RCA : l’une des crises les plus sous-financées au monde
RCA : l’une des crises les plus sous-financées au monde
GENÈVE, Suisse – Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est vivement préoccupé par la poursuite des violences en République centrafricaine (RCA), qui provoque de nouveaux déplacements massifs.
Le nombre de réfugiés centrafricains dans les pays voisins s’élève désormais à 513 676. Il s’agit du plus haut niveau jamais atteint depuis le pic de la crise en décembre 2013. Quelque 600 000 personnes ont également été contraintes de fuir à l’intérieur des frontières de la RCA. Cela signifie que le déplacement atteint le plus haut niveau jamais observé, avec plus de 1,1 million de personnes déracinées. Parallèlement, à ce jour, seulement 9% des fonds ont été reçus, ce qui fait de la crise en RCA l’une des crises de réfugiés les plus sous-financées au monde.
Depuis mai 2017, de nouveaux affrontements violents entre des groupes armés en RCA ont provoqué la souffrance, des décès et la destruction de biens. Beaucoup de nouveaux déplacés disent avoir été témoins d’attaques meurtrières, de vols, de pillages et d’enlèvements. Même après avoir rejoint des lieux sûrs, ils risquent souvent d’être agressés par des groupes armés s’ils s’aventurent à l’extérieur. Ils sont dans l’incapacité de se rendre auprès des travailleurs humanitaires et ont peu accès à l’aide vitale. Alors que la crise dure depuis quatre ans, près d’un Centrafricain sur deux a encore besoin d’aide humanitaire ou de protection pour survivre. Si l’éruption de violence n’est pas maîtrisée, les progrès de ce pays vers le redressement pourraient s’inverser.
La République centrafricaine est le théâtre d’une transition progressive vers la paix et la stabilité depuis la fin 2016. A la fois, des réfugiés et des personnes déplacées avaient commencé à rentrer chez eux. Aujourd’hui, l’insécurité sévit dans des régions au centre, au nord-ouest, à l’est et au sud-est de la RCA, dont certaines n’avaient pas encore touchées par le conflit, comme Bangassou ou Zemio.
L’insécurité nous empêche également, ainsi que d’autres organisations humanitaires, d’évaluer l’ampleur des dégâts ou des déplacements causés par les récentes violences. Certaines de nos livraisons humanitaires prévues par avion ont également été retardées ou bloquées en raison de la présence des groupes armés. Par ailleurs, les organisations humanitaires, y compris le HCR, sont de plus en plus souvent prises pour cible par des groupes armés et, dans certains cas, ont été contraintes d’évacuer temporairement leur personnel.
Malgré les difficultés, nous continuons de venir en aide aux déplacés dans des régions comme Bria, le chef-lieu de la province de Haute-Kotto, où a été générée une grande partie des déplacements de populations dans l’est du pays.
Toutefois, les conséquences pourraient être désastreuses si les ressources nécessaires pour répondre aux besoins croissants ne sont pas disponibles. Le HCR a lancé un appel de 209 millions de dollars en 2017 pour venir en aide aux déplacés internes en RCA et répondre aux besoins des réfugiés centrafricains dans la région. Néanmoins, à ce jour, seulement 9% des fonds ont été reçus, ce qui fait de la situation en RCA l’une des principales crises d’urgence humanitaire sous-financées au monde.
En République démocratique du Congo, le nombre de réfugiés centrafricains s’élève à 167 004 à la fin août. Près de 40 % d’entre eux sont arrivés du fait des récents combats en RCA. Beaucoup ont fui vers des régions reculées, avec un accès limité à la nourriture, à l’eau potable ou aux services médicaux. Le HCR a pu fournir des articles de secours à près de 18 000 nouveaux arrivants, malgré les fortes pluies, les routes impraticables et la dispersion des réfugiés sur des centaines de kilomètres, ce qui rend l’accès humanitaire très difficile.
Par ailleurs, 236 732 réfugiés centrafricains sont accueillis au Cameroun. Parmi eux, plus de 7 000 personnes y sont arrivées depuis juillet pour échapper à la violence dans l’ouest de la RCA. Elles ont trouvé refuge au sein des communautés locales qui accueillent déjà des milliers de réfugiés centrafricains et partagent leurs maigres ressources en eau, nourriture, soins de santé et services élémentaires.
Au Tchad, le nombre de réfugiés centrafricains s’élevait à 74 450 à la fin août. La plupart des personnes arrivées pendant les mois d’été étaient des femmes et des enfants, après avoir fui la violence dans le nord-ouest de la RCA. Le HCR a distribué des articles de secours et du matériel d’abri aux nouveaux arrivants et les a transférés dans des villages où ils vivent côte à côte avec la population locale. Par ailleurs, le Congo accueille 31 499 réfugiés centrafricains.