Des cadeaux préparés avec des athlètes réfugiés ; des témoignages de lutte et de triomphe
Des cadeaux préparés avec des athlètes réfugiés ; des témoignages de lutte et de triomphe
PARIS (France) — Les enfants sont arrivés les bras chargés de cadeaux, destinés non pas à eux, mais à d’autres enfants ayant fui le conflit au Soudan du Sud, de l’autre côté de la planète.
Le conflit dans cette jeune nation africaine a généré 1,3 million de réfugiés. Ils font partie de la très forte population (plus de 65 millions de personnes) obligée de fuir à cause de la guerre, des conflits internes et des catastrophes naturelles, partout dans le monde.
Les enfants français participaient à une journée d’activités organisée par le HCR, le musée du quai Branly à Paris et Aviation Sans Frontières, qui livrera les jouets. L’objectif était de rapprocher le monde des réfugiés des enfants français.
« Même si les enfants ne gardent qu’un seul souvenir de la journée, qu’une phrase, qu’une histoire, ce sera bien. »
Pour aider les enfants à mieux comprendre, deux athlètes de l’équipe olympique des athlètes réfugiés ayant participé aux Jeux olympiques de Rio 2016 étaient présents : Yiech Pur Biel, un Soudanais du Sud qui a disputé la course du 800 mètres, et Rami Anis, un Syrien qui a pris part à l’épreuve du 100 mètres papillon.
Pur, qui a fui le Soudan du Sud vers le Kenya quand il était enfant, a reconnu qu’il a eu les larmes aux yeux lorsqu’il a vu des enfants français apporter des cadeaux et signer des cartes pour des enfants sud‑soudanais qui, comme lui, ont dû s’exiler au Kenya.
« Cela m’a montré que, dans différentes régions du monde, il y a des gens qui pensent aux réfugiés », a‑t‑il expliqué. « Cela signifie que nous, en tant qu’ambassadeurs des réfugiés, nous devons commencer par eux. »
Les deux athlètes se sont adressés aux participants à l’après‑midi. Leurs histoires sont très émouvantes. Rami a parlé de sa carrière prometteuse de nageur que la guerre en Syrie a brisée et de sa fuite avec sa famille. À bord d’un canot pneumatique, ils ont traversé la Méditerranée, depuis la Turquie. Rami a pu reprendre la natation en Belgique, son nouveau pays, et cela lui a permis de réaliser un rêve : nager aux Jeux olympiques.
« Nous voulons seulement envoyer un message au monde », a dit Rami. « Nous pouvons faire quelque chose. Nous pouvons accomplir des choses. Je veux juste dire à chaque personne de croire en elle‑même. »
Le voyage de Pur a été encore plus riche en péripéties. À 10 ans, il a fui le conflit dans son pays natal et il a été séparé de sa famille. Pendant 12 ans, il a vécu seul dans un camp au Kenya. Il a alors commencé à courir et il a été sélectionné pour faire partie de l’équipe olympique des réfugiés. Il a dit que Rio 2016 avait changé sa vie.
« Cela m’a montré que, dans différentes régions du monde, il y a des gens qui pensent aux réfugiés. »
Après avoir écouté son récit, une fillette lui a demandé s’il avait pu revoir des membres de sa famille.
Il a expliqué que quelqu’un qui connaît sa famille a vu qu’il était membre de l’équipe. Cette personne a fait en sorte qu’il puisse parler avec sa mère au téléphone.
« C’était la première fois, quand j’étais à Rio, que je pouvais communiquer avec ma famille », a‑t‑il indiqué à la fillette. Pur revivait un moment émouvant. Il a serré la fille dans ses bras. Il a aussi étreint sa mère, qui lui caressait le bras, en pleurant.
Cependant, Pur a souligné que beaucoup de personnes se trouvant dans sa situation ne connaissaient pas un tel bonheur.
« La plupart des réfugiés vivant dans des camps perdent espoir. Ils savent d’où ils viennent, mais ils ne savent pas où ils vont. »
Pendant la plus grande partie de l’après-midi, les participants ont découvert des saveurs et touché des matières provenant de régions que les réfugiés ont dû quitter. On a invité les enfants à découper et à préparer des étoffes teintes de couleurs vives et décorées de motifs attrayants d’Afrique de l’Ouest pour fabriquer des guirlandes et des boules festives.
Mohammed el‑Khaldy, un chef cuisinier qui a fui la Syrie et qui vient de se voir accorder l’asile en France, a assuré la direction des opérations à une longue table où les participants ont préparé des pâtisseries syriennes.
« J’aime partager tous mes plats, toute ma culture », a‑t‑il expliqué en souriant.
« Même si les enfants ne gardent qu’un seul souvenir de la journée, qu’une phrase, qu’une histoire, ça sera bien », a dit Céline Schmitt, la porte‑parole du HCR qui a aidé à organiser l’après‑midi. « Parce qu’ils vont poser des questions à leurs parents et qu’ils vont parler de l’après‑midi à leurs amis. Ils vont en parler à l’école. »