Tchad : des employés humanitaires sont évacués depuis Guéréda ; arrivée de réfugiés centrafricains dans le sud

Plus de 40 employés de l'UNHCR et d'ONG partenaires ont été transférés depuis Guéréda, une ville située dans l'est du Tchad, après une série d'attaques armées dans la zone alors que la situation sécuritaire dans le pays fait l'objet de préoccupations croissantes.

Les travailleurs humanitaires sont temporairement transférés par avion et par la route vers la ville d'Abéché, le principal centre des opérations humanitaires dans l'est du Tchad, où l'UNHCR gère 12 camps de réfugiés tentaculaires accueillant quelque 240 000 réfugiés originaire du Darfour, une région du Soudan voisin.

Au cours des trois derniers jours, cinq véhicules appartenant à l'UNHCR, ses organisations partenaires du secteur non gouvernemental et à MSF Suisse ont été volés sous la menace des armes. Des hommes armés se sont introduits dans l'enceinte de l'UNHCR deux nuits de suite - mercredi et jeudi.

Davantage de travailleurs humanitaires sont transférés de Guéréda aujourd'hui, mais un effectif minimum restera sur place, afin de garantir une aide élémentaire dans deux camps situés à Guéréda - Mile et Kounougou - qui abritent à eux deux près de 30 000 réfugiés originaires du Darfour. Les collègues encore présents à Guéréda se sont rendus dans les deux camps de réfugiés jeudi pour distribuer de la nourriture et de l'eau et pour dispenser des soins de santé. Ils ont rapporté que les réfugiés sont très préoccupés et inquiets au sujet de la détérioration de la situation sécuritaire.

Les tensions entre les forces d'opposition et l'armée nationale tchadienne se sont accentuées depuis lundi, conduisant à une recrudescence des incidents de sécurité, en particulier à Guéréda, qui se situe à 165 kilomètres au nord-est d'Abéché. Parallèlement, la situation sécuritaire à N'Djaména, la capitale du Tchad, était aussi très tendue aujourd'hui. Des groupes d'opposition se dirigeraient par ailleurs vers la capitale, N'Djaména, où notre personnel a été consigné à domicile.

Pour compliquer encore la situation, quelque 2 000 réfugiés soudanais originaires d'UM Dukhum, dans le sud-ouest du Darfour, sont arrivés il y a quelques jours dans la ville tchadienne frontalière de Tissi, à environ 500 kilomètres au sud-est d'Abéché. La zone, proche des frontières du Tchad, de la République centrafricaine et de la région du Darfour au Soudan, n'est pas accessible pour le moment en raison d'activités militaires dans la région. Nous tentons d'en savoir plus sur ce groupe de nouveaux réfugiés, qui est accueilli par la population locale à Tissi. L'UNHCR va essayer, avec le concours des autorités locales, de les transférer au camp de réfugiés de Goz Amer à Koukou, au sud-est d'Abéché.

Parallèlement, environ 5 800 réfugiés centrafricains sont arrivés dans plusieurs villages frontaliers au sud du Tchad au cours des dernières semaines. La plupart d'entre eux ont franchi la frontière depuis lundi, après avoir fui des attaques menées par des bandits dans le nord de la République centrafricaine. D'autres étaient déjà arrivés dès le mois de décembre. La majorité d'entre eux ont fui vers le village frontalier de Maya et ses environs, une région située au sud de Goré, une ville importante. Une équipe de l'UNHCR déployée dans cette zone a déjà préenregistré 3 740 réfugiés. L'équipe estime qu'au moins 2 100 autres réfugiés sont présents dans la région.

Les réfugiés centrafricains sont arrivés sans rien et ils vivent maintenant dans des conditions déplorables, selon ce dont ont fait état des employés de l'UNHCR, qui travaillent avec les autorités locales pour les transférer vers des camps.

Avec les nouveaux arrivants, on compte maintenant quelque 50 000 réfugiés centrafricains qui sont présents dans le sud du Tchad. Ils sont accueillis dans les camps d'Amboko, de Gondje et de Dosseye.