traverser la frontière au fleuve Cavalla, de nombreux réfugiés ont invoqué l'amélioration de la sécurité comme facteur décisif dans leur choix de rapatriement. « À présent que la sécurité s'est améliorée dans mon pays, je suis content de revenir dans la région de Tabou pour entretenir ma plantation de cacao qui est ma principale source de revenus », explique Pierre, père de cinq enfants, tandis qu'il passe en Côte d'Ivoire, le plus important pays producteur de cacao au monde.
D'autres réfugiés reviennent pour poursuivre leurs études dans leur pays. « J'étais inscrit à l'université à Abidjan qui a fermé en 2011 à la suite des violences qui ont éclaté après les élections [de novembre 2010 à avril 2011]. À présent qu'elle a rouvert ses portes, et que la paix règne dans notre capitale, je suis content de revenir et de poursuivre mes études », explique Gnato, 25 ans.
La dégradation des routes à cause des pluies saisonnières pose toutefois de nouveaux défis pour le processus de rapatriement. « Nous sommes impliqués dans des activités de réhabilitation des routes, et oeuvrons avec nos partenaires, notamment les ingénieurs de la mission de l'ONU au Libéria, afin de garder les routes ouvertes. Tant qu'il y aura des réfugiés qui souhaite rentrer chez eux, nous veillerons à ce qu'ils le fassent en toute sécurité et dans la dignité », explique Fatima Mohammed, une fonctionnaire du HCR.
De retour en Côte d'Ivoire, les anciens réfugiés reçoivent des dons en espèces, de la nourriture et des produits non alimentaires. Le Libéria accueille actuellement plus de 58 000 réfugiés ivoiriens.
La crise qu'a connue la Côte d'Ivoire a débuté après l'élection présidentielle de novembre 2012 qui a opposé le président sortant, Laurent Gbagbo, à Alassane Ouattara. Les combats ont provoqué un déplacement massif de population et au plus fort de la crise, plus de 220 000 Ivoiriens ont fui vers le Libéria. La plupart d'entre eux sont rentrés chez eux après qu'Alassane Ouattara, vainqueur de l'élection, ait pris le pouvoir. L'opération de rapatriement lancée à la fin de la même année a pris de l'ampleur en 2012.
Par Sulaiman Momodu à Monrovia, Libéria