Les étudiants afghans célèbrent le quinzième anniversaire des bourses universitaires financées par l'Allemagne
Les étudiants afghans célèbrent le quinzième anniversaire des bourses universitaires financées par l'Allemagne
PESHAWAR, Pakistan, 18 septembre (UNHCR) - Albert Einstein était un réfugié de l'Allemagne nazie. Un demi-siècle après la mort de ce scientifique célèbre, son pays d'origine aide d'autres réfugiés dans le monde, et notamment des Afghans, à réaliser leur rêve, celui de suivre une formation universitaire.
Cette année marque le 15ème anniversaire du Programme allemand Albert Einstein de bourses universitaires pour les réfugiés (DAFI) au Pakistan. Ce programme financé par l'Allemagne est l'un des plus importants et plus anciens au monde pour l'attribution de bourses d'étude. Il a pour but de favoriser l'autosuffisance des réfugiés en leur offrant une qualification professionnelle qui leur servira dans leur future carrière.
« Le DAFI est un réel investissement dans le développement des ressources humaines de tous les pays où des jeunes sont déplacés et ne peuvent suivre une formation universitaire », a indiqué Nasir Sahibzada, assistant pour les programmes de l'UNHCR consacrés à l'éducation à Peshawar, la capitale de la Province frontière du Nord-Ouest.
Plus de 900 réfugiés afghans au Pakistan ont bénéficié de ce programme depuis son commencement en 1992. Un total de 72 étudiants suit en ce moment une formation universitaire dans 26 établissements d'enseignement des provinces du Baloutchistan, du Punjab, de Sindh et de la Province frontière du Nord-Ouest.
Au début du mois, plusieurs de ces étudiants ont suivi un atelier d'une journée à Peshawar organisé pour les bénéficiaires de bourses d'étude du DAFI. Ils ont pu discuter des problèmes et de recommandations liés à l'éducation.
« C'est seulement grâce à l'UNHCR et au DAFI que mes rêves peuvent se réaliser », a expliqué Salima Azimi, une réfugiée afghane. « J'étudie la biotechnologie, un secteur relativement novateur. Je suis sûre que je peux accomplir de grandes choses. »
Une autre étudiante, Tayaba Naqibullah, fait preuve de la même confiance et de la même ambition : « Je suis actuellement un master en administration publique. Une fois que j'aurai terminé mes études, je veux rentrer en Afghanistan et travailler à la réhabilitation de mon pays, spécialement pour les femmes afghanes. Je veux dire au monde entier que bien que la majeure partie de nos vies se soit passée sous domination, maintenant la situation est différente et nous avons tous le désir et la possibilité de changer notre pays. »
Claas Morlang, un chargé d'éducation pour l'UNHCR, a participé à cette formation pour répondre aux questions des étudiants. « Il était très impressionnant de voir la jeune génération afghane, spécialement les femmes, suivre une formation universitaire et réussir leurs diplômes », a-t-il noté. « Cet enthousiasme est remarquable. Ils sont déterminés et ont le courage d'apprendre pour contribuer à la communauté. »
Même avec de la volonté et un soutien financier pour réussir leurs études universitaires, les Afghans doivent encore faire face à des obstacles dans leur projet éducatif, notamment du fait des procédures d'admission compliquées des universités pakistanaises.
Actuellement, les étudiants afghans qui souhaitent entrer dans les universités pakistanaises doivent passer un examen auprès de la cellule éducative de la Commission pour les réfugiés afghans. Ceux qui ont réussi sont recommandés auprès du département compétent, où ils paieront les mêmes frais de scolarité que les étudiants locaux. Les étudiants afghans qui ne passent pas par cette étape et s'inscrivent directement à l'université, sont considérés comme des étrangers et doivent payer trois fois le prix.
Un autre défi consiste à combler les différences entre les différents niveaux d'étude disponibles. Conformément à la politique qu'il applique dans le monde entier, l'UNHCR assure l'éducation de base de quelque 100 000 enfants afghans inscrits dans plus de 270 écoles primaires dans les camps de la Province frontière du Nord-Ouest, du Baloutchistan et du Punjab. Les autorités pakistanaises ont assuré leur éducation secondaire jusqu'à ce qu'un manque de financement les ait forcées à fermer les collèges en mars 2006. Tous les efforts déployés pour trouver des sources alternatives de financement sont restés infructueux à ce jour.
Selon un recensement des Afghans vivant au Pakistan, effectué en 2005 par le gouvernement, environ 55 pour cent des 3,04 millions d'Afghans identifiés ont moins de 18 ans. Davantage d'initiatives pour l'éducation comme le DAFI doivent être mises en oeuvre pour permettre aux jeunes réfugiés de contribuer au développement de leur pays d'exil et au renouveau de leur pays d'origine, une fois rentrés.
Par Rabia Ali à Peshawar, Pakistan