Le HCR appelle à des alternatives plus sûres pour faire cesser les traversées meurtrières du golfe du Bengale
Le HCR appelle à des alternatives plus sûres pour faire cesser les traversées meurtrières du golfe du Bengale
Selon un nouveau rapport du HCR, les mouvements maritimes mixtes en Asie du Sud-Est sont trois fois plus meurtriers qu'en Méditerranée l'année dernière - en soulignant l'urgence d'une plus grande coopération pour la recherche et le sauvetage parmi les États touchés.
Le tout dernier rapport (en anglais) sur « les mouvements maritimes mixtes en Asie du Sud-Est » fournit des statistiques et des tendances clés sur les mouvements dans l'océan Indien en 2015. A travers toute la région, environ 33 600 réfugiés et migrants de diverses nationalités ont embarqué à bord de bateaux de passeurs, dont 32 600 dans le golfe du Bengale et la mer d'Andaman, quelque 700 autres dans le détroit de Malacca et plus de 200 personnes ayant été interceptées durant leur traversée vers l'Australie.
La majeure partie des passagers étaient des Rohingyas et des ressortissants bangladais dans le golfe du Bengale et la mer d'Andaman. Les chiffres font état de deux saisons - la première moitié de 2015 a été le théâtre du nombre le plus élevé jamais enregistré de départs (31 000), tandis que la seconde moitié de l'année (avec quelque 1600 départs) était beaucoup plus calme que les années précédentes. Dans leur ensemble, les départs pour l'année 2015 dans le golfe du Bengale se sont élevés à un peu plus de la moitié par rapport au record enregistré l'année précédente.
Cette diminution peut être attribuée à plusieurs facteurs, y compris la découverte de fosses communes le long de la frontière terrestre entre la Thaïlande et la Malaisie avec les restes de plus de 200 arrivants présumés, les répressions gouvernementales sur les réseaux de passeurs et les contrôles aux points de départ et d'arrivée traditionnels. Les passeurs ont été poussés à abandonner leurs passagers à la mer, ce qui conduit à un « ping pong maritime » très médiatisé sur des opérations de secours pour retrouver des bateaux et débarquer des milliers de personnes puis sur la détention de ces personnes qui en a résulté et qui se poursuit dans certains pays d'accueil. La saison de la mousson a suivi, ce qui réduit toujours les traversées.
Malgré la baisse des traversées, le bilan de 2015 était encore trois fois plus élevé en Asie du Sud-Est qu'en mer Méditerranée. Quelque 370 personnes seraient mortes dans le golfe du Bengale et la mer d'Andaman en 2015 - pas de noyades, mais du fait des mauvais traitements et de maladies provoqués par les passeurs qui ont commis des abus et qui, dans de nombreux cas, ont tué des passagers en toute impunité. Le bilan comprend également les personnes tuées dans une dispute sur les approvisionnements en diminution à bord d'un bateau qui avait été empêché de débarquer à deux reprises. Certains de ces décès auraient pu être évités avec un débarquement rapide.
Ailleurs dans la région, de source médiatique, 263 personnes à bord de neuf bateaux ont tenté de rejoindre l'Australie et la Nouvelle-Zélande en 2015. Au départ de l'Indonésie, de Sri Lanka et du Viet Nam, ces bateaux transportaient des passagers depuis le Bangladesh, l'Inde, l'Iraq, le Myanmar, le Népal, le Pakistan, Sri Lanka et le Viet Nam et ils ont finalement été empêchés de rejoindre l'Australie par les autorités australiennes et indonésiennes.
Le HCR estime que, sans remédier aux causes profondes des déplacements, des personnes continueront de risquer leur vie à bord de bateaux de passeurs en quête de sécurité et de stabilité ailleurs.
En 2015, les gouvernements de la région ont fait part, lors de réunions de haut niveau, de leur intention de lutter contre ce problème régional. Il est urgent que les Etats concernés décident de mesures concrètes pour coordonner les procédures de sauvetage en mer, identifier des ports où débarquer les passagers en toute sécurité ainsi que mettre en oeuvre des procédures de réception et de profilage à l'arrivée. Les personnes ayant fui leur pays d'origine et ne pouvant rentrer en raison d'un manque de protection doivent se voir accorder le refuge temporaire et pouvoir exercer leurs droits fondamentaux et accéder aux services essentiels alors que les solutions à long terme sont recherchées pour elles.
Afin de minimiser les décès en mer, des voies sûres et légales - y compris la migration de travail et des programmes de regroupement familial - doivent être accessibles pour les personnes quittant des conditions difficiles dans leur pays d'origine. Le HCR espère que les accords sur la migration de travail pourraient également être mis en place pour les Rohingyas qui se trouvent déjà dans des pays importateurs de main d'oeuvre, leur permettant ainsi de contribuer à l'économie de leurs pays d'origine et d'accueil.
Le mois prochain, la réunion ministérielle sur le Processus de Bali sera l'occasion d'aborder ces problèmes.
Les causes profondes doivent être traitées simultanément. Une levée des restrictions existantes sur la liberté de mouvement et l'accès aux services essentiels à travers tout l'État de Rakhine au Myanmar permettraient à des milliers de personnes de vivre normalement et de ne plus envisager de risquer leur vie lors de dangereuses traversées en mer.
Le HCR étudie également avec intérêt le projet du Gouvernement du Bangladesh d’identifier des centaines de milliers de sans-papiers rohingyas au sud-est du Bangladesh. Nous espérons que ce programme permettra de leur délivrer des documents d’identité et de leur permettre l'accès aux services.
Près de 170 000 Rohingyas et Bangladais auraient effectué la traversée périlleuse du golfe du Bengale depuis 2012. Pour lire les récits (en anglais) de certains, consultez ce dossier spécial