Le HCR se déclare préoccupé par la situation de demandeurs d'asile iraquiens
Le HCR se déclare préoccupé par la situation de demandeurs d'asile iraquiens
Le 22 avril 2003
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a aujourd'hui fait part de sa vive inquiétude suite à l'expulsion de dizaines de réfugiés iraquiens, dont des enfants, qui se trouvaient dans un camp de réfugiés en Syrie et qui ont été ramenés en Iraq.
Des membres du personnel de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés présents en Syrie ont indiqué que des forces de sécurité avaient pénétré lundi dans le camp d'El-Hol, dans le nord-est de la Syrie, et avaient enlevé 32 hommes et femmes réfugiés iraquiens. Ces personnes, parmi lesquelles se trouvaient 23 enfants, auraient ensuite été emmenées de l'autre côté de la frontière, en territoire iraquien. Un incident similaire était survenu le 13 avril dernier, lorsque 12 personnes avaient été enlevées du camp et ramenées en Iraq. Les membres de ces deux groupes sont des résidents de la ville iraquienne de Tikrit - bastion du régime de Saddam Hussein.
Selon le HCR, les autorités syriennes, interrogées sur les raisons de ces démarches, auraient invoqué des « motifs de sécurité ». L'agence pour les réfugiés a fait savoir qu'elle comprenait que le gouvernement était soucieux de préserver la sécurité du pays et de ne pas abriter des partisans du président iraquien, mais qu'il n'en était pas pour autant dégagé de sa responsabilité juridique d'offrir un sanctuaire aux demandeurs d'asile et aux réfugiés.
« Nous sommes conscients de la complexité de la situation, mais nous insistons sur le fait que les principes de base et les normes du droit international des réfugiés, y compris les critères d'exclusion, doivent être respectés par toutes les parties concernées », a souligné le Haut Commissaire Ruud Lubbers.
En effet, en vertu de sa « clause d'exclusion », la Convention de 1951 sur les réfugiés cesse d'être applicable aux personnes dont on aura des raisons sérieuses de penser qu'elles ont commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre l'humanité, qu'elles ont commis un crime grave de droit commun en dehors du pays d'accueil avant d'y être admises comme réfugiées, ou qu'elles se sont rendues coupables d'agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.
Le HCR a également fait part de sa vive inquiétude quant au sort d'environ 1 000 réfugiés et autres ressortissant iraquiens en situation de détresse, qui sont bloqués dans un no man's land entre l'Iraq et la Jordanie. Lundi, 94 membres de ce groupe, en majorité des Palestiniens mariés à des Jordaniennes, ont obtenu l'autorisation de se rendre dans le camp du HCR à Roweïched. Plusieurs dizaines de Palestiniens devraient pouvoir entrer en Jordanie aujourd'hui.
Mais la majorité des personnes sont toujours bloquées dans le no man's land et vivent dans une situation de plus en plus précaire. La plupart d'entre elles sont des Kurdes d'Iran qui ont fui le camp de réfugiés de Al Tash au cours de la semaine dernière. Ce camp abritait plus de 12 000 réfugiés kurdes d'Iran avant la guerre, dont la majorité depuis près de 20 ans. En outre, 58 Iraniens, reconnus comme réfugiés par plusieurs pays d'Europe, d'Amérique du Nord et par l'Australie, se trouvent encore dans le no man's land.