Lorsqu’au cœur du chaos provoqué par les conflits, la violence, les persécutions et les violations des droits humains les gens sont forcés de fuir leur pays, trop de familles se retrouvent séparées. Il peut ensuite s’écouler des mois, voire des années, avant que les membres de ces familles ne puissent localiser ou se trouvent leurs proches et obtenir de leurs nouvelles, avec des conséquences importantes pour leur bien-être.
La réunification familiale dans le pays d’asile est essentielle pour que les réfugiés puissent reconstruire leur vie. C’est pourquoi le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s’efforce de plaider en faveur de procédures rapides, souples et efficaces permettant aux réfugiés de faire venir leur famille de manière régulière. Si la procédure de réunification familiale est simplifiée, les familles pourront alors emprunter des voies sures et légales pour rejoindre leurs proches et n’auront plus à entreprendre des voyages dangereux au péril de leur vie.
Le droit à la vie familiale est un droit humain fondamental.
Faites la connaissance de Yonas, sa femme Tsega et leur fils Essey, originaires d’Érythrée. Ils ont été réunis en Belgique après quatre longues et difficiles années de séparation.
C’est le cas de Yonas et de sa famille qui, au cours de leur périple en quête de sécurité, ont été séparés pendant plus de quatre ans.
“Pendant quatre ans, je n’ai cessé de penser à eux. J’ai passé de nombreuses nuits blanches pendant ces quatre années.” – Yonas
Le calvaire de Yonas et de sa femme Tsega a commencé en 2016, lorsqu’ils ont fui, avec leur jeune fils Essey, les persécutions et les violences en Érythrée pour demander l’asile en Europe. Alors qu’ils traversaient la Libye, ils ont été violemment séparés par des trafiquants d’êtres humains. Heureusement, le HCR a réussi à évacuer Yonas vers le Niger en 2017 grâce au mécanisme de transit d’urgence (MTE), un programme cofinancé par l’Union européenne qui permet au HCR d’évacuer les réfugiés et demandeurs d’asile vulnérables de Libye vers ce pays. Un an plus tard, en 2018, il a été réinstallé en Belgique où il a obtenu le statut de réfugié.
Il a fallu près de deux ans à Yonas pour localiser sa femme et son fils. Avec l’aide de la Croix-Rouge, ils ont finalement été retrouvés dans un centre de détention à Tripoli, en Libye. Il s’est avéré qu’ils avaient été enlevés et vendus plusieurs fois. En décembre 2020, Tsega et son fils ont été évacués via le MTE au Rwanda où ils ont bénéficié d’un soutien pour accomplir les formalités de leur procédure de réunification familiale. En mars 2021, après quatre longues années de séparation, la famille a finalement été réunie en Belgique.
« J’ai été très émue par l’histoire de Yonas et par sonhonnêteté . Toutes les horreurs que Yonas a vécues et la situation dans laquelle se trouvaient sa femme et son enfant à ce moment-là m’ont profondément touchée », déclare Ilse Uyttenhove du CAW (Centrum Algemeen Welzijnswerk) du Brabant oriental, un centre de bien-être social qui fournit une aide accessible et de qualité aux personnes vulnérables.
En tant que membre de l’équipe d’accueil des réfugiés du CAW du Brabant oriental, Ilse était la principale personne de contact de Yonas dans le cadre de la procédure de réunification familiale à son arrivée en Belgique, et lui a fourni des informations et des conseils pour l’aider au cours de cette procédure.
« Honnêtement, je ne pensais pas que cette réunification familiale aboutirait lorsque nous avons reçu la demande « , admet Ilse. « Il n’y a pas d’ambassade belge en Libye, et nous avons dû mettre la femme et le fils de Yonas en sécurité au Rwanda. »
Généralement, la réunification familiale peut être un processus complexe, long, coûteux et semé de difficultés. Il arrive notamment qu’il ne soit pas possible d’accéder aux ambassades, notamment dans les pays déchirés par la guerre, et que des documents aient été détruits, manquent ou ne puissent être rassemblés dans les délais stricts requis.
« Il est difficile de gérer les attentes des familles car les procédures de réunification familiale s’étendent parfois sur plusieurs années. Ainsi, les familles s’impatientent et commencent à envisager des alternatives telles que le voyage par la mer », explique Danielle Beasley, chargée de la protection de l’enfance au bureau de l’envoyé spécial du HCR pour la situation en Méditerranée centrale.*
Heureusement pour Yonas et sa famille, Ilse et lui ont pu compter sur le soutien de Myria, le Centre fédéral belge des Migrations, le partenaire opérationnel du HCR pour la réunification familiale en Belgique, qui œuvre pour que les informations et les documents nécessaires soient obtenus dans les délais impartis.
« Ne pas appliquer de délais stricts et instaurer des moyens plus flexibles de soumettre les demandes sont deux points d’attention essentiels pour les décideurs politiques et les institutions afin de garantir un accès effectif à la réunification familiale pour les réfugiés », souligne Koen Dewulf, le directeur de Myria. « Dans un contexte de délais stricts, ce sont les seules possibilités permettant d’éviter les déplacements dangereux et coûteux vers les centres de demande de visa. »
Pour surmonter les nombreux obstacles Myria a travaillé avec de nombreux acteurs locaux et internationaux. Il s’agit notamment de l’Office belge des Étrangers et du Ministère des Affaires étrangères, du CAW et du HCR à Tripoli, Kigali et Bruxelles.
L’un des derniers défis que Yonas et sa famille ont dû relever avant d’être réunis, était de trouver un moyen de collecter de l’argent pour financer les billets vers la Belgique. L’opération du HCR à Kigali a contacté Miles4Migrants (M4M), une organisation basée aux États-Unis qui aide les familles déplacées de force ayant besoin de soutien à obtenir des billets d’avion aller simple. En utilisant des « miles de fidélité » donnés, M4M a aidé la femme et le fils de Yonas à organiser leur vol vers la Belgique.
Yonas, Tsega et Essey ont enfin été réunis.
“J’étais si heureuse et enthousiaste quand j’ai vu Yonas à l’aéroport. Je pensais que nous ne nous reverrions jamais. Parfois, j’ai l’impression que c’est un rêve.” – Tsega
La famille vit désormais ensemble à Courtrai. Essey est très enthousiaste à l’idée d’aller à l’école en Belgique et de commencer à apprendre le néerlandais.
Même si certains défis restent à relever et qu’un soutien et des conseils supplémentaires seront nécessaires, la famille est enfin réunie et peut envisager un avenir plus radieux. Parce que les familles sont faites pour être ensemble.
* Le bureau supervise le projet de réunification familiale du HCR en Méditerranée centrale, qui déploie des experts en réunification familiale de RefugePoint pour aider les familles, comme la femme et le fils de Yonas, dans leurs procédures en Libye et dans d’autres endroits le long de la route de la Méditerranée centrale.
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