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Les déplacés internes afghans reçoivent de l'aide pour reconstruire leurs vies au sein de leurs communautés

Un homme creuse une tranchée pour un arbre devant les ruines d'une maison bombardée.
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Les déplacés internes afghans reçoivent de l'aide pour reconstruire leurs vies au sein de leurs communautés

Après de nombreuses années de conflit, près de 1,4 million de déplacés internes afghans ont regagné leurs lieux d'origine depuis 2021. Ils bénéficient d'un soutien pour se construire un avenir meilleur.
17 Juillet 2023 Egalement disponible ici :

Muhammad Zubaid plante un arbre devant les ruines de sa maison détruite dans le village de Janat Bagh, dans la province de Kunduz, au nord-est de l'Afghanistan.

Autrefois connu pour ses magnifiques vergers et sa végétation, le village de Janat Bagh (« Jardin du Paradis » en français), dans la province de Kunduz au nord-est de l'Afghanistan, porte les stigmates de sept années de conflit intense. Les combats ont endommagé ou détruit la quasi-totalité des bâtiments.


« Les avions bombardaient cette zone », explique Mohammad Yunus Safizada, 36 ans, en pointant du doigt les collines environnantes. « Une guerre terrible s'est déroulée ici. » 

Lui et sa famille ont abandonné la seule maison qu'ils aient connue et ont fui vers la province de Takhar, puis vers Kunduz. Comme beaucoup de familles déplacées de force, ils ont dû faire face à des frais liés au logement élevés, ainsi qu’à des difficultés pour trouver un emploi.

C'est bon d'être de retour.

Depuis mai dernier, après le déminage du village par le Service d'action contre les mines des Nations Unies, les familles comme celle de Yunus ont progressivement commencé à rentrer chez eux.

« C'est bon d'être de retour et de vivre à nouveau ici, de vivre dans l'endroit où mon père et moi avons grandi », explique Yunus.

Un homme sourit en tendant un verre d'eau à une jeune fille.

Mohammad Yunus Safizada et sa famille ont emménagé dans leur maison nouvellement reconstruite il y a 10 jours.

Reconstruction des maisons détruites

Sa famille fait partie des 24 foyers dans le village qui ont, à ce jour, reçu un soutien financier du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, pour la reconstruction de leurs maisons. Dans l'ensemble du pays, 28 700 personnes ont bénéficié d'une aide similaire pour reconstruire leur habitation en 2022, tandis que près de 213 000 personnes ont reçu une aide pour des réparations mineures ou pour payer leur loyer.

À Janat Bagh, un puits profond alimenté à l'énergie solaire ainsi qu'un réservoir ont été installés dans le village. Il est également prévu de construire une nouvelle école cette année - une dalle de fondation a déjà été posée - ainsi que deux centres communautaires, l'un pour les hommes et l'autre pour les femmes. D'autres agences envisagent d'apporter un soutien aux activités agricoles.

Yunus a emménagé dans sa nouvelle maison, équipée de panneaux solaires, il y a seulement dix jours. Il est déjà occupé à aménager un nouveau jardin potager dans la cour avant, où il espère cultiver des oignons, des concombres, des tomates et du gombo.

Un homme arrose un jeune arbre devant une maison sous le regard de trois enfants.

Yunus arrose un jeune arbre nouvellement planté dans sa cour.

« La première fois que je suis revenu, j'étais très triste. Avant, c'était un village très vert, avec des arbres fruitiers, et quand je suis revenu, tout avait disparu. Aujourd'hui, beaucoup de choses sont en train de changer », raconte-t-il. « La paix est revenue. On ne ressent aucun danger si on laisse la porte ouverte la nuit, ou si on se promène dans le village, de jour comme de nuit. Nous sommes à l'aise maintenant. »

Sa voisine, Mah Gul, 40 ans, vit également dans une maison fraîchement reconstruite avec l'aide du HCR. Cette mère de cinq enfants a perdu son mari il y a cinq ans lorsqu'il a été abattu après avoir tenté un retour au village pour gagner de l'argent en tant que conducteur de tracteur.  

