Alors que la session annuelle du Comité exécutif débute, António Guterres passe en revue les défis qui attendent le HCR
Alors que la session annuelle du Comité exécutif débute, António Guterres passe en revue les défis qui attendent le HCR
GENEVE, 2 octobre (UNHCR) - La réunion annuelle du Comité exécutif, l'organe directeur de l'UNHCR, a débuté lundi. A cette occasion, le Haut Commissaire António Guterres a lancé un appel en faveur d'une action internationale concertée pour préserver l'institution de l'asile, tout en identifiant des méthodes plus adéquates pour gérer les migrations irrégulières, le rétablissement post-conflictuel et le sort des millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays. Il a également passé en revue les projets de réformes internes de l'agence.
Lors d'un discours d'ouverture général au Palais des Nations Unies à Genève, António Guterres a expliqué que l'UNHCR était confronté à « un moment de vérité » du fait de défis à la fois internes et externes. Parmi ceux-ci figurent le besoin urgent pour l'UNHCR de procéder à une réforme profonde de structure et de gestion, un processus qui, a-t-il dit, est « absolument indispensable si nous voulons édifier une organisation plus forte, plus efficace » et capable de consacrer davantage de ressources aux personnes dont elle a la charge.
L'agence pour les réfugiés est engagée dans un processus méthodique de changement interne, qui vise en partie à réduire ses coûts fixes, y compris ceux liés au personnel et à l'administration, afin de s'assurer que la part la plus importante possible des ressources profite aux bénéficiaires. Parmi les mesures envisagées figurent le transfert plus près des théâtres d'opération du personnel qui soutient les activités de terrain et la relocalisation de certaines activités basées à Genève. António Guterres a précisé que le soutien des gouvernements était essentiel pour que cette réforme aboutisse et a remercié les donateurs pour les contributions effectuées l'an passé.
« Nous ne pouvons oublier notre impératif moral à l'égard des personnes dont nous avons la charge », a déclaré António Guterres, en ajoutant que le budget annuel de l'UNHCR, d'environ un milliard de dollars, ne permet toujours pas d'aider suffisamment les réfugiés qui souhaitent rentrer chez eux ou de leur fournir les soins de santé de base. « Nous ne pouvons accepter que les ressources qui doivent être engagées pour le bien des personnes dont nous avons la charge soient dépensées inutilement pour l'organisation », a-t-il dit.
« Notre impératif catégorique à l'égard de nos bénéficiaires, qu'il s'agisse de réfugiés ou du nombre croissant de déplacés internes, consiste à accorder une priorité absolue à la satisfaction de leurs besoins. »
Il a ajouté qu'un autre défi était de remédier à l'un des « échecs les plus cuisants » de la communauté internationale, l'oubli des dizaines de millions de déplacés internes qui - parce qu'ils restent à l'intérieur des frontières de leur pays - ne bénéficient pas des mesures de sauvegarde et de l'assistance fournies aux réfugiés qui se trouvent hors de leur patrie. António Guterres a précisé qu'en plus de son mandat initial de protection des réfugiés dans le monde, l'UNHCR est devenu un partenaire pleinement engagé dans la nouvelle approche commune adoptée pour venir en aide aux quelque 24 millions de personnes déplacées internes dans le monde.
« Nous participons désormais à la réponse collective du système des Nations Unies et de la communauté humanitaire au sens large et, dans ce contexte, avons assumé la responsabilité du module relatif à la protection, aux abris d'urgence, à la coordination et à la gestion des camps », a-t-il dit. « Les leçons tirées de ... quatre pays pilotes - Ouganda, République démocratique du Congo, Libéria et Somalie - nous serviront d'exemples. »
António Guterres a précisé que cette nouvelle approche a contribué au retour de plus de 300 000 déplacés internes en Ouganda, « transformant une situation humanitaire dramatique en une éventuelle histoire à grand succès ». Il a ajouté que l'UNHCR réévalue également à l'heure actuelle son travail auprès des déplacés internes en Colombie, au Sri Lanka, dans le Caucase et en Côte d'Ivoire. En dépit des progrès observés dans certaines situations de déplacement interne, environ 2 millions de personnes déplacées internes dans la région soudanaise du Darfour ont encore désespérément besoin de protection et d'assistance.
« Face à une situation comme le Darfour, l'action d'organisations comme la nôtre, se heurte à de sérieuses contraintes », a dit António Guterres. « En l'absence d'un cadre clair pour l'exercice de la responsabilité de protection, la communauté internationale reste fondamentalement impuissante. L'insécurité, qui a grandi au Darfour, a désormais gagné le Tchad et menace la République centrafricaine. »
En passant en revue les progrès réalisés dans divers domaines au cours de l'année écoulée, António Guterres a évoqué l'importance fondamentale de la protection et de l'asile dans un monde en rapide évolution.
