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Préparation de l'opération de rapatriement au Sud-Soudan : le HCR annonce les priorités

Communiqués de presse

Préparation de l'opération de rapatriement au Sud-Soudan : le HCR annonce les priorités

11 Avril 2005 Egalement disponible ici :

Le 11 avril 2005

OSLO - Le Haut-Commissaire intérimaire des Nations Unies pour les réfugiés Mme Wendy Chamberlin a lancé, lundi 11 avril, un appel d'urgence à la communauté internationale pour que les conditions minima requises soient réunies au Sud-Soudan afin d' assurer le retour de millions de déracinés dans le courant de l'année.

S'adressant aux participants lors de la première journée de la Conférence d'Oslo sur le Soudan qui a réuni les donateurs pendant 48 heures, Mme Chamberlin a souligné que le soutien de la communauté internationale « permettrait de changer bien des choses pour des centaines de milliers, voire des millions de personnes » souhaitant regagner leur foyer au lendemain de plus de deux décennies de conflit. Mme Chamberlin a tenu à préciser que sans ce soutien primordial, la réintégration des personnes déracinées aurait peu de chances de durer et qu'elles seraient de nouveau contraintes à l'exil, comme l'UNHCR a déjà pu le constater dans le passé.

L'UNHCR a besoin de 60 millions de dollars cette année pour commencer l'opération de retour et de réintégration, mais n' a pour l'instant reçu qu'environ 7 millions. Quelque 550 000 Soudanais sont réfugiés dans les pays voisins et environ 6,1 millions d'autres sont déplacés à l'intérieur du Sud-Soudan suite au conflit qui a mis la région à feu et à sang pendant plusieurs décennies.

Mme Chamberlin a déclaré que les déracinés soudanais rencontrés lors de sa récente mission dans le sud du Soudan et dans des camps de réfugiés en Ouganda et au Kenya, étaient en même temps enthousiasmés et perturbés à l'idée de leur éventuel retour, après tant d'années.

« Beaucoup d'entre eux sont méfiants, et ont même peur, a-t-elle précisé. Ils étaient peut-être partis à la hâte sans trop savoir où aller, mais la décision de quitter la sécurité d'un camp de réfugiés pour une totale inconnue une fois de retour au Soudan n'est pas un choix évident. Lorsque j'ai rencontré des réfugiés dans le camp de Rhino, en Ouganda ainsi que dans celui de Kakuma au Kenya, j'ai demandé au hasard à une vingtaine d'entre eux quels étaient les trois points qui les préoccupaient le plus concernant leur éventuel rapatriement. J'ai obtenu le même type de réponse : la plupart souhaitent disposer d'eau et de nourriture en qualité et quantité suffisantes, récupérer leurs terres, être à l'abri du danger et envoyer leurs enfants à l'école. Leurs appréhensions sont on ne peut plus légitimes », a ajouté Mme Chamberlin.

L'UNHCR a mis sur pied une stratégie à deux volets pour s'assurer que les populations déracinées du sud puissent rentrer chez elles et y rester. Tout d'abord, l'agence doit répondre aux besoins immédiats et urgents d'environ 600 000 retours spontanés - 200 000 anciens réfugiés non enregistrés et 400 000 personnes déplacées dans le pays même - qui sont déjà revenus par leurs propres moyens dans certaines régions du sud. Deuxièmement, quelque 550 000 autres réfugiés enregistrés et un nombre équivalent de déplacés devraient commencent à revenir dans le cadre de l'opération de rapatriement volontaire au terme de la saison des pluies, en septembre prochain. Or financer les deux volets est inadéquat pour l'instant, a souligné Mme Chamberlin.

« Qu'est ce qui manque en priorité ? En un mot, tout », a-t-elle poursuivi. Dans le comté de Bor, par exemple, dont sont originaires plus de 35 000 réfugiés, il n'y a pas un seule école secondaire. Il n'y a que deux médecins pour tout le comté de Yei où vivent environ 180 000 personnes. Les fonctionnaires sont sous-payés et en nombre insuffisant. Partout, l'accès à l'eau potable est limité. Les fermiers soudanais abrités dans le site de Rhino en Ouganda sont peut être autosuffisants sur les terres fournies par le gouvernement ougandais, mais qu'en est-il de leurs terres d'origine désormais infestées de mines terrestres ? Comment ne pas comprendre leur vive inquiétude ? La communauté internationale a commencé à nettoyer les routes et les terrains publics pour en retirer les engins non explosés, mais les fermiers ne plantent pas sur les routes.... Les femmes qui ramassent du petit bois et les petites filles qui vont chercher de l'eau s'éloignent souvent de la piste, et sont donc exposées en permanence au danger. Il faut en outre créer des emplois pour consolider les communautés et qu'elles soient viables à long terme. Quant à l'allocation de lopins de terre cultivables c'est l'une des questions qui reste à résoudre, de même que la mise en place de mécanismes destinés à régler les disputes provoquées par le déplacement et l'exil. »

Le conflit du Sud-Soudan a officiellement pris fin à la suite de l'accord de paix conclu le 9 janvier entre le gouvernement soudanais et l'Armée/Mouvement de libération du Soudan. Fin février, l'UNHCR a déployé une équipe d'urgence composée d'experts dans divers secteurs dont celui de l'eau, du sanitaire, des services communautaires, de la santé, de l'éducation et des activités génératrices de revenus, en vue de mettre en place les infrastructures clés ainsi que d'autres services à l'attention des réfugiés et des déplacés revenant chez eux.

Durant leur exil, des milliers déracinés soudanais ont pu bénéficier de cours et de séances de formation professionnelle fournis par l'UNHCR et ses partenaires, ayant ainsi acquis des connaissances leur permettant de reconstruire leur vie dans leur patrie. Mais Mme Chamberlin a précisé que les jeunes filles qui avaient grandi dans des camps de réfugiés craignaient de réintégrer une société traditionnelle offrant peu d'opportunités en matière d'éducation ou d'autres perspectives d'ouverture pour les femmes en général. Or, elles aussi méritent désormais de jouer un rôle actif pour changer et faire avancer les choses dans leur pays.

« C'est une tâche de titan qui nous attend, vu la longueur du conflit et l'ampleur de la destruction, a résumé Wendy Chamberlin, mais nous disposons d'un formidable atout pour participer à la reconstruction et au développement de ce pays : ses propres réfugiés. »