La Convention de Kampala fête ses 15 ans
La Convention de Kampala fête ses 15 ans
GENÈVE - Nous célébrons aujourd'hui le15e anniversaire de l'adoption de la Convention de l'Union africaine sur la protection et l'assistance aux personnes déplacées en Afrique (Convention de Kampala).
Ce traité historique reste le premier et le seul dispositif juridique contraignant applicable à l'échelle d'un continent entier et visant à protéger les droits et le bien-être des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Il témoigne du leadership des pays du continent africain et de leur engagement à relever les défis auxquels sont confrontés les millions de personnes déplacées par les conflits, la violence, les violations des droits humains, ainsi que les catastrophes naturelles et l'impact du changement climatique.
Les personnes déplacées internes sur tout le continent continuent d'être confrontées à d'immenses défis, et les solutions durables à leur déplacement restent hors d'atteinte. À la fin de 2023, près de la moitié des 75,9 millions de personnes déplacées dans le monde se trouvaient en Afrique. De janvier à juin 2024, le conflit au Soudan a entraîné le déplacement de 1,5 million de personnes, pour un total de 10,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays. De même, les violences en cours en République démocratique du Congo ont provoqué 852 000 nouveaux déplacements au cours du premier semestre de l'année, faisant passer le nombre de personnes déplacées internes à plus de 7 millions dans le pays. Au Mozambique, les attaques de groupes armés non étatiques ont provoqué le déplacement de 201 000 personnes, portant le nombre total à près de 600 000. En septembre 2024, le Nigéria a connu des inondations catastrophiques qui ont provoqué le déplacement de plus de 600 000 personnes en quelques jours, venant s'ajouter aux 3,3 millions de personnes déjà déplacées.
Ces chiffres soulignent combien il est important de poursuivre les efforts, ainsi que le rôle central de la convention de Kampala qui énonce les obligations des États et des acteurs non étatiques, y compris les groupes armés et d'autres acteurs. Elle fournit en outre aux États membres des lignes directrices sur la coordination de leurs réponses aux niveaux national et local, tout en mettant l'accent sur l'inclusion des personnes déplacées et des communautés d'accueil dans la recherche de solutions durables.
Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et la Rapporteuse spéciale saluent la vision de l'Union africaine et l'engagement des 34 États membres qui ont ratifié la Convention au cours des 15 dernières années.
Nous saluons les mesures concrètes prises pour mettre en œuvre les dispositions de la Convention, notamment en les incorporant dans les législations nationales, et nous restons déterminés à soutenir ces efforts. À ce jour, 21 pays africains ont adopté 43 lois et politiques relatives aux déplacements internes (lien en anglais). Des exemples positifs proviennent notamment du Niger, du Tchad et de la République du Congo, où le traité a été transposé dans la législation nationale. Ils doivent servir d'exemples à d'autres pays.
À l'occasion de cet anniversaire, le HCR et la Rapporteuse spéciale réaffirment leur engagement à soutenir les États membres de l'Union africaine dans la promotion de la protection, de l'assistance et des solutions pour les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Nous appelons les États membres de l'Union africaine qui n'ont pas encore ratifié ou incorporé la Convention de Kampala dans leur législation nationale à agir sans délai et à veiller à ce que ses dispositions soient pleinement mises en œuvre afin de fournir une réelle protection aux personnes touchées par le phénomène du déplacement.
Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :
- HCR: Eujin Byun, [email protected], +41 79 747 8719
- Pour la Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays: Nadine Walicki, [email protected], +41 77 472 4927