Des cyclistes bénévoles portent assistance à des communautés isolées dans l'est de l'Ukraine
Ievdokia Chepel est comme de nombreuses personnes âgées dans les zones rurales de l'est de l'Ukraine. Elle a des problèmes de santé et subit les conséquences du conflit qui dure depuis sept ans dans la région. Depuis peu, elle doit faire face aux contraintes imposées par la pandémie de Covid-19 qui ont aggravé son sentiment d’isolement et de solitude.
Ievdokia Chepel est comme de nombreuses personnes âgées dans les zones rurales de l'est de l'Ukraine. Elle a des problèmes de santé et subit les conséquences du conflit qui dure depuis sept ans dans la région. Depuis peu, elle doit faire face aux contraintes imposées par la pandémie de Covid-19 qui ont aggravé son sentiment d’isolement et de solitude.
Âgée de 77 ans, elle est retraitée et veuve, après avoir travaillé pendant des décennies dans une usine. Son fils est mort l'année dernière et elle voit rarement sa fille et sa petite-fille qui vivent à Louhansk, de l'autre côté de la ligne de contact qui sépare la zone sous contrôle gouvernemental de celle non contrôlée par le gouvernement.
« Je me sens très isolée et seule. C'est difficile de vivre seule », confie-t-elle, en larmes.
Mais depuis l'année dernière, elle reçoit une aide d’une forme inattendue, sur trois roues.
« Elle prend soin de moi et m’apporte l’aide dont j’ai besoin. »
À intervalles réguliers, Tetiana Vasiukova charge son tricycle électrique de fournitures dans un village de la région de Luhansk. Elle fait ensuite le tour des communautés locales pour apporter aide et compagnie aux personnes isolées.
La plupart des personnes qu'elle visite sont déplacées par le conflit et certaines, comme Ievdokia, risquent d'être chassées de chez elles.
« Je suis très reconnaissante que Tetiana me rende régulièrement visite », confie Ievdokia. « Elle prend soin de moi et m’apporte l’aide dont j’ai besoin. Cela me permet de me sentir beaucoup mieux. »
Tetiana, 68 ans, travaillait comme directrice adjointe d'une banque à Louhansk, mais depuis qu'elle est à la retraite, elle s'est engagée à aider les personnes affectées par le conflit. Habitant elle-même la région, elle est consciente des problèmes auxquels sont confrontés les autres résidents, qui vivent pour la plupart sur de petites parcelles de terrain sur lesquelles ils cultivent leurs propres légumes.
« Quasi quotidiennement, je prends mon vélo électrique et je me rends dans un magasin ou une pharmacie pour faire les courses des personnes âgées de notre communauté », témoigne-t-elle.
Tetiana et d'autres volontaires livraient auparavant la nourriture et les médicaments en bus ou en taxi, mais l'année dernière, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a fourni aux travailleurs médicaux et sociaux 228 bicyclettes et 35 tricycles électriques, grâce à un financement de l'Union européenne.
Le transport à vélo permet de limiter les coûts pour les volontaires et de rendre certaines maisons plus accessibles, compte tenu des routes parfois difficiles. Les bicyclettes et tricycles sont équipés de paniers et peuvent rouler jusqu'à 40 km/h avec une autonomie de 40 kilomètres.
« Avec un vélo électrique, je ne suis dépendante de personne. Je me déplace lorsque j'en ai besoin et je n'ai pas à me soucier de porter des sacs lourds », confie Tetiana.
La pandémie de Covid-19 a entraîné une hausse des besoins humanitaires dans l'est de l'Ukraine où le conflit a déjà mis 3,4 millions de personnes dans une situation nécessitant protection et assistance.
Il s'agit notamment d'environ 340 000 personnes contraintes de fuir leur foyer et qui se retrouvent à présent dans une situation difficile dans l'est du pays et dans d'autres régions. Les personnes âgées, les personnes vivant avec un handicap et les foyers gérés par des femmes figurent parmi les plus vulnérables.
Le système de bicyclettes et de tricycles n'est pas la seule innovation qui permet de venir en aide à ces populations.
La technologie constitue également un atout dans les régions où les infrastructures telles que les installations médicales, les banques et les bureaux de poste font défaut.
Le HCR a lancé en 2019, en partenariat avec l’ONG Proliska, un service de voitures électriques dans la région de Louhansk, au point de contrôle piétonnier de Stanytsia Luhanska, sur la ligne de contact. Ces véhicules assurent le transport à cet endroit où les gens doivent descendre des véhicules et traverser à pied pour des raisons de sécurité.
Le service peut transporter 400 personnes par jour et donne la priorité aux femmes enceintes et aux enfants, aux personnes vivant avec handicap et aux personnes âgées de plus de 75 ans.
Par ailleurs, des organismes d’aide humanitaire, dont le Bureau américain de la population, des réfugiés et des migrations, le service de la Commission européenne à la protection civile et opérations d'aide humanitaire européennes (ECHO), ainsi que le HCR et Proliska, ont installé deux stations de bus équipées de panneaux solaires et de prises électriques pour recharger les smartphones et les tablettes à Stanytsia Luhanska. Les points de charge et le Wi-Fi installés précédemment sont particulièrement utiles en cette période de pandémie, où toute personne franchissant la ligne de contact est tenue d’utiliser une application pour le suivi des contacts.
Grâce à la technologie et au dévouement des volontaires, même face aux difficultés, il y a de l'espoir.
« Nombreux sont ceux qui ne peuvent pas venir s'occuper de leurs lopins de terre. Les maisons s'effondrent lentement et il y a des mauvaises herbes dans une parcelle sur deux. Mais chaque matin, je démarre mon tricycle électrique et je me sens mieux parce que je sais que je peux contribuer à améliorer les choses en aidant les gens », souligne Tetiana.