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La communauté internationale doit agir pour mettre fin à la crise au Sahel central

Communiqués de presse

La communauté internationale doit agir pour mettre fin à la crise au Sahel central

22 octobre 2020 Egalement disponible ici :
Frauen und Kinder aus dem Norden Burkina Fasos sitzen in einem Viertel für Binnenvertriebene in der Stadt Kaya. ©UNHCR/Olympia de Maismont

GENÈVE/COPENHAGUE - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a appelé mardi à une action urgente et durable pour répondre aux besoins humanitaires croissants dans la région du Sahel, en Afrique de l’Ouest, évoquant les « violences indicibles » perpétrées contre les civils qui ont contraint près de deux millions de personnes à fuir leurs foyers.

« Nous devons faire comprendre l’urgence que représente cette crise à la communauté internationale, qui, je le crains, n’en a pas encore saisi l’ampleur », a déclaré Filippo Grandi dans son allocution donnée par téléconférence lors de la table ronde ministérielle sur le Sahel central à Copenhague. « Les déplacements forcés sont toujours un indicateur de la gravité d’une crise. Comme ceux-ci sont en augmentation, cela signifie que la crise n’est pas suffisamment prise en compte. » La table ronde, organisée par les gouvernements du Danemark et de l’Allemagne, l’Union européenne et les Nations Unies, s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large visant à attirer l’attention sur la situation critique des pays du Sahel central, qui comprend le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Plus de 20 donateurs se sont engagés à verser quelque 1,7 milliard de dollars.

Mardi soir, plus de 20 donateurs se sont engagés à consacrer quelque 1,7 milliard de dollars, dont 985 millions pour cette année, à la fourniture de nourriture et d’eau, de services de santé et d’éducation, d’abris, et d’autres services. Mais davantage de fonds et une plus grande coopération internationale sont nécessaires.

Appelant à une approche plus stratégique sur la question du Sahel central, Filippo Grandi a souligné la nécessité de mettre en place un « plan Marshall » et a exhorté l’UE à prendre la tête des efforts visant à soutenir les États de la région et à répondre à l’urgence par des « actions concertées, stratégiques et substantielles. » Sans ce soutien, a-t-il averti, les déplacements ne feront que « s’accélérer » et s’étendre.

Il a salué la générosité des pays hôtes de la région, qui accueillent près de 2 millions de réfugiés et de personnes déplacées internes, dont 650 000 ont été déracinés depuis le début de cette année.

 

Il a également souligné l’étape importante que représente le lancement au niveau ministériel du processus de Bamako, un instrument visant à renforcer la capacité des pays de la région à répondre aux mouvements de population de manière plus intégrée.

« Le renforcement de leurs capacités est fondamental », a affirmé Filippo Grandi, qui a également appelé à une mobilisation plus rapide des acteurs du développement et des institutions financières internationales.  « Nous ne pouvons pas attendre cinq ans pour que ces interventions portent leurs fruits, en particulier dans des domaines comme celui de l’éducation », a-t-il ajouté.

La pandémie de Covid-19 vient s’ajouter à la crise de déplacement engendrée par la conjonction des conflits armés, de la pauvreté et du changement climatique.

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a renforcé son aide à la région du Sahel central cette année. L’agence a fourni des abris d’urgence à 81 000 personnes déplacées, a utilisé des cliniques mobiles pour pouvoir prendre en charge les victimes de violences sexuelles et sexistes, et a fourni des services de santé essentiels à plus de 300 000 personnes en réponse à la pandémie de coronavirus.

25 hommes tués devant les yeux de leurs proches.

L’escalade de la violence a rendu l’accès aux personnes dans le besoin presque impossible pour les travailleurs humanitaires. Le 4 octobre, dans le nord du Burkina Faso, des assaillants armés ont tendu une embuscade à un convoi de personnes déracinées qui tentaient de rentrer chez elles, tuant 25 hommes devant les yeux de leurs familles. Ces dernières années, quelque 4000 écoles ont été détruites ou fermées, au détriment de dizaines de milliers d’écoliers. En septembre, un groupe d’hommes a tué par balles sept travailleurs humanitaires des ONG ACTED et IMPACT, deux organisations avec lesquelles le HCR travaille étroitement, ainsi que le guide nigérien du groupe.

Tout en exprimant son inquiétude face aux menaces qui pèsent sur les humanitaires travaillant dans la région, Filippo Grandi a également lancé un appel pressant en faveur d’une plus grande coordination dans la cadre des opérations sécuritaires et a insisté sur la protection des populations civiles au Sahel, soulignant que les opérations menées de manière irresponsable ont déjà provoqué « davantage de souffrances et de nouveaux déplacements. »

Reconnaissant qu’il est important de prendre en compte les aspects sécuritaires, il a ajouté : « Les opérations de sécurité... seront un échec si elles ne sont pas associées à l’action humanitaire et au développement. »