Le HCR et l’OIM appellent les dirigeants européens à lutter contre le problème des décès en Méditerranée
Le HCR et l’OIM appellent les dirigeants européens à lutter contre le problème des décès en Méditerranée
En prévision de la réunion des chefs d'État et de gouvernement de l’Union européenne (UE) cette semaine, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et l'OIM, l'Organisation internationale pour les migrations, lancent un appel conjoint aux dirigeants européens en vue de l'adoption urgente de mesures destinées à réduire le nombre de noyades sans précédent survenues en Méditerranée cette année.
Les dirigeants des deux organisations sont alarmés par l'extrême toxicité que les déclarations politiques sur les réfugiés et les migrants ont atteinte dans certains pays, notamment en ce qui concerne les arrivées par bateau, alors même que le nombre d'arrivants en Europe est en recul. Ce type de réthorique suscite des craintes inutiles qui freinent la coopération entre les pays et font obstacle à l'identification de solutions.
«La teneur actuelle du débat politique, qui dépeint le tableau d'une Europe en état de siège, est à la fois dommageable, mais surtout déconnecté de la réalité», a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. «Le nombre d'arrivées régresse tandis que le taux des décès est en augmentation. Nous ne pouvons pas nous permettre d'oublier que nous parlons ici de vies humaines. Si la discussion est bienvenue, l'instrumentalisation de la question des réfugiés et des migrants à des fins politiques ne l'est aucunement».
«Les migrations irrégulières entreprises dans des conditions périlleuses ne servent aucun intérêt. Nous devons ensemble investir davantage dans les migrations régulières, la mobilité accrue et l'intégration afin de favoriser la croissance et le développement qui profitent aux deux versants de la Méditerranée», a précisé le Directeur général de l'OIM, Antonio Vitorino.
Le nombre des noyades lors des tentatives de traversée la Méditerranée a fortement augmenté en 2018, avec plus de 1700 décès depuis le début de l'année. Pour le seul mois de septembre, une personne a perdu la vie ou disparu pour huit personnes qui entreprennent la traversée vers l'Europe en Méditerranée centrale, principalement en raison d'une réduction des moyens de recherche et de sauvetage.
Outre la nécessité d'augmenter les capacités de recherche et de sauvetage, le HCR et l'OIM ont proposé un arrangement régional réaliste qui permettrait de prévoir et d'accélérer le débarquement des personnes et l’examen des demandes d’asile.
Le HCR et l'OIM exhortent les dirigeants européens à axer les discussions de cette semaine sur la recherche des solutions pratiques requises d'urgence et à s'assurer que les responsabilités sont dûment partagées entre les États européens. Parallèlement, nous accueillons avec satisfaction les efforts déployés à ce jour par certains États membres de l'UE en vue d'un partage des responsabilités de recherche et de sauvetage et de la recherche de solutions au-delà du débarquement des réfugiés et des migrants.
Dans l'intervalle, le HCR et l'OIM rappellent également aux dirigeants européens que l’accent doit être maintenu sur la mise en œuvre des priorités préalablement convenues dans la déclaration politique et le plan d'action de La Valette par lesquels les États ont exprimé leur profonde solidarité avec l'action menée pour lutter contre les causes profondes des déplacements et des migrations irrégulières, tout en soutenant les pays qui accueillent d'importantes populations de réfugiés et de migrants.
Les dirigeants européens doivent en outre manifester un soutien plus important et plus efficace en vue de l'élaboration de solutions structurelles à long terme permettant d'améliorer les conditions dans les pays d'origine et de transit afin que les populations puissent y vivre dignement.