“Voix en Exil” - Le concours d’éloquence du HCR en France
“J’irai au bout de mes rêves”Afin de célébrer la Journée mondiale des réfugiés, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a organisé une seconde édition du concours d’éloquence autour du thème de l’égalité des chances et de l’inclusion. La première édition avait porté sur l’accès à l’enseignement supérieur des personnes réfugiées. Ce projet unique permet à la fois de faire résonner la voix des personnes réfugiées, de sensibiliser le grand public sur les situation auxquelles elles font face et de créer des rencontres et des moments d’émotion inoubliables.
Des candidates et candidats réfugiés poursuivant leurs études supérieures dans des villes françaises sont sélectionnés pour participer au concours d’éloquence ”Voix en exil”. Cet événement permet de mettre en lumière les voix, souvent peu entendues, des personnes réfugiées sur des thématiques qui les concernent.
Au travers de leurs plaidoiries, alliant rhétorique, poésie, références artistiques ou encore des témoignages de leur propre histoire, les candidates et candidats portent des messages forts, empreints d’humanité et de courage, auprès du public et du jury.
Chaque année, le concours se tient dans un lieu dédié à l’art, la culture et l’échange de savoirs. Pour la première édition, les candidates et candidats ont eu l’opportunité de faire entendre leurs voix au Musée national de l’histoire de l’immigration. Puis, c’est au Musée d’Orsay que leurs plaidoiries ont résonné.
Développé en 2021, le concours d’éloquence est un projet porté par le HCR en collaboration avec de nombreux partenaires engagés pour l’accueil des étudiants et étudiantes en exil, dont des associations créées et dirigées par des personnes réfugiées.
Ainsi, l’Union des Etudiants Exilés (UEE), UniR, le Réseau MEnS ou encore Sciences Po Refugee Help, ont contribué au projet, en particulier à la sélection des candidats et candidates.
Un projet et un engagement multi-acteurs
Afin de favoriser la rencontre entre les étudiantes et étudiants, chaque candidate et candidat réfugié est accompagné par un membre d’une association étudiante d’éloquence dans la ville où ils et elles font leurs études. Plus de 10 associations ont été mobilisées depuis le lancement du concours : Agône (Lyon), AixLoquence (Aix), Le Bec et la Plume (Lille), la Conférence Olivaint (Paris), L’oratorium : Joutes Oratoires (Lille), Lysias (Clermont-Ferrand et Rennes), Sciences Polémiques (Paris), Révole-toi Sorbonne (Paris), Révolte-toi (Lille), Verbat’EM (Lyon).
En parallèle, un accompagnement complémentaire à la préparation au concours a été introduit lors de l’édition 2023 afin que les candidats et candidates disposent d’un socle commun et créent des liens entre eux. L’association Eloquentia a ainsi animé des ateliers collectifs en amont et le jour du concours.
« Nous étions émus d’entendre des discours passionnants et engagés autour de la question de l’accès à l’éducation supérieure. »
UniR, Universités et Réfugié.es.
« Cela a été l’occasion de faire entendre la voix des exilés et de mettre en avant leurs talents d’orateurs et d’oratrices. »
UEE, Union des Etudiants Exilés
Le pouvoir de l’éducation
« L’éducation a le pouvoir de transformer des vies. » C’est le sujet sur lequel se sont penchés les candidates et les candidats de l’édition 2021 du concours d’éloquence. Pour elles et eux, l’accès à l’éducation des personnes réfugiées est un droit fondamental. Souvent oublié dans les situations d’urgence, il est néanmoins aussi important que l’accès aux soins ou à un abri.
Pourtant, avec l’augmentation continue du nombre de personnes déracinées depuis dix ans, des millions d’enfants et de jeunes se trouvent exclus des écoles et des universités. L’éducation a le pouvoir de libérer les personnes réfugiées. Elle favorise la résilience et peut constituer un levier d’autonomisation durable pour les enfants et les jeunes réfugiés. C’est un investissement dans le développement, les droits humains et la paix.
C’est dans ce cadre que les candidates et les candidats expriment à travers leurs mots des solutions visant à améliorer l’octroi de bourses d’études pour les personnes réfugiées et ainsi encourager les établissements d’enseignement supérieur à accueillir les étudiantes et étudiants exilés.
