Des milliers de personnes fuient en Ouganda après une flambée de violences au Soudan du Sud
Des milliers de personnes fuient en Ouganda après une flambée de violences au Soudan du Sud
GENÈVE, 19 juillet (HCR) - Près de 3 000 personnes ont déjà fui la toute dernière flambée de violences au Soudan du Sud. Elles ont rejoint l'Ouganda ce week-end. Davantage encore pourraient arriver car la situation demeure tendue dans la région, a déclaré aujourd’hui le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Vendredi et samedi derniers, quelque 1326 Sud-Soudanais ont traversé la frontière vers l’Ouganda ainsi que 1633 personnes dimanche. Le total des personnes ayant passé la frontière vers l’Ouganda depuis le début des violences s’élève désormais à 5015. Avant vendredi, le nombre moyen d’arrivants était de 233.
Le porte-parole du HCR Leo Dobbs a déclaré lors d’un point de presse à Genève que plus de 90 pour cent des nouveaux arrivants étaient des femmes et des enfants de moins de 18 ans.
Un cessez-le-feu fragile est observé depuis hier lundi, mais les Nations Unies ont lancé une mise en garde sur une reprise éventuelle des affrontements dans la capitale, Juba.
Les barrages de contrôle ont été dégagés de la route longue de 200 kilomètres entre Juba et Nimule qui relie Juba à l’Ouganda, a indiqué Leo Dobbs. « Par conséquent, davantage arrivent désormais par camion, ce qui explique le nombre accru d'arrivants. Ils apportent également des effets personnels. »
Des milliers de personnes sont entrées dans le nord de l’Ouganda via les points de passage frontière de Moyo, Kuluba, Lamwo, Yumbe et Elegu. D'autres se sont rendus directement dans l’installation de réfugiés de Kiryandongo dans le centre-ouest de l’Ouganda.
Auparavant, la frontière avait été fermée dans le sud du Soudan, mais les restrictions aux frontières sont maintenant assouplies.
Pour la plupart, les nouveaux arrivants ont fui l'Etat d'Est-Equatoria, et un plus petit nombre arrive depuis Juba. Ils signalent que la situation de sécurité demeure instable et qu’un renouveau des combats pourrait survenir à tout moment.
Les réfugiés ont également fait part d’une augmentation des pillages.
En Ouganda, plus de 6000 Sud-Soudanais sont hébergés au sein de l’installation de Pagiarinya dans le district d'Adjumani et d'autres attendent d’être transférés depuis des points de ramassage vers cette installation. Selon une évaluation récente, l’installation de Pagiarinya peut encore accueillir 6500 personnes supplémentaires, ce qui signifiait qu'elle pourrait avoir dépassé sa capacité initiale d’accueil d’ici quelques jours.
Une mission interagence d'évaluation des sites, comprenant notamment des représentants des autorités ougandaises et du HCR, s’est rendue dans la région afin d'identifier des zones propices à de nouvelles installations, a indiqué le HCR.
« Les réfugiés arrivent fatigués et affamés en Ouganda », a ajouté Leo Dobbs. « Beaucoup d'entre eux ont marché pendant des jours en transportant des effets personnels. D'autres souffrent de malnutrition après avoir marché sans nourriture pendant des jours. »
« Les activités de la milice dans certaines régions du Soudan du Sud ont rendu difficile d’effectuer des récoltes ces derniers mois. »
Selon les Nations Unies, au moins 300 personnes ont été tuées et plus de 10 000 autres ont fui leurs maisons après les violences à Juba. Plusieurs pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants, tandis que les pays voisins ont offert d'envoyer des effectifs supplémentaires de soldats des troupes des Nations Unies pour le maintien de la paix.
Leo Dobbs a poursuivi : « Des attaques violentes contre des travailleurs humanitaires sont survenues, y compris des viols, ce que nous condamnons fermement. Les responsables doivent être traduits en justice pour avoir commis ces agressions barbares contre des employés humanitaires. »
La dévaluation de la livre du Soudan du Sud a contribué aux tensions, car les prix ont flambé et la nourriture est devenue trop chère pour beaucoup.
Dans la région de Gambella à l'ouest de l’Ethiopie, le nombre des nouveaux arrivants n'a pas augmenté de façon significative depuis le 11 juin dernier, mais les récents combats ont affaibli l’espoir d'un retour prochain au Soudan du Sud. La frontière entre le Kenya et le Soudan du Sud est également relativement calme. Jeudi dernier, le HCR a transféré 84 nouveaux arrivants depuis la frontière vers le camp de Kakuma.
« Les récents déplacements de populations au Soudan du Sud porteront une pression supplémentaire sur les ressources du HCR pour l'opération au Soudan du Sud et sur notre capacité à fournir une assistance rapide et à sauver des vies humaines », a déclaré Leo Dobbs.