17 actions menées par des réfugiés pour le développement durable
17 actions menées par des réfugiés pour le développement durable
En 2015, les Nations Unies ont adopté une série d'objectifs visant à mettre fin à la pauvreté, à éradiquer les inégalités et à stopper ou inverser les graves effets du changement climatique d'ici 2030. Ces 17 objectifs, connus sous le nom d'objectifs de développement durable, engagent les dirigeants à travers le monde entier à agir maintenant sans faire aucun laissé-pour-compte. Le Secrétaire général des Nations Unies exhorte tous les secteurs de la société à apporter leur contribution, y compris les entreprises, les organisations à but non lucratif et les particuliers, et a récemment déclaré que cette décennie serait une décennie d'action.
Au HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, nous savons que les personnes les plus touchées par les défis mondiaux sont souvent les mieux placées pour trouver et mettre en œuvre des solutions. Les personnes contraintes de fuir les conflits ou les persécutions, ainsi que les apatrides, n'ont souvent pas accès à une éducation, à des soins de santé et à des moyens de subsistance de qualité - et la pandémie de coronavirus a exacerbé les inégalités. Mais beaucoup ont découvert des moyens de pratiquer une agriculture durable, ont créé des entreprises florissantes et, plus récemment, ont conçu des solutions pour aider à prévenir la propagation du Covid-19.
Cette année marque le 75e anniversaire de la fondation des Nations Unies. C'est un moment opportun pour réfléchir à ce que nous devons tous faire pour assurer un avenir meilleur et plus durable pour tous.
Voici comment les réfugiés montrent l’exemple.
La plupart des réfugiés du monde - 85% - vivent dans des pays en développement, dont près d'un tiers dans les pays les moins avancés. Malgré d'énormes obstacles, ils comptent parmi eux de nombreux entrepreneurs et propriétaires d'entreprises qui reconstruisent leur vie, subviennent à leurs besoins et à ceux de leur famille, et contribuent à la vie de leur communauté d'accueil.
Deilys, 36 ans, mère de deux enfants et originaire du Venezuela, a ouvert sa propre entreprise de planification d'événements après avoir fui en Équateur et demandé l'asile. Elle a acheté un four, un réfrigérateur et un mixeur grâce à des fonds de démarrage provenant du modèle du HCR pour l’accession aux diplômes, une initiative qui offre une formation professionnelle, un soutien émotionnel et un mentorat ainsi qu'un soutien financier et entrepreneurial. Elle vend maintenant des desserts végan dans les foires ou autres événements et espère ouvrir bientôt sa propre boutique.
« Nous vivons simplement, mais nous vivons bien. Nous n'avons pas de dettes et nous ne sommes jamais en retard sur le loyer. Et quand les anniversaires arrivent, nous avons de quoi acheter des cadeaux pour nos enfants. » – Deilys
Les conflits et les catastrophes, les déficits de financement, les défis logistiques, la hausse des prix des denrées alimentaires et la perte de revenus due à la pandémie de Covid-19 menacent tous de laisser de nombreux réfugiés sans nourriture suffisante. Pour lutter contre l'insécurité alimentaire, les personnes déplacées de force trouvent des moyens innovants de faire pousser des aliments et de fournir des fruits et légumes frais à leurs communautés.
Sahera, une réfugiée rohingya dans le sud du Bangladesh, cultive son carré de terrain pour fournir des aliments frais à ses enfants, partager avec ses voisins et vendre aux magasins locaux. Elle cultive des épinards, des courges et des citrouilles - un des produits préférés de sa benjamine, Fatima. Le projet d'agriculture est une initiative du HCR et de l’ONG partenaire BRAC, une organisation internationale de développement basée au Bangladesh.
« Mes enfants sont impatients de voir les légumes. Cela nous rappelle notre ferme d'origine. Ces légumes ont vraiment bon goût, alors je n'ai pas besoin d'en acheter au marché. Non seulement nous avons des légumes pour nous, mais nous les partageons souvent avec nos voisins. Si nous avons des restes de produits, nous les vendons aux magasins des environs. » - Sahera
Les personnes contraintes de fuir les conflits ou les persécutions n'ont souvent pas accès aux soins de santé mentale. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le HCR a reçu des informations alarmantes faisant état d'une hausse des problèmes de santé mentale au Moyen-Orient et en Afrique. Les réfugiés trouvent des moyens de fournir des services de santé mentale.