« Nous avions l'habitude de vivre dans des maisons appartenant à d'autres personnes. Lorsque nous sommes revenus au village, nous avons été à la fois très tristes et terrifiés, car le village et les maisons avaient été complètement détruits », explique-t-elle.

« Depuis que le HCR a commencé à intervenir ici, les gens sont revenus progressivement dans ce village et les maisons ont été reconstruites. Mes enfants vivront mieux ici », ajoute-t-elle. 

Une femme portant une burka est assise sur une natte avec une fille et un garçon.

Mah Gul et deux de ses cinq enfants dans leur maison nouvellement reconstruite à Janat Bagh.

Toutes ces familles ont dû faire face au déplacement forcé, déménageant plusieurs fois et se retrouvant de plus en plus endettées, incapables de payer leur loyer et ayant du mal à se nourrir. Nombre d'entre elles ont également indiqué qu'elles se sentaient socialement exclues. Environ un quart des villageois sont aujourd'hui revenus et souhaitent reconstruire leur village, même si certains d'entre eux, comme Muhammad Zubaid, 62 ans, n'ont pas encore pu reconstruire leur maison. 

Zubaid a volontairement cédé une partie de son terrain pour qu'un puits et un réservoir commun puissent y être construits, et que des panneaux solaires géants soient installés pour fournir de l'eau potable à tous les habitants du village. Ce qui reste de sa maison, quelques murs en ruine portant des traces de balles et d'obus, se trouve à côté de la maison récemment construite par son neveu. Zubaid vient tous les jours au village depuis un village voisin, où il vit actuellement, pour cultiver ses terres. « Si nous recevons une aide pour reconstruire, je reviendrai immédiatement à temps plein avec ma famille », affirme-t-il.

Un homme barbu portant un turban se tient dans une cour devant un grand panneau solaire.

La cour de la maison où Muhammad Zubaid a grandi abrite désormais deux panneaux solaires géants qui alimentent le système d'approvisionnement en eau du village.

Former des communautés résilientes

Le village est situé dans une zone prioritaire pour le retour et la réintégration. Il s'agit de l'une des 80 zones en Afghanistan où le HCR travaille avec d'autres agences pour mettre à disposition des services de base et un soutien aux moyens de subsistance pour les personnes déplacées et les réfugiés qui choisissent de rentrer chez eux. L'objectif est de créer des communautés résilientes moins vulnérables à d'éventuels déplacements dans le futur.

Dans tout le pays, cependant, les besoins humanitaires sont considérables. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies, près de 20 millions de personnes (soit la moitié de la population du pays) sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë, et six millions d'entre elles sont à deux doigts de la famine, principalement en raison de la crise économique qui frappe l'Afghanistan depuis le mois d'août 2021. Des décennies de conflit, le changement climatique et les restrictions sévères imposées aux femmes et aux jeunes filles en matière de travail et d'études sont autant d'éléments qui ont aggravé la situation.

Un décret adopté en décembre dernier, interdisant aux femmes afghanes de travailler pour la plupart des ONG, a été particulièrement préjudiciable aux activités d'aide humanitaire. En avril, les autorités en place ont étendu cette interdiction aux femmes travaillant pour les Nations Unies.

Le personnel féminin du HCR et de ses partenaires est essentiel pour garantir que l'aide parvienne à ceux qui en ont le plus besoin. L'agence continue de plaider en faveur de l'inclusion totale des femmes dans son personnel afin de s'assurer que l'aide puisse être apportée aux femmes et aux jeunes filles.

De nombreuses personnes de retour à Janat Bagh vivent encore dans des tentes. Certaines luttent pour trouver du travail et pouvoir ainsi subvenir aux besoins de leur famille. Cependant, un plus grand nombre d'entre elles bénéficieront d'une aide à l'hébergement cette année, et d'autres services sont également prévus.

« Il est très important d'avoir un foyer », affirme Juma Khan, qui a bénéficié d'une aide financière pour reconstruire sa maison. « Même si nous avons parfois faim, nous pouvons vivre l'esprit tranquille et nous sentir en paix. »