La malnutrition augmente dangereusement dans les camps de réfugiés, font savoir les agences des Nations Unies
La malnutrition augmente dangereusement dans les camps de réfugiés, font savoir les agences des Nations Unies
GENEVE, 7 octobre (UNHCR) - Les agences des Nations Unies en charge des réfugiés et de l'alimentation ont à nouveau lancé ensemble, ce jeudi, un appel aux pays donateurs afin de mettre un terme aux souffrances inacceptables et à la malnutrition sévère dues au manque de soutien financier et de réserves de nourriture dans les crises de réfugiés de longue durée en Afrique et en Asie.
La tendance inquiétante de l'augmentation de la malnutrition sévère dans les camps de réfugiés a été largement débattue lors d'une session spéciale du Comité exécutif, l'organe directeur de l'UNHCR à Genève : des spécialistes des deux agences onusiennes, de l'UNICEF et du Comité permanent des Nations Unies pour la nutrition ont rencontré les pays donateurs et d'autres agences.
Selon les experts de l'UNHCR et du Programme alimentaire mondial (PAM), 20 pour cent ou davantage des réfugiés souffrent de malnutrition sévère dans des camps de réfugiés du Kenya, d'Ethiopie et du Tchad. Les carences en vitamine B touchent toute la communauté des réfugiés au Népal et au Bangladesh. Plus de 60 pour cent des femmes et des enfants vivant dans des camps au Kenya et en Algérie, et qui sont particulièrement dépendants de l'aide alimentaire, souffrent d'anémie.
« Beaucoup de réfugiés en Afrique et en Asie vivent dans un environnement plutôt hostile pendant de longues périodes. Souvent enfermés dans des camps, ils dépendent complètement de l'aide alimentaire internationale et d'autres formes de secours », a déclaré Oluseyi Bajulaiye, directeur adjoint du Bureau pour l'Afrique de l'UNHCR. « L'aide internationale nécessaire pour satisfaire leurs besoins élémentaires n'est pas toujours présente. Cela mène à des situations de nutrition et de protection précaires dans plusieurs camps. »
La malnutrition apparaît lorsque la nourriture n'est pas disponible en quantité suffisante ou lorsque le type d'aliments ne convient pas. Elle peut également être due à des maladies contagieuses ou transmises par l'eau. Chacun a évidemment besoin d'une alimentation équilibrée pour être en bonne santé, mais les réfugiés et les personnes déplacées risquent davantage de souffrir de malnutrition. L'anémie représente un risque sérieux pour les femmes à l'accouchement. Elle restreint également la santé et la productivité des adultes actifs, ainsi que les résultats des enfants à l'école.
Selon Daly Belgasmi, le directeur du bureau du PAM à Genève, 852 millions de personnes - dont 70 pour cent de femmes et d'enfants - n'ont même pas l'assurance de recevoir au moins un repas par jour. Chaque année, près de 10 millions de personnes meurent de faim ou des conséquences de la malnutrition. L'Organisation mondiale de la santé estime que, dans les pays en voie de développement, environ 150 millions des enfants de moins de cinq ans (c'est à dire 26,7 pour cent) ont un poids insuffisant. De plus, 200 millions d'autres ont des problèmes de croissance liés à la malnutrition.
Comme l'a souligné Monsieur Belgasmi lors de la réunion : « Quinze millions de tonnes de vivres ont été fournies en 1999, pour 7,4 millions en 2004.... Comme vous pouvez le constater, la nourriture manque. »
Les problèmes sont particulièrement répandus dans certaines crises de longue durée lorsque les réfugiés n'ont qu'un accès limité à une alimentation diversifiée, et les méthodes utilisées par les réfugiés pour échapper à ces carences alimentaires peuvent conduire à d'autres problèmes graves.
« Quand la nourriture vient à manquer, les réfugiés emploient souvent des moyens désespérés pour se nourrir et nourrir leur famille », a déclaré, cette année, António Guterres, le Haut Commissaire de l'UNHCR. « Nous sommes très inquiets de la santé de la population réfugiée, des violences domestiques, du travail illégal, voire de la prostitution auxquels les réfugiés ont recours simplement pour avoir de quoi se nourrir. »
Les représentants de l'UNHCR et du PAM ont déclaré qu'ils collaborent étroitement pour essayer de réduire cette problématique grave, particulièrement en exposant aux pays donateurs la situation préoccupante des réfugiés et des déplacés internes.
En plus des programmes alimentaires existants, l'UNHCR et le PAM, soutenus par d'autres agences, ont mis sur pied des projets pour réduire les carences en micro-nutriments et la malnutrition : en Zambie, ils ont développé un projet local de farine enrichie en vitamines. Au Népal, ils distribuent des légumes et de la nourriture enrichie. Les agences ont encouragé l'utilisation du riz précuit au lieu du riz traditionnel au Bangladesh. Ils ont également élaboré des programmes alimentaires supplémentaires dans le camp de Tindouf ainsi que des évaluations de la situation alimentaire dans d'autres crises de réfugiés.
« Pour obtenir un bon niveau nutritionnel, nous devons fournir régulièrement un panier contenant des provisions adéquates : c'est un pré-requis. Si nous ne pouvons le faire, nous sommes condamnés à l'échec », a ajouté Monsieur Belgasmi. « Nous connaissons les problèmes. Nous connaissons une partie des solutions. Mais nous devons continuer à innover dans notre façon de cibler la malnutrition. Ainsi, malgré les limites financières, nous pourrons continuer à réduire la malnutrition parmi les groupes les plus vulnérables. »
Les stratégies pour lutter contre les carences alimentaires comportent l'enrichissement en vitamines de la nourriture, l'amélioration de l'alimentation des bébés et des jeunes enfants, ainsi que les soins et le soutien apportés à leurs mères.
Lundi, dans son discours d'ouverture, le Haut Commissaire António Guterres a déclaré que la réduction de la malnutrition serait un des objectifs prioritaires de l'UNHCR pour l'année 2006.