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La pandémie de Covid-19 aggrave la situation déjà difficile des réfugiés âgés en Amérique latine

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La pandémie de Covid-19 aggrave la situation déjà difficile des réfugiés âgés en Amérique latine

Selon une nouvelle étude, la pandémie de coronavirus aggrave la situation déjà difficile des réfugiés et des déplacés internes âgés pour se nourrir et garder un toit au-dessus de leur tête.
26 Mai 2021 Egalement disponible ici :

Lorsqu'il était plus jeune, Agapito Escobar avait recours à des solutions créatives pour joindre les deux bouts. Agriculteur et vendeur de fruits dans sa Colombie natale, il a également fabriqué et vendu son propre pain et a même été chercheur d'or, après avoir été contraint de fuir en Équateur voisin en quête d’asile, il y a près de vingt ans.


Mais Agapito a aujourd'hui 64 ans et il n'est plus en mesure d'accomplir le dur travail physique qui lui permettait de gagner sa vie. Cette situation, combinée aux difficultés que rencontrent souvent les réfugiés pour accéder au marché du travail, ainsi qu'à la pression financière supplémentaire exercée par la pandémie de Covid-19, fait qu'Agapito et sa compagne, Wilma, âgée de 79 ans, sombrent dans la misère.

« Il y a des jours où nous ne prenons que le petit-déjeuner... et l'après-midi, nous ne buvons qu'un verre d'eau », a-t-il déclaré, ajoutant qu'ils sont désormais contraints de s'éclairer à la bougie depuis que l’électricité a été coupée, faute de paiement.

Alors qu'une vaste partie de l'Amérique latine est toujours en proie à une deuxième vague dévastatrice du virus, les mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19 ont anéanti la seule source de revenus dont disposait encore le couple - le travail sporadique de Wilma en tant que sage-femme, qui aide les femmes locales lors d’accouchements compliqués.

« Il y a des jours où nous ne prenons que le petit-déjeuner. »

Des situations comme celle d'Agapito et Wilma ne sont pas inhabituelles. Selon une enquête menée dans cinq pays d'Amérique latine par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et HelpAge International, un groupe de coordination d'organisations au service des personnes âgées, la pandémie de Covid-19 aggrave la situation des personnes déplacées âgées, ce qui rend encore plus difficile pour elles de satisfaire leurs besoins fondamentaux.

« Les personnes âgées en déplacement forcé sont depuis longtemps victimes de négligence et d'une protection insuffisante », a déclaré José Samaniego, directeur du Bureau régional du HCR pour les Amériques, qui a contribué à la réalisation de l'enquête en Colombie, en Équateur, au Salvador, au Honduras et au Pérou. « Leur pleine inclusion dans les réponses nationales à la pandémie est essentielle pour préserver leur dignité et leurs droits. »

Agapito discute avec une employée du HCR sur le terrain au sujet des difficultés qu'il rencontre depuis l'arrivée de la pandémie.

Environ 64% des personnes interrogées ont déclaré ne pas avoir eu de source de revenu stable avant la pandémie, qui a frappé l'Amérique latine de manière disproportionnée. Mais la pandémie de Covid-19 a encore aggravé leurs difficultés économiques, laissant sans emploi la moitié des personnes qui en occupaient un dans la région andine, tandis qu'un tiers des personnes interrogées qui avaient un emploi au Honduras et au Salvador se sont retrouvées sans emploi dans le cadre des mesures de confinement dues à la pandémie. Le même schéma s'applique à l’alimentation. Une personne interrogée sur quatre a déclaré qu'elle devait déjà sauter des repas avant la pandémie, mais 41% des personnes interrogées ont déclaré avoir dû réduire davantage leur consommation quotidienne de nourriture au cours de l'année écoulée.

La pandémie a également eu des répercussions sur la capacité des réfugiés et des migrants âgés à recevoir les soins de santé dont ils ont besoin. Quarante-deux pour cent des personnes interrogées ont déclaré ne pas recevoir de traitement pour des problèmes de santé antérieurs. Le coronavirus a également eu des répercussions sur la santé mentale des personnes âgées, puisque 26% seulement des personnes interrogées ont déclaré être en contact quotidien avec des proches, ce qui a entraîné une augmentation importante des sentiments d'isolement et de solitude.

« C'est comme être un prisonnier. »

Raúl*, un agriculteur salvadorien de 69 ans, a été contraint de fuir sa maison il y a quelques années en raison de menaces de mort proférées par des membres de gangs locaux. Il a déclaré avoir souffert des effets du confinement à son domicile.

« Cela nous a fait du mal, tant sur le plan physique que moralement », a déclaré Raúl, qui vit avec sa femme, leur fille et un petit-enfant dans une petite communauté agricole située à l'autre bout du pays, loin de leur habitation qu'ils ont été contraints de quitter. « Être enfermé chez soi pendant une si longue période est vraiment difficile, surtout pour les personnes âgées comme nous. ... Ne pas pouvoir sortir librement nous fait souffrir, nous stresse et nous donne des maux de tête. »

« C'est comme être prisonnier », a déclaré Raúl, ajoutant qu'il n'a pas reçu de traitement pour son hypertension et son asthme depuis le début de la pandémie.

La pandémie de Covid-19 a eu un effet encore plus dévastateur sur Yomaira González, une Vénézuélienne de 62 ans qui a fui vers la ville frontalière colombienne de Riohacha avec son mari, sa fille et ses cinq petits-enfants. Leurs espoirs de trouver un emploi stable ne s'étant pas concrétisés, et la vente de bonbons dans la rue par leur fille étant leur seule source de revenus, la famille n'a eu d'autre choix que de se réfugier dans le stade de la ville, dormant tous ensemble sur un seul matelas, entassés dans un réduit. Lorsque sa fille est tombée malade du coronavirus, Yomaira, son mari et les enfants ont non seulement perdu leur seule source de revenus, mais ils ont également dû dormir dans l'une des cages d'escalier du stade, afin d'éviter la contagion.

« Depuis que ma fille est tombée malade, je suis tellement triste », a déclaré Yomaira, qui a perdu 12 kilos depuis le début de la pandémie. « Parfois, quand je ferme les yeux, j'espère ne plus jamais les ouvrir. »

Reinaldo Bottoni, un homme de 69 ans qui a fui son Venezuela natal, seul et à pied, quelques semaines avant que la pandémie n'arrive en Amérique du Sud en mars 2020, a eu la chance de trouver une place dans un centre d’hébergement de la capitale péruvienne, Lima, juste avant que des mesures de confinement strictes n'y entrent en vigueur.

« En principe, je devais rester deux semaines », a-t-il déclaré au sujet du refuge Scalabrini House, où il a passé les 15 derniers mois. Reinaldo se considère extrêmement chanceux - il qualifie le refuge « d'hôtel cinq étoiles sans piscine » - et essaie de contribuer en retour en tant que bénévole à la cuisine et en aidant à d'autres tâches. Pourtant, la possibilité de travailler lui manque cruellement.

« Je ferais n'importe quel travail en échange d'un lit et d'un repas quotidien », dit-il, ajoutant : « mais il n'y a pas moyen de travailler actuellement. »

*Nom fictif pour des raisons de protection.