Le plan d'action UE-Turquie inquiète le HCR
Le plan d'action UE-Turquie inquiète le HCR
GENEVA, March 8 (UNHCR) - L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a aujourd'hui a pris ses distances par rapport à un projet de plan d'action conjointe UE-Turquie pour résoudre la crise des réfugiés en Europe, notamment en exprimant son inquiétude sur certains aspects de la proposition même si elle n'est pas encore au courant de tous les détails.
« Ma première réaction est une profonde préoccupation concernant tout arrangement qui impliquerait un retour généralisé de personnes d'un pays vers l'autre, retour qui ne soit pas assorti de strictes garanties en matière de protection des réfugiés selon le droit international », a déclaré mardi Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.
Filippo Grandi, qui s'exprimait au Parlement européen de Strasbourg à l'occasion de la Journée internationale de la femme, a souligné que des garanties juridiques devraient régir tout mécanisme selon lequel la responsabilité serait transférée pour évaluer une demande d'asile.
« Un demandeur d'asile devrait être renvoyé vers un pays tiers seulement si la responsabilité d'évaluer la demande d'asile est assumée par le pays tiers; le demandeur d'asile sera protégé contre le refoulement; la personne pourra déposer une demande d'asile et, si elle est reconnue en tant que réfugié, bénéficier du statut de réfugié conformément aux normes internationales reconnues, ainsi que bénéficier d'un accès complet et efficace à l'éducation, au travail, aux soins de santé et, au besoin, à l'assistance sociale », a-t-il déclaré.
Auparavant, le HCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, avait exprimé sa préoccupation au sujet de l'accord mais avait également indiqué se féliciter de la contribution financière de l'UE pour apporter un appui à la Turquie et aux communautés hôtes en Turquie.
« La Turquie accueille près de trois millions de réfugiés et apporte des contributions énormes depuis des années. Ce pays a tout récemment adopté une réglementation des conditions de travail pour les réfugiés syriens. Toutefois, compte tenu de l'énormité de la tâche, la Turquie lutte encore pour répondre à tous les besoins fondamentaux de la population syrienne qui continue de croître », a déclaré William Spindler, porte-parole du HCR pour l'Europe, lors d'un point de presse à Genève.
William Spindler a indiqué qu'un processus de filtrage pré-départ devrait également être mis en oeuvre pour identifier des catégories de risque élevé qui pourraient ne pas être appropriées pour un retour, même si les conditions ci-dessus sont remplies, ajoutant que « les détails sur toutes ces garanties devraient être clarifiés avant la prochaine réunion du Conseil de l'UE le 17 mars. »
Au sujet de la réinstallation, le HCR se félicite de toute initiative favorisant les voies régulières d'admission pour les réfugiés en nombre important vers des pays tiers depuis tous les pays voisins de la région - mais pas seulement depuis la Turquie ni seulement les réfugiés syriens.
Cependant William Spindler a souligné que « les engagements de l'Europe pour la relocalisation demeurent très faibles par rapport aux besoins - à savoir 20 000 places pour les deux ans à venir sur une base volontaire. »
Vincent Cochetel, Coordonnateur régional du HCR pour l'aide aux réfugiés en Europe, a également exprimé sa préoccupation concernant le projet de plan UE-Turquie.
« L'expulsion collective d'étrangers est interdite en vertu de la Convention européenne des droits de l'homme », a déclaré Vincent Cochetel, lors du point de presse de Genève, en réponse aux questions des journalistes.
« Un accord qui équivaudrait à un retour généralisé vers un pays tiers n'est compatible ni avec le droit européen, ni avec le droit international », a-t-il indiqué.
Pour lire le point de presse au sujet de la réaction du HCR à la déclaration des chefs d'Etats de l'UE et de la Turquie, veuillez cliquer ici.