Nous manquons à nos obligations envers les réfugiés syriens et les communautés qui les accueillent, selon le dernier Plan de réponse régional des Nations Unies.
Nous manquons à nos obligations envers les réfugiés syriens et les communautés qui les accueillent, selon le dernier Plan de réponse régional des Nations Unies.
AMMAN – Au moment où la crise syrienne entre dans sa 14e année, la région est confrontée à une situation préoccupante caractérisée par l'augmentation des besoins des réfugiés syriens et de leurs communautés d'accueil, alors que le financement destiné à les soutenir continue de diminuer. Cela se produit en outre dans un contexte régional très délicat et instable.
En effet, dans le document intitulé en anglais « 2024 Regional Strategic Overview » (Aperçu stratégique régional 2024) du Plan pour les réfugiés et la résilience (3RP), qui sert de référence en matière de soutien aux réfugiés syriens et à leurs communautés d'accueil, les besoins urgents de plus de 6,1 millions de réfugiés syriens et de quelque 6,8 millions de membres des communautés d'accueil demeurent de plus en plus souvent insatisfaits.
Les partenaires au sein du 3RP estiment qu'en 2024, 4,9 milliards de dollars seront nécessaires pour répondre aux besoins immédiats des populations vulnérables et des institutions affectées par la crise syrienne en Türkiye, au Liban, en Jordanie, en Égypte et en Iraq. La capacité des autorités nationales et locales de ces pays à répondre aux besoins croissants de la population est considérablement affaiblie par les défis croissants liés à l'inflation, à la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants, à la dévaluation de la monnaie et au chômage élevé, en particulier chez les femmes et les jeunes. Cette situation se trouve accentuée par les répercussions de la guerre à Gaza et par les effets de plus en plus importants du changement climatique.
Les tendances en matière de financement sont inquiétantes, puisque le 3RP est passé d'un financement moyen de plus de 60 % entre 2015 et 2018 à un financement moyen de 40 % pour la période 2020-2022. L'année dernière, seuls 30 % des fonds nécessaires ont été mis à disposition. La diminution du niveau de financement international en faveur de l'aide humanitaire et du développement a pour conséquence qu'un nombre croissant de personnes sont laissées pour compte plutôt que d'être prises en charge.
« Treize ans après le début de la crise, et sans solution politique à l'horizon, les réfugiés syriens présentent toujours un réel besoin de protection internationale et d'accès à l'asile », a indiqué Ayman Gharaibeh, Directeur régional du HCR pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord. « Avec la diminution du financement, des millions de réfugiés ainsi que leurs hôtes s'enfoncent encore davantage dans la pauvreté et se retrouvent exposés à de multiples risques en matière de protection. La communauté internationale se doit de maintenir le cap en garantissant le niveau de soutien et les solutions nécessaires aux personnes les plus vulnérables. Il faut à tout prix éviter que le désespoir ne s'installe. »
En Jordanie, la baisse des fonds disponibles met en péril les services destinés aux plus vulnérables, notamment les foyers ayant une femme à leur tête et les personnes présentant des besoins spécifiques. Les conditions de vie de ces personnes risquent de se détériorer davantage. La Türkiye fait face à des difficultés accrues en raison des tremblements de terre de l'année dernière et des pressions financières qui pèsent sur le pays. Si les fonds venaient à manquer, 450 000 enfants et jeunes réfugiés pourraient être privés de toute instruction. Les carences en matière de soins de santé, notamment en ce qui concerne l'immunisation, menacent également les réfugiés. Par ailleurs, 346 000 ménages vulnérables pourraient être privés d'aide alimentaire.
Le 3RP demeure un mécanisme essentiel pour la coordination et l'acheminement de l'assistance humanitaire et de l'aide au développement. Les partenaires du 3RP appellent au renforcement des efforts gouvernementaux dans les cinq pays d'accueil et à un élargissement de l'offre de services publics afin de répondre aux besoins croissants des populations affectées dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la protection sociale, de l'assainissement et de la gestion des déchets, ainsi qu'en matière d'opportunités économiques.
« Notre objectif est non seulement de sauver des vies, mais aussi, puisque la crise perdure, d'aider les gens à garder leur autonomie et l'espoir d'un avenir meilleur », a affirmé le Dr Abdallah Al Dardari, Directeur du Bureau régional du PNUD pour les États arabes. « Notre travail doit contribuer à garantir que les institutions nationales et locales responsables de la fourniture des services de base soient résilientes - c'est-à-dire capables de faire face à des besoins croissants et de s'adapter à des contextes opérationnels en évolution rapide. Mais il doit aussi garantir que des tensions sociales croissantes ne fassent pas leur apparition au sein des communautés en raison de la concurrence pour l'accès aux ressources, et que les ménages puissent continuer d'être actifs et autosuffisants. »
Au cours des neuf premiers mois de 2023, et malgré le manque de financement, les efforts collectifs des partenaires du 3RP ont permis de fournir des services de protection à 5,4 millions de personnes, une aide alimentaire et en espèces à quelque 566 000 personnes, d'aider 13 000 personnes à trouver un emploi ou à démarrer une activité, et de former plus de 17 500 membres du personnel d'institutions publiques nationales.
Note aux journalistes
Le 3RP, piloté conjointement par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est à la tête des efforts déployés par la communauté internationale pour aider les gouvernements hôtes à gérer les conséquences et les répercussions de la crise syrienne sur les réfugiés de Syrie et sur leurs communautés d'accueil. Le 3RP constitue une plateforme stratégique de coordination, de planification, de collecte de fonds et de plaidoyer pour plus de 270 partenaires humanitaires et de développement, parmi lesquels des agences de l'ONU, des donateurs internationaux, des institutions financières internationales, des organisations de la société civile internationales et locales, et des acteurs du secteur privé.
Contacts
- À Amman : Rula Amin, conseillère principale en communication et porte-parole, Bureau régional du HCR pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, +962 (0) 790 045 849, [email protected]
- À Amman : Fatma Elzahraa Yassin, conseillère régionale en communication a.i., Bureau des relations extérieures et du plaidoyer, Bureau régional du PNUD pour les États arabes, +201 028 903 064, [email protected]