« A une époque où monte l'intolérance, alimentée par les préoccupations de sécurité et la confusion dans l'opinion publique entre les migrants ou les réfugiés, il nous faut tout d'abord préserver l'asile et rétablir la confiance dans les systèmes d'asile », a-t-il dit. « Des développements inquiétants - souvent délibérément encouragés par le populisme dans les milieux de la politique et de l'information nous entraînent dans la mauvaise direction. »
La préservation de l'asile implique de s'opposer à toute forme de refoulement - ou retour forcé des réfugiés - et de garantir le respect du droit international des réfugiés, qui ne « doit pas céder devant la législation nationale, les traités d'extradition ou se voir redéfini par des dispositions bilatérales ».
António Guterres a également évoqué les efforts des gouvernements et d'autres partenaires pour répondre aux besoins de protection des réfugiés parmi les dizaines de millions de migrants qui se déplacent aujourd'hui dans le monde. Dans le cadre de la mondialisation actuelle, l'argent circule sans entrave ; les biens et les services moins librement et les personnes encore moins bien. Ici aussi, l'offre s'ajustera à la demande, « légalement si elle le peut, illégalement si elle le doit ».
« C'est pourquoi juguler la migration clandestine ne consiste pas simplement à contrôler les frontières mais exige une réponse globale », a ajouté António Guterres. Cette réponse devrait comprendre des possibilités réelles de migration autorisée, des stratégies de coopération au développement ciblant les situations les plus vulnérables afin que les populations ne soient pas obligées de fuir par désespoir, et une coopération internationale pour gérer les flux migratoires, ainsi que la poursuite convainquante des trafiquants et autres passeurs.
En focalisant son attention sur les régions d'origine, de transit et sur les pays de destination, l'UNHCR a proposé un plan en 10 points qui expose des mesures pouvant être intégrées dans les procédures relatives aux migrations pour assurer que les réfugiés soient identifiés et protégés.
« Nous connaissons la différence entre un migrant et un réfugié et nous ne voulons pas devenir une institution chargée de la gestion des migrations », a-t-il déclaré. « Mais nous sommes les témoins d'une recrudescence de mouvements à caractère mixte où les migrants sont les plus nombreux mais où l'on voit également apparaître des personnes ayant besoin d'une protection internationale : des réfugiés, des femmes victimes de la traite, des mineurs non accompagnés. Notre rôle est de contribuer à créer un environnement permettant d'identifier ces personnes et de leur apporter une protection. »
L'an passé, l'UNHCR a aidé à trouver des solutions pour des centaines de milliers de réfugiés, essentiellement par le biais du rapatriement volontaire. Mais le caractère durable de ces retours vers des pays dévastés qui émergent de conflits est une « préoccupation dramatique », a ajouté António Guterres. Il a cité le cas de la République démocratique du Congo, du Sud-Soudan, du Burundi, de l'Afghanistan et du Libéria, des pays qui ont besoin d'une assistance internationale soutenue afin de s'assurer que ceux qui sont rentrés restent chez eux.
« Dans toute opération, la promotion du retour ne vient qu'après la réunion de conditions minimales propices et lorsque nous sommes capables de vérifier que la population pourra vivre en sécurité dès son retour », a-t-il dit. « La réponse aux problèmes de la transition après des années de conflit et avant de mettre en place les bases d'un développement durable, n'est pas un domaine où la communauté internationale excelle. »
La réunion du Comité exécutif, qui dure toute cette semaine, est présidée par l'Ambassadeur japonais Ichiro Fujisaki. Le Comité exécutif examine et approuve les programmes et le budget de l'UNHCR, émet des avis consultatifs sur des questions de protection et discute d'un large éventail d'autres sujets.
La session d'ouverture a également été l'occasion de présenter le lauréat de la distinction Nansen 2006 pour les réfugiés, le Docteur Akio Kanaï, optométriste japonais devait recevoir lundi soir la distinction Nansen 2006 pour les réfugiés, en reconnaissance du travail qu'il a effectué au cours des vingt dernières années en fournissant des soins oculaires à 100 000 personnes déracinées dans le monde. Le Dr Kanaï a indiqué aux délégués que ses 24 missions « d'aide à la vision » en faveur des réfugiés et des déplacés en Asie et Asie centrale depuis 1983 ont démontré que les particuliers utilisant leurs compétences propres peuvent encore faire la différence dans le monde d'aujourd'hui.