Falak Selo (à droite) apporte un soutien en matière de santé mentale dans le camp d'Al-Qalaa, au nord de l'Irak. © HCR/Seivan M. Salim
Falak Selo, une réfugiée syrienne vivant en Irak, travaille avec l'unité de santé mentale et de soutien psychosocial du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Avec ses collègues, elle organise des séances de bien-être impromptues avec les voisins et fournit des conseils personnalisés. Ils ont tous suivi des cours de « premiers secours » psychologiques, qui les aident à identifier et, dans certains cas, à traiter des problèmes psychologiques tels que le stress, l'anxiété ou la dépression. Dans les cas les plus graves, ces travailleurs communautaires orientent les personnes vers des psychiatres et des psychologues, mais leurs services ont permis à un plus grand nombre de personnes de recevoir des soins intensifs.
« Cela me donne un sentiment d'épanouissement lorsque je vois que les gens me font confiance et reviennent me demander de l'aide. Je fais le suivi des cas qui nécessitent des soins supplémentaires, car nous sommes tous voisins ici. Je le fais pendant et en dehors des heures de travail, lorsque les voisins viennent nous rendre visite et que nous bavardons autour d'un thé. » - Falak
Plus de la moitié des réfugiés ont moins de 18 ans, mais une éducation de qualité est souvent hors de portée. Plus de 1,8 million d'enfants, soit 48% de tous les enfants réfugiés d'âge scolaire, ne sont pas scolarisés. Seuls 3% des réfugiés dans le monde ont accès à l'enseignement supérieur. Certains d'entre eux qui sont parvenus à l'université espèrent inspirer la prochaine génération grâce à l'enseignement.
Kobra Yusufy, 27 ans, rêvait d'étudier l'informatique après avoir vu son frère travailler d‘arrache-pied sur un ordinateur portable d’emprunt. Elle suit désormais des études d’informatique à l'université de Kaboul grâce à une bourse de l'Initiative académique allemande pour les réfugiés Albert Einstein (DAFI). La bourse DAFI, gérée conjointement par le ministère allemand des affaires étrangères et le HCR, couvre les frais de scolarité des réfugiés ainsi que les frais connexes de nourriture, de transport et de fournitures.
Kobra, une ancienne réfugiée qui est retournée avec sa famille dans son pays natal, l'Afghanistan, a été l'une des toutes premières boursières DAFI de son pays. Elle rêve d'apprendre un jour aux jeunes à utiliser l’ordinateur et d'aider les enfants réfugiés à obtenir une éducation de qualité.
Kobra Yusufy étudie l'informatique à l'université de Kaboul en Afghanistan. © HCR/Farzana Wahidy
« Ce sera pour moi un moyen de soutenir les communautés. Je sais ce que c'est que de souffrir d'une mauvaise instruction. Avec mes autres camarades de classe, je veux organiser gratuitement des cours de trois à quatre mois pour les élèves et j'aimerais surtout les assurer dans mon ancien lycée. » - Kobra
Fin 2019, 79,5 millions de personnes étaient toujours déracinées, dont plus de la moitié sont des femmes et des filles. Les personnes qui ont fui seules, y compris les femmes enceintes ou les mères célibataires, les personnes handicapées ou âgées sont particulièrement vulnérables. Les femmes réfugiées suivent leur propre voie et soutiennent d'autres femmes.
Safaa, une ancienne créatrice de bijoux qui a fui la Syrie après la destruction de sa maison, s'est inscrite à ce qu'elle croyait être un atelier de coulage d'or. Lorsqu'elle et ses amies sont arrivées au centre de formation, elles se sont rendues compte qu'elles s'étaient inscrites à une formation de plomberie. Son erreur : le mot arabe utilisé en Syrie pour « coulage de métal » (sabaka) faisait référence à la « plomberie » en Jordanie.
Elle et ses amies, ainsi que la formatrice, étaient les seules femmes du cours et elle a décidé de rester et de terminer la formation. Aujourd'hui, Safaa possède sa propre entreprise à l'échelle nationale, fournissant du travail à 36 plombiers indépendants, dont plus de la moitié sont des réfugiés syriens. Elle dirige également le seul centre de formation de plombiers féminins de la région, où elle enseigne à des centaines de femmes.
