À Briançon, les nuits froides n'entravent pas la solidarité
À Briançon, les nuits froides n'entravent pas la solidarité
Le soleil se lève timidement derrière la brume qui recouvre les montagnes entourant la ville de Briançon, dans les Hautes-Alpes. Pour beaucoup, la nuit a été blanche dans le centre d’accueil d’urgence de réfugiés et de migrants, une grande tente installée par Médecins Sans Frontières (MSF) à côté de l’église sur un terrain prêté par la paroisse et géré par des associations. Les bénévoles ont préparé le thé et le café. Un feu crépite à côté de la tente, pour permettre aux personnes de se réchauffer au petit matin.
De nouveaux réfugiés et migrants, principalement originaires d’Afghanistan sont arrivés dans la nuit. Parmi ces personnes, des familles avec de jeunes enfants ainsi que des enfants non accompagnés. Trois d’entre eux, originaires d’Afghanistan, sont arrivés à minuit, suivis par quatre personnes, dont un mineur, à 2h30. Deux familles de neuf personnes, dont de jeunes enfants, sont enfin entrées dans la tente à 7h, après avoir passé la nuit dehors dans la montagne, dans le froid et la neige.
« Nous venons de Mazar-e-Sharif en Afghanistan. Nous sommes partis en 2019 à cause de l’insécurité. Depuis, on cherche la paix et la sécurité. J’ai eu le nez cassé sur la route. On a été victimes de violences », explique Masomah, 22 ans, en sortant de la tente accompagnée de sa maman Mounissa, 58 ans, pour chercher un docteur. Elles ont toujours très froid. La famille de la jeune femme, comme beaucoup des nouveaux arrivants, est arrivée à Briançon après avoir emprunté des routes extrêmement dangereuses lors d’un long et périlleux voyage.
The referenced media source is missing and needs to be re-embedded.
|
The referenced media source is missing and needs to be re-embedded.
|
Dans la grande tente qui sert de dortoir, allongée sur un lit de camp, Khaleda serre sa fille Asma dans ses bras. Asma a 11 ans. Elle est endormie, blottie contre sa maman. Elle aussi a passé la nuit dans la montagne. Son frère, Hazibola, 13 ans, dort à côté de son papa. Ils viennent de la province de Baghlan, en Afghanistan.
« Nous avons fui en 2018. C’était dangereux », raconte la mère de famille, en quête de protection depuis trois ans. Asma n’avait que 8 ans lorsque sa famille a dû quitter l’Afghanistan. Elle ne va pas à l’école. Son frère non plus. « Nous cherchons la sécurité et la paix », nous répond Khaleda, surprise d’une question sur la raison de leur arrivée en France. Comme si la réponse était évidente.
A côté de la grande tente, Parvis, qui a fui Kaboul, se réchauffe auprès du feu. Arrivé seul deux jours plus tôt, il veut demander l’asile en France et trouver un travail de mécanicien. « Où est-ce que je peux aller pour demander l’asile au plus vite ? », nous demande-t-il.
Les associations et les bénévoles se mobilisent pour apporter une aide humanitaire d’urgence : des repas chauds, des chaussures et des vêtements d’hiver donnés par la population de Briançon, un accès à des installations sanitaires, une écoute bienveillante. Des premiers soins sont prodigués par une infirmière, sous une tente gérée par Médecins du Monde (MDM).
« Les associations font un travail remarquable. La priorité est de sauver des vies et une attention particulière doit être accordée aux personnes les plus vulnérables », précise Paolo Artini, Représentant du HCR en France, après une rencontre avec la Préfète des Hautes Alpes, la Directrice de l’asile du Ministère de l’intérieur et le maire de Briançon.
Soulignant l’importance de soutenir les associations dans un esprit de dialogue, pour un accueil d’urgence et une orientation vers des dispositifs adaptés, il a aussi rappelé l’importance du protocole en place pour la prise en charge et l’orientation des enfants non accompagnés vers des dispositifs adaptés. « Pour cela, le partage de la bonne information dans la langue des enfants est la clef d’un bon accompagnement », a-t-il précisé.
The referenced media source is missing and needs to be re-embedded.
|
The referenced media source is missing and needs to be re-embedded.
|
Les bénévoles sont inquiets. Ils connaissent la montagne et ses dangers. « Il va neiger dans deux jours. Cela va encore être plus dangereux », prévoit Pâquerette, une des bénévoles de l’association Tous Migrants. Avant, elle était enseignante. « Dans la montagne, on est solidaires », ajoute-t-elle.
« Des solutions sont possibles en travaillant tous ensemble, les autorités, les associations, les bénévoles et les personnes déplacées elles-mêmes, pour apporter une aide humanitaire aux personnes en détresse et protéger ceux qui en ont besoin », explique Paolo Artini. « Le HCR continue à être disponible pour apporter son soutien », conclut-il.
Alors que les montagnes s’apprêtent à rejoindre la pénombre, de nombreux bénévoles se préparent à passer une nouvelle nuit à veiller et espérer qu’aucun accident ne se produise. À l’approche de l’hiver, à Briançon, la solidarité continue de sauver des vies.