La faim et la violence poussent les habitants à fuir l'ouest de Mossoul
La faim et la violence poussent les habitants à fuir l'ouest de Mossoul
HASANSHAM, Iraq – « Nous avons eu faim depuis un mois. Nous pouvions nourrir les enfants juste avec de l'eau et de la farine. Parfois nous pouvions améliorer les repas avec un peu de pâte de tomate. C'était soit rester et mourir, soit fuir et risquer la mort. La faim est la raison principale pour laquelle nous avons fui », a déclaré Adil, 34 ans, en décrivant la récente évasion de sa famille depuis l'ouest de Mossoul.
Il y a quatre nuits, lui et sa femme Sundus ont fui, avec leurs six enfants, leur foyer dans le quartier de Tal al Ruman, à Mossoul, la deuxième ville d'Iraq. Partis au milieu de la nuit et sous une pluie torrentielle, les parents ont porté les plus jeunes enfants et ils ont marché plus d'une heure pour rejoindre les forces de sécurité iraquiennes et un lieu sûr.
« Nous avons choisi de quitter notre maison à une heure du matin quand les combattants se reposent ; la patrouille de garde est moins stricte. Quand nous sommes partis, nous avons entendu des tirs et des cris. J’ai entendu dire que des familles se sont fait prendre, mais je n’ai pas regardé en arrière », a-t-il indiqué.
« Si nous restions, nous serions morts de faim ou nous aurions été tués par des obus. »
Après avoir rejoint la sécurité, la famille a été transférée vers le camp de Hasansham U3 à 40 kilomètres à l'est de Mossoul, et qui est géré par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Ils ont reçu une tente, des matelas et des couvertures, et ils ont dégusté leur premier vrai repas depuis des mois.
« Quand nous sommes arrivés ici, les enfants étaient si heureux de l'abondance de la nourriture. J'ai même dû dire à mon jeune fils: ’Ne mange pas si vite; tu vas avoir des crampes d'estomac’ », a déclaré Adil. « Hier soir, nous avons cuisiné en famille pour la première fois. Nous avons même mangé de la viande en conserve ; C’est la première fois que nous avons eu de la viande depuis plus de six mois. »
On compte actuellement 211 572 déplacés iraquiens par les combats à Mossoul, et plus de 50 000 autres sont arrivés depuis le début des toutes dernières opérations militaires pour la reprise de l'ouest de Mossoul, lancées le 19 février.
Les tout nouveaux arrivants sont désespérés, visiblement traumatisés, affamés et déshydratés. Beaucoup arrivent sans chaussures et portant des vêtements trempés. Ils ont parcouru à pied de longues distances pour rejoindre la sécurité aux postes de contrôle des forces gouvernementales.
Plus de 195 000 déplacés iraquiens ont actuellement trouvé abri dans 21 camps construits par les agences des Nations Unies et les autorités iraquiennes autour de Mossoul. Toutefois, la plupart des camps existants ont déjà atteint leur pleine capacité d’accueil. Le HCR fait son possible pour ouvrir de nouveaux camps afin de faire face à des déplacements croissants générés par la dernière offensive militaire.
« Quand nous sommes arrivés ici, les enfants étaient si heureux de l'abondance de la nourriture. »
Le camp de Chamakor nouvellement ouvert par le HCR à l'est de Mossoul a reçu ses 200 premiers résidents lundi. Davantage d’arrivants sont attendus mardi et toute la semaine. La capacité initiale d’accueil du camp est de 6600 personnes. Le HCR construit actuellement deux camps supplémentaires près de Mossoul (Hasansham U2 à l'est et Hammam Al-Alil 2 au sud) et leur capacité initiale d’accueil sera de 39 000 personnes.
Shihab est un ancien jardinier de la municipalité de Mossoul. Il est également originaire du quartier de Tal al Ruman et il est arrivé à Hasansham dimanche. Il a raconté comment lui et sa famille de six personnes ont dû traverser un fossé rempli d’eau pendant la nuit pour échapper aux groupes armés et rejoindre la sécurité. Ses quatre enfants ont perdu leurs chaussures durant l'évasion et ils sont arrivés au camp pieds nus.
« Nous sommes partis en groupe. Nous avons pensé qu'il serait plus difficile de nous arrêter et de nous contrôler », a-t-il déclaré. « C'était un immense pari. Mais si nous restions, nous serions morts de faim ou nous aurions été tués par des obus. Si nous partions, nous risquions d’être tués. Finalement, c’est le manque de nourriture qui nous a obligés à partir. »