« Une femme est le charpentier, le forgeron et le plombier dans sa propre maison - c'est tout à fait normal. Mais si elle va faire ce travail dans la maison de quelqu'un d'autre, cela devient inhabituel. Une partie de ma persévérance dans ce travail consiste à remettre en question les stéréotypes et à briser les tabous, c'est pourquoi je suis très fière de moi et des femmes qui travaillent avec moi... J'essaie d'aider les femmes à s'émanciper. » - Safaa
Lorsque des personnes fuient un conflit ou des persécutions, elles luttent souvent pour avoir accès facilement et en toute sécurité à des installations d'eau, d'assainissement et d'hygiène adéquates, qu'elles vivent dans des camps, des villes ou des villages ruraux. Dans les camps de réfugiés, le HCR vise à fournir un minimum de 20 litres d'eau par jour pour chaque personne. Pourtant, nous n'atteignons ce seuil critique que dans 43% des camps. Les réfugiés contribuent à combler cette pénurie.
Ferida, une réfugiée sud-soudanaise, a créé sa propre station de lavage des mains à bascule devant sa maison dans le camp de Bele en République démocratique du Congo (RDC). Ces robinets, fabriqués à partir de bâtons et de matériaux recyclés tels que de vieilles boîtes de conserve en plastique, contribuent à promouvoir une bonne hygiène et à lutter contre la propagation du Covid-19. Une pédale permet de libérer l'eau afin que les gens n'aient pas à toucher une partie du robinet avec leurs mains. Des centaines de réfugiés ont appris à fabriquer ces appareils.
« De cette façon, mes enfants peuvent se laver les mains à tout moment. Et cela montre à mes voisins qu'ils doivent eux aussi se laver les mains. » - Ferida
Au moins quatre personnes déracinées sur cinq dépendent du bois combustible pour la cuisine et le chauffage, ce qui peut entraîner la déforestation et accroître les risques pour les femmes et les filles qui doivent souvent faire de longs voyages pour le ramasser. Plus de 90% des réfugiés vivant dans les camps ont un accès limité ou inexistant à l'électricité, ce qui leur rend la tâche difficile pour cuisiner, se chauffer, étudier ou travailler. Les réfugiés trouvent des moyens de fournir une énergie propre et abordable pour eux-mêmes et leurs voisins.
Une coopérative de 70 réfugiées somaliennes et de femmes éthiopiennes du sud-est de l'Éthiopie fabrique et vend des briquettes fabriquées à base de prosopis juliflora - un arbre notoirement envahissant et hérissé de piquants qui anéantit la végétation environnante - comme source d'énergie plus propre et moins chère que le bois. Elles font partie d'un programme plus vaste de coopératives - dont certaines récoltent et vendent la plante - soutenu par la Fondation IKEA et le HCR.
Aden Abdullahi Ahmed, membre de la coopérative de Dollo Ado, déclare qu'il espère que son travail bénéficiera aux futures générations de communautés d'accueil et de réfugiés. Des groupes comme celui-ci créent des emplois, réduisent la concurrence pour des ressources rares et rendent la vie plus sûre pour les femmes et les filles - qui sont généralement celles qui sont obligées de se déplacer loin de chez elles pour aller chercher du bois de chauffage.
« La réduction de la prosopis est utile pour l'énergie. En même temps, vous l'éradiquez et vous défrichez la brousse, afin que les agriculteurs puissent profiter des terres vides. » - Aden
70% des réfugiés vivent dans des pays qui limitent leur droit au travail. Il est essentiel de donner aux réfugiés les moyens de gagner leur vie de manière décente et de participer à l'économie locale s'ils veulent reconstruire leur vie. Lorsqu'ils obtiennent le droit de travailler, de nombreux réfugiés créent leur propre entreprise, ce qui leur permet de subvenir aux besoins de leur famille et de stimuler l'économie locale.
Salma Al Armarchi, 53 ans, est arrivée en Allemagne en tant que réfugiée syrienne. Chez elle à Damas, elle cuisinait pour s'amuser ou avec des amis, et a souvent donné de la nourriture aux personnes dans le besoin. Lorsqu'elle est arrivée à Berlin avec son fils, Salma a eu du mal à apprendre l'allemand et à trouver un travail stable. Après qu'un ami lui ait demandé de cuisiner certains de ses plats syriens préférés pour un pique-nique scolaire, elle a reçu un grand nombre de demandes. Salma a rapidement fondé Jasmin Catering, du nom des fleurs blanches qui fleurissent au printemps à Damas. Aujourd'hui, son entreprise de restauration sert de la nourriture syrienne à des clients high-tech comme Facebook et Cisco.
