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Le HCR s'alarme du nombre croissant de décès en Méditerranée centrale

Communiqués de presse

Le HCR s'alarme du nombre croissant de décès en Méditerranée centrale

6 May 2021 Egalement disponible ici :
Un employé du HCR s’entretient avec des réfugiés et des migrants qui viennent de débarquer au port d’Augusta, en Sicile, le 1er mai 2021. © HCR/Alessio Mamo

«Je m’adresse à vous depuis le port de Trapani en Sicile. Alors que je vous parle, plus de 450 personnes sont en train de débarquer après avoir été secourues en mer par le navire de l’ONG Sea Watch. Parmi elles se trouvent environ 180 enfants.

Dès les premières heures, samedi matin 1er mai, environ 1500 personnes ont débarqué en Italie après avoir été secourues par des garde-côtes et des employés des services des douanes italiens ou par des ONG internationales en Méditerranée centrale. La plupart des arrivants étaient partis depuis la Libye à bord d’embarcations impropres à la navigation, et ont lancé des appels de détresse répétés.

Le HCR est présent lors des débarquements. Nous avons remarqué la présence d’un grand nombre d’enfants, dont beaucoup sont non accompagnés. La majorité des arrivants sont originaires du Mali et du Sahel en Afrique de l’Ouest, de l’Erythrée et de l’Afrique du Nord. Les motifs de ces voyages sont complexes. Beaucoup fuient la guerre et les conflits, comme au Sahel où les attaques aveugles entraînent constamment des morts et des déplacements forcés. Beaucoup fuient la persécution, sont victimes de la traite des êtres humains et vendus comme des marchandises.

Les déplacements vers l’Europe ne représentent toutefois que la « partie émergée de l’iceberg ». En majorité, les personnes confrontées aux violences et à la persécution restent près de chez elles, avec plus de 5,4 millions de réfugiés et de déplacés internes qui se trouvent dans les pays du Sahel. Selon les statistiques mondiales du HCR, 80% des personnes qui sont forcées de fuir leurs foyers restent dans leur région d’origine.

Le nombre total d’arrivants en Europe est en baisse depuis 2015. Après ces tout derniers débarquements, le nombre d’arrivants par voie maritime en Italie pour l’année 2021 s’élève à plus de 10 400 - soit une augmentation de plus de 170% par rapport à la même période en 2020. Par ailleurs, le HCR est vivement préoccupé par le nombre de décès : en 2021, au moins 500 personnes ont déjà perdu la vie durant leur tentative de traversée en Méditerranée centrale, contre 150 durant la même période en 2020, soit une hausse de plus de 200 pour cent. Ces pertes tragiques en vies humaines soulignent une fois encore la nécessité de rétablir un système d’opérations de recherche et sauvetage en Méditerranée centrale qui est coordonné par les États.

Le HCR remercie l’Italie pour avoir maintenu ses ports ouverts durant la pandémie. La solidarité d’autres Etats membres de l’UE est cependant nécessaire de toute urgence, car la détérioration de la situation en Libye continuera à forcer des personnes à recourir à des mesures désespérées pour leur quête de sécurité. Le HCR travaille avec ses partenaires et le gouvernement italien aux points de débarquement pour aider à l’identification des vulnérabilités parmi les arrivants et pour apporter son appui au système d’accueil des demandeurs d’asile. Il s’agit d’une priorité absolue car un très grand nombre de personnes qui tentent de rejoindre l’Europe ont subi d’effroyables violences et des sévices inqualifiables durant leur périple. Les témoignages que nous avons recueillis ces derniers jours, y compris de la part d’enfants, évoquent l’emprisonnement et des brutalités infligées sans aucun respect pour la vie humaine, tandis que les rescapés présentent souvent de graves problèmes de santé mentale à la suite des traumatismes subis.

Alors que ces personnes sont transférées dans des lieux en sécurité en Italie, nous exhortons la communauté internationale à intensifier ses efforts pour renforcer la protection des personnes qui empruntent cet itinéraire et à proposer des alternatives sûres à ces périples dangereux et désespérés. Les voies légales telles que les couloirs humanitaires, les évacuations, la réinstallation et le regroupement familial doivent être élargies. Pour les personnes qui n’ont pas besoin de protection internationale, des solutions doivent être trouvées dans le respect de leur dignité et de leurs droits humains.»