« Une nation sans éducation c’est une nation en ruines. C’est une maison qui prend feu. »
Nadine Haddad, candidate à la première édition du concours d’éloquence.
« Un enfant qui a vécu l’enfer du statut de réfugié, ne pourra guérir de ses blessures que s’il a l’accès à l’éducation. Ce sera son passeport pour l’avenir, l’outil indispensable qui lui permettra de bâtir son futur, et le futur de son pays. »
Margot Chakoub, candidate à la première édition du concours déloquence.
« Au nom de la fraternité de tout le peuple libre face aux tirants, accordez nous de bénéficier de bourses d’étude, plus que le droit d’occuper une place dans vos écoles, accordez nous la capacité de nous y asseoir. »
Abdourahmane Barry, candidat à la première édition du concours d’éloquence.
« Apprendre est un refuge. C’est une manière de s’accrocher à ce qui nous entoure, une manière de se reconstruire […] C’est une seconde naissance. »
Aloé Guichard, candidate à la première édition du concours d’éloquence.
Pour une égalité des chances universelle
Par ailleurs, l’accès à l’éducation n’est pas le seul facteur de l’intégration réussie et de l’autonomisation des personnes réfugiées. Car si “le talent peut être universel, les opportunités elles ne le sont pas”. C’est sur ce sujet, l’égalité des chance, que les candidates et candidats se sont penchés lors de la seconde édition du concours d’éloquence.
Après avoir été forcées de fuir la guerre ou la persécution, les personnes réfugiées ont besoin d’opportunités pour se reconstruire. Le fait de les inclure de manière égale dans les systèmes d’éducation, de santé, dans le monde du travail et dans nos sociétés entières peut ouvrir la porte à de nombreuses opportunités. En ayant un accès égal à ces opportunités, cela leur permet non seulement de se reconstruire leur vie dans la dignité et la paix mais aussi d’exprimer leurs talents et réaliser leur plein potentiel.
Les candidates et candidats ont non seulement plaidé en faveur de l’importance des opportunités accordées aux personnes réfugiées et pour une distribution équitable de celles-ci, mais certains ont aussi évoqué les solutions et stratégies qu’ils ont déployées au fil des années pour parvenir à libérer leurs talents. À travers leurs récits poignants, sublimés par leurs compétences oratoires, les candidates et les candidats ont illustré leur résilience.
« Le talent, cette chose mystérieuse qui nous élève et nous embellit, est en chacun de nous. Il est universel. Il se trouve dans chaque continent, jusqu’au plus petit village. »
Safiatou Diallo, candidate à la seconde édition du concours d’éloquence.
« S’il n’y a pas d’opportunité, le talent meurt progressivement, je suis un exemple vivant de l’importance des opportunités. »
Hamida Ahmadi, candidate à la seconde édition du concours d’éloquence.
« Plutôt que d’attendre une opportunité, il est préférable de provoquer le destin, en utilisant ses talents pour transformer les épreuves en réussite. »
Walla, candidate à la seconde édition du concours d’éloquence.
Un moment de rencontres et d’échanges
Mêlant à la fois travail d’équipe et performance individuelle, le projet s’est ancré dans des valeurs de bienveillance, d’entraide et de confiance entre les étudiantes et étudiants, ainsi qu’entre les différentes organisations du tissu associatif étudiant en France et le HCR. Grâce à l’accompagnement de chaque candidate et candidat par un étudiant français, le concours est un lieu de rencontre, menant à un véritable dialogue interculturel et un enrichissement mutuel.
Pendant ces mois d’entraînement, les binômes auront appris et gagné les uns des autres. Une nouvelle perspective sur le monde pour Louiza. Une confiance en soi retrouvée pour Sedra. Ce sont finalement de véritables amitiés que le concours a vu naître entre les participants eux-mêmes, ainsi qu’avec leur binôme.
« Le concours m’a permis de prendre confiance en moi en m’exprimant devant un public dans une langue qui n’est pas ma langue maternelle, et j’ai également appris à m’exprimer correctement et à montrer mes sentiments réels. »
Sedra Haj Yones, candidate à la seconde édition du concours d’éloquence.
« J’ai gagné grâce à lui. Il m’a montré comment un beau texte c’était aussi dans la manière de le déclamer. »
Alain Léandre, lauréat de la seconde édition du concours d’éloquence.