« Nous sommes heureux d'apporter aux gens de nouvelles saveurs. Aujourd'hui, de plus en plus de gens font tomber les barrières, goûtent notre nourriture et l'apprécient. » - Salma
Le manque de connectivité à l'internet pour de nombreux réfugiés dans les camps et en milieu urbain, ainsi que les dispositifs coûteux et les possibilités de formation limitées, empêchent de nombreuses personnes déracinées de tirer parti des nouvelles technologies. Mais lorsqu'on leur en a donné l'occasion, de nombreux réfugiés ont utilisé des technologies de pointe pour résoudre leurs problèmes.
Marwan, un réfugié syrien qui étudie la robotique au laboratoire d'innovation du camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie, a conçu et construit avec ses pairs un robot qui distribue automatiquement un désinfectant pour les mains afin que les gens n'aient pas à toucher une bouteille. Il espère que cette invention pourra contribuer à protéger les communautés locales et les réfugiés dans le camp et au-delà. Le robot est fabriqué à partir de briques LEGO. L'équipe de Marwan a décidé de rendre son dessin librement disponible et l'a partagé à l'extérieur du camp afin que d'autres robots puissent être fabriqués.
Les réfugiés du camp de Zaatari en Jordanie ont conçu un robot fait de briques LEGO qui distribue de l'assainissant.
« Nous avons fabriqué ce robot pour apporter notre contribution en tant que réfugiés. Nous voulons participer à la lutte contre le coronavirus. » - Marwan
La pandémie de Covid-19 a exacerbé les inégalités en matière de soins de santé, de logement et d'emploi. Même avant la pandémie, de nombreux réfugiés lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexuels (LGBTI) étaient confrontés à des menaces permanentes après avoir fui les persécutions et les violences dans leur pays. Nombre d'entre eux font tomber les barrières et militent pour l'égalité dans leur nouveau pays.
Après l'assassinat de son frère en 2016, Valentinna Rangel, une femme transsexuelle, a fui l'instabilité et la persécution au Venezuela et a trouvé refuge au Chili. Dans son nouveau pays, elle a reçu les traitements hormonaux qui lui ont permis d'achever sa transition de genre, a obtenu un visa professionnel, a décroché un emploi dans une prestigieuse société de publicité et s'est engagée dans un programme de maîtrise. Valentinna défend les réfugiés LGBTI et est membre d'un réseau national de réfugiés et de migrants LGTBI, coordonné par le HCR, qui sensibilise et soutient les organisations de défense des droits en fournissant une assistance et des conseils à la communauté LGBTI.
« J'avais peur de quitter ma maison ou de chercher un emploi. J'avais peur d'être discriminée parce que je suis transsexuelle. Pour la première fois, je me sens valorisée pour ce que je suis. Je sens que mes collègues écoutent mes idées et qu'ils font attention à mon intelligence, et non à mon identité sexuelle. » - Valentinna
Une majorité des 26 millions de réfugiés dans le monde vivent en milieu urbain. Les réfugiés contribuent à la construction de villes inclusives et plus durables.
Originaire d'Idlib, en Syrie, Ehab et sa famille ont trouvé refuge à Amman, en Jordanie. Sa famille a économisé pour qu'il puisse aller à l'université, où il a étudié l'informatique. Après avoir obtenu son diplôme, Ehab s'est porté volontaire dans un laboratoire d'innovation à Amman et a enseigné la programmation à d'autres réfugiés syriens et aux habitants de la région.
Constatant que de nombreux étudiants avaient du mal à apprendre la programmation, Ehab a mis au point un kit pour les aider à apprendre à la maison, qui comprend une instruction vidéo étape par étape. Avec l'une de ses élèves les plus passionnées, une Jordanienne nommée Amani, il a ensuite fondé Drag IOT (Internet of things), qui vend des kits de programmation de haute technologie. Il dirige également des ateliers sur l'innovation numérique pour les réfugiés à l'université de Yarmouk à Irbid, en Jordanie.
