Des réfugiés évacués par avion depuis la Libye vers la sécurité
Des réfugiés évacués par avion depuis la Libye vers la sécurité
TRIPOLI, Libye - Craignant pour sa vie et celle de l'enfant qu'elle portait, Eden* s’est entassée dans un bateau sur la côte sud de la Méditerranée dans l'espoir de rejoindre la sécurité en Europe. Mais, après le naufrage de cette embarcation surchargée au large, l'Erythréenne de 25 ans s'est retrouvée en détention en Libye.
Détenue pendant des mois à Misrata dans des conditions effroyables, elle et son nouveau-né comptaient parmi les 132 réfugiés et demandeurs d'asile vulnérables qui ont été transférés aujourd’hui par avion depuis Tripoli vers le Niger quand le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a repris ces vols d'évacuation pour sauver des vies humaines - et ce après une interruption de deux mois.
« Mon seul espoir était de rejoindre l'Europe pour que mon bébé puisse voir le jour dans un pays où il serait protégé et en sécurité, » dit Eden à l'aéroport de Tripoli en jouant nerveusement des doigts, submergée par l'émotion du départ. « Aujourd'hui, mes prières ont été entendues, » ajoute-t-elle.
Le HCR avait commencé les évacuations d'urgence au mois de novembre, au titre d'un effort global visant à apporter des solutions aux mouvements complexes de migrants et de réfugiés le long des itinéraires de Méditerranée, dont plusieurs convergent en Libye.
« Ce programme a fondamentalement pour objectif de préserver des individus vulnérables de souffrances supplémentaires. »
De nombreux réfugiés et demandeurs d'asile sont détenus en Libye pendant des périodes prolongées et dans des conditions très difficiles. Le HCR estime qu'actuellement 5700 personnes sont retenues dans des centres de détention officiels, dont 2637 relèvent de sa compétence.
« Les réfugiés détenus en Libye croupissent dans des conditions extrêmes qui mettent en péril leur vie et leur bien-être, » a déclaré dans un communiqué Vincent Cochetel, Envoyé spécial du HCR sur la situation en Méditerranée centrale. « C'est pourquoi ce programme a fondamentalement pour but de préserver des individus vulnérables de souffrances supplémentaires. »
Le vol, qui a quitté Tripoli jeudi matin, était le neuvième depuis le début des évacuations. Le programme a été suspendu en mars suite aux préoccupations du Gouvernement nigérien sur le fait que le départ des réfugiés pour la réinstallation dans d'autres pays ne suivait pas le rythme des arrivées au Niger.
Conscientes des conditions difficiles supportées par les réfugiés en détention, les autorités de Niamey ont généreusement accepté la reprise du programme d'évacuation en mai et ont offert des places supplémentaires pour accueillir des réfugiés vulnérables en provenance de la Libye.
Simon, un Érythréen de 38 ans, a également fait le voyage jusqu'au Niger, au côté d’Eden. Cet homme seul était confronté à de nombreux dangers durant son voyage vers la Libye et risquait surtout d'être enlevé et soumis au travail forcé. « De nombreux détenus ont prié pendant des jours pour faire partie des évacuations du HCR, car c'est le seul espoir que nous avons d'être relâchés, » a-t-il expliqué avant d’embarquer pour le vol d’évacuation. « Aujourd'hui, j'ai bien de la chance d'avoir été sélectionné et de partir pour le Niger où je suis convaincu que de nombreuses opportunités se présenteront. »
Actuellement, 605 226 personnes relevant de la compétence du HCR se trouvent en Libye, dont 184 612 déplacés internes, 368 583 rapatriés ainsi que 52 031 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés.
« De nombreux détenus ont prié pendant des jours pour faire partie des évacuations du HCR. »
Pour que ce vol d’évacuation puisse être assuré, les équipes du HCR en Libye ont travaillé sans relâche. Une équipe s'est rendue dans les différents centres de détention pour enregistrer les réfugiés, identifier les plus vulnérables comme Eden et Simon et travailler en concertation avec les autorités libyennes pour assurer que les personnes sélectionnées puissent obtenir leur permis de sortie à temps avant l’embarquement.
Parallèlement, l'équipe logistique a pris contact avec le transporteur aérien et arrangé le transfert des réfugiés du centre de détention à Misrata jusqu'à l'aéroport, y compris le passage de plusieurs postes de contrôle en chemin vers Tripoli. Les équipes du HCR se sont assurées que des couvertures et d'autres articles essentiels tels que des vêtements et des chaussures soient remis aux réfugiés avant leur départ.
Au Niger, Eden et et les autres réfugiés sélectionnés auront de nouveau la chance de chercher des solutions à long terme dans les conditions de sécurité qu'ils recherchaient désespérément lorsqu'ils ont quitté leur pays d'origine.
À l'arrivée du vol à Niamey, les équipes du HCR sont venues rencontrer les réfugiés pour les transférer vers des « cases de passage ». En attendant que des solutions, notamment des réinstallations, soient trouvées pour eux, ils recevront de la nourriture, un soutien psychosocial, une aide médicale et auront accès à des activités de loisirs tels que le sport, des cours de langue, d'art et de musique.
Avec la reprise des évacuations depuis la Libye vers le Niger, le HCR espère que beaucoup d’autres réfugiés trouveront la sécurité, comme Eden et Simon, et auront la chance de redémarrer leur vie.
*Les noms des réfugiés ont été modifiés pour des raisons de protection
(Informations complémentaires de Louise Donovan à Niamey, Niger)