Le rêve brisé d'un père iraquien
Le rêve brisé d'un père iraquien
Damas, Syrie - Kamal*, un réfugié iraquien et technicien automobile, nourrissait d'ambitieux espoirs pour ses enfants ; il rêvait qu'ils puissent tous achever leurs études universitaires. Mais son rêve a volé en éclat avec les bombes qui font de la vie à Bagdad un cauchemar.
« On ne pouvait plus supporter la violence », dit-il, expliquant pourquoi son frère et lui ont décidé de fuir Bagdad avec leurs familles. Dans la capitale iraquienne, dit-il, « parfois nous ne pouvions pas sortir de chez nous durant un mois d'affilée. Même si les enfants voulaient aller en classe, quelqu'un devait les escorter jusqu'à l'école et revenir les chercher. »
Quelques-uns des 13 membres de sa famille élargie sont encore traumatisés, dit-il, « mais vivre en sécurité (à Damas) nous a rendu l'espoir en l'avenir. » Et chose aussi essentielle que la sécurité, dit-il, l'éducation.
Il est tellement obnubilé par l'importance de recevoir une bonne éducation qu'il voit, derrière les destructions qui ravagent l'Iraq chaque jour, un complot de scélérats. « Toutes ces violences qui ont lieu en Iraq - l'enlèvement d'enfants - n'a qu'un but : empêcher les Iraquiens et les enfants iraquiens de se développer et de s'instruire », affirme Kamal, qui, comme son frère, a travaillé pour le régime de Saddam Hussein.
Lorsque que Kamal et son frère Mostafa* ont franchi la frontière syrienne avec leurs familles, les autorités syriennes ont apposé sur leurs passeports un tampon spécifiant qu'ils n'avaient pas le droit de travailler durant leur exil dans ce pays.
Condamné à rester chez lui, sans argent ni activité, Kamal a dû prendre la décision d'envoyer Karim*, son fils de 17 ans, travailler plutôt que d'aller à l'école. Après avoir dépensé toutes ses économies jusqu'aux derniers 50 dollars, Kamal s'inquiète du fait que sa famille n'est qu'à un pas de se retrouver à la rue ; il ne peut donc se permettre de faire une croix sur le revenu de l'adolescent qui subvient aux besoins des 13 membres de sa famille.
Alors, il regarde, impuissant, Karim, le seul gagne-pain de la famille, travailler dans une blanchisserie en ville chaque matin à 9 heures trente pour ne rentrer à la maison qu'après minuit, éreinté par un travail qui lui rapporte 3 dollars par jour, un revenu vital pour la famille.
« Si je l'inscris à l'école maintenant, cela signifie d'autres dépenses, et je ne peux me le permettre actuellement », se plaint Kamal. Mais les conséquences l'inquiètent : « Bien sûr, l'éducation est l'une de mes principales priorités, car si les enfants restent non éduqués et illettrés, ils n'auront pas d'avenir. »
* Noms fictifs à des fins de protection