« Quand j'étais enfant, je démontais mes jeux électroniques juste pour explorer ce qu'ils contenaient. » - Ehab
« En tant que Syrien et Jordanien, notre partenariat représente une réussite dont les autres peuvent s'inspirer. Je suis fier qu'une personne comme Ehab réalise tout cela et m'aide, ainsi que d'autres Jordaniens, sans se considérer comme un réfugié vulnérable. Si tout le monde pensait de cette façon, imaginez comme ce serait formidable. » - Amani
Les personnes les plus vulnérables du monde, dont beaucoup ont été forcées de fuir leur maison, souffrent souvent des pires effets du changement climatique et de la destruction de l'environnement. Les réfugiés se joignent à la lutte pour promouvoir une consommation et une production responsables dans les camps, les villes et les agglomérations, parfois en restaurant les forêts un arbre à la fois.
Geal Deng Nyakong, une réfugiée sud-soudanaise, travaille dans une pépinière au Soudan, où elle plante et s'occupe des semis aux côtés de ses voisins soudanais. Elle a pour objectif de planter un million d'arbres dans le cadre d'une vaste campagne de reboisement dans l'État soudanais du Nil blanc. En plus de faire revivre les forêts, le projet permettra de rapprocher la production de bois de chauffage de la population. Geal a vu de ses propres yeux comment la déforestation a eu des conséquences sur l'environnement qu'elle considère comme son chez-soi depuis qu'elle a fui les violences au Soudan du Sud en 2014, et elle est enthousiaste quant aux perspectives de la pépinière.
« J'ai rejoint le projet pour gagner un peu d'argent pour la nourriture et quelques vêtements, et pour acquérir de nouvelles compétences en matière de plantation d'arbres. » - Geal
Des catastrophes météorologiques plus fréquentes, plus intenses et plus soudaines obligent en moyenne 21,8 millions de personnes par an à fuir leur foyer, selon le Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC). L'augmentation des températures entraîne une limitation des ressources naturelles, telles que l'eau potable, les cultures et le bétail, ce qui exacerbe les conflits, crée une insécurité alimentaire et détruit les moyens de subsistance. Les réfugiés sont en première ligne de la lutte pour l'action climatique, et les jeunes réfugiés en particulier exigent qu'ils soient inclus dans la prise de décision afin d'atténuer les effets néfastes du changement climatique.
Foni Vuni et Barth Mwanza se sont rendus à l'ONU en 2019 pour défendre l'action en faveur du climat. Tous deux sont membres du Conseil consultatif mondial de la jeunesse du HCR, qui est composé de jeunes réfugiés, de personnes déplacées et d'apatrides. Ils ont rencontré les dirigeants des Nations Unies, ont participé à la Marche pour le climat de New York (où Greta Thunberg s'était exprimée) et ont plaidé pour l'inclusion des jeunes réfugiés dans la planification du développement durable.
Barth vit dans le camp de réfugiés de Tongogara au Zimbabwe, où les résidents se remettent des effets dévastateurs du cyclone Idai, qui a frappé en mars 2019. Les jeunes réfugiés de sa communauté se sont mobilisés pour aider à la réhabilitation et à la reconstruction. Aujourd'hui, il continue d'organiser des opérations de nettoyage et de mener des campagnes de sensibilisation avec d'autres réfugiés sur la nécessité d'agir pour le climat et la durabilité alimentaire.
Foni, dont la famille a fui le Soudan du Sud et qui vit maintenant au Kenya, a pris la parole lors de nombreuses réunions des Nations Unies, notamment au Sommet de la jeunesse sur le climat. Elle a rencontré des décideurs tels que la Haut Commissaire adjointe des Nations Unies pour les réfugiés et l'Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse.
« Il était important pour moi de souligner que les jeunes ont l'énergie, le dynamisme et les connaissances nécessaires pour s'engager dans l'action climatique. On nous dit que l'avenir appartient aux jeunes, mais que le présent nous appartient aussi. » – Barth
« Je pense qu'il est... important que les réfugiés participent à la conduite du changement dans la société. Les objectifs de développement durable n'ont pas été élaborés pour un groupe spécifique de personnes. Ils ont été élaborés pour tout le monde, y compris les réfugiés. » - Foni
La pollution menace les océans, les rivières et les autres masses d'eau dont les communautés dépendent pour leur eau potable et leur alimentation. Des bénévoles et des militants réfugiés travaillent à la protection des écosystèmes marins et côtiers.
Omar a créé un groupe de jeunes en Égypte pour aider les réfugiés soudanais comme lui à s'intégrer dans la communauté locale. L'été dernier, il a fait partie des 50 réfugiés qui ont travaillé aux côtés de 800 Égyptiens des communautés locales pour nettoyer les rives du Nil, qui fournit 90% des besoins en eau douce de l'Égypte.
L'équipe composée d'Égyptiens et de réfugiés a transporté du plastique des îles flottantes de déchets qui se sont accumulées sur les rives du Nil dans le centre-ville du Caire. En une journée, les volontaires ont retiré 11,5 tonnes de déchets.
« Les volontaires retourneront chez eux et diront à leurs parents que des réfugiés de différentes communautés les ont aidés à nettoyer le Nil, et cela changera leur perception pour un mieux. » - Omar
Il est nécessaire de gérer durablement les ressources naturelles et les écosystèmes dans ou à proximité des sites d'accueil de réfugiés dans les zones rurales et urbaines et de minimiser les impacts environnementaux. Certains réfugiés montrent la voie en protégeant les espèces menacées et en sensibilisant les autres à l'importance de la conservation.
Le camp de réfugiés de Kutupalong au Bangladesh accueille des centaines de milliers de réfugiés rohingyas. Il se trouve également qu'il fait partie d'une route migratoire entre le Myanmar et le Bangladesh pour les éléphants d'Asie, une espèce menacée. Les éléphants qui s'aventurent dans le camp ont piétiné les abris et parfois tué des réfugiés.
Reconnaissant la nécessité d'assurer la conservation des éléphants tout en protégeant les réfugiés, un « groupe de défense » a été mis en place et formé par le HCR et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Des réfugiés volontaires pour les équipes d'intervention sur les éléphants surveillent depuis les tours de guet et donnent l'alerte si des éléphants pénètrent sur le site. Les bénévoles enseignent également aux résidents comment réagir si des éléphants pénètrent dans le camp et sensibilisent les gens à la nécessité de protéger cette espèce menacée. Le mot pour éléphant dans la langue rohingya signifie “oncle". Il existe un sens profond de la responsabilité envers les éléphants.
« Quand nous voyons un éléphant pour la première fois dans le camp, nous faisons retentir la sirène pour avertir tout le monde. Ensuite, nous faisons une chaîne humaine en forme de U pour éloigner l'éléphant du camp. » - Bashir
Des millions de personnes dans le monde se voient refuser une nationalité en raison d'une discrimination fondée sur la race, l'origine ethnique, la religion, la langue ou le sexe ou en raison de lacunes dans les lois sur la nationalité. Souvent, elles ne sont pas autorisées à aller à l'école, à consulter un médecin, à trouver un emploi, à ouvrir un compte bancaire, à acheter une maison ou même à se marier. Les apatrides montrent la voie en exigeant des changements.
Née en 1988 au Liban de parents syriens, Maha Mamo n'a eu aucune identité nationale avant l'âge de 30 ans en raison des lois restrictives et injustes des pays avec lesquels elle avait des liens. Les difficultés qu'elle rencontrait pour aller à l'école, se rendre chez le médecin, passer les contrôles de sécurité ou même obtenir une carte de téléphone portable faisaient de sa vie un combat quotidien. En 2016, elle s'est enfuie au Brésil et en 2018, le Brésil lui a accordé la citoyenneté.
Aujourd'hui, Maha défend les intérêts des millions de personnes qui se voient toujours refuser une nationalité. Elle s'élève contre les lois injustes en matière de citoyenneté, en particulier celles qui établissent une discrimination fondée sur le sexe.
Maha (à gauche), qui a passé la plus grande partie de sa vie dans l'apatridie, s'est entretenue avec Melissa Fleming, aujourd'hui secrétaire générale adjointe des Nations unies pour les communications, juste après avoir reçu sa nationalité brésilienne.
« Tout ce que les gens considèrent comme acquis, j'ai dû me battre pour l'obtenir. »
« L'éducation, le travail, les soins de santé et les voyages. Ma vie était en danger, je pouvais aller en prison... Je n'avais jamais imaginé que ce jour viendrait... c'est le rêve de ma vie qui se réalise. » - Maha
L'Agenda 2030 souligne l'importance de l'interconnexion des 17 objectifs de développement durable et des partenariats pour les atteindre. Les partenariats inclusifs sont une pierre angulaire de la réalisation des SDG, et le HCR travaille avec les communautés déracinées et ses partenaires pour les atteindre.
Compilé par Deanna Bitetti, chargée de communication au HCR, et Sarah Schafer, éditeur web du HCR.
Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est une organisation mondiale qui se consacre à sauver des vies, à protéger les droits et à construire un avenir meilleur pour les réfugiés, les communautés déplacées internes et les apatrides.