Rwanda : Dans un nouveau camp, une réfugiée amputée résiliente voit sa vie transformée
Rwanda : Dans un nouveau camp, une réfugiée amputée résiliente voit sa vie transformée
AMP DE REFUGIES DE MUGOMBWA, Rwanda, 25 juin (HCR) - Judith ajuste timidement sa jupe après avoir posé son fils de deux ans en équilibre sur ses genoux. Son kitenge traditionnel, une sorte de sarong, couvrant une jambe jusqu'à la cheville, elle veille à ce que son autre jambe, amputée, reste cachée.
Mais ce n'est pas sa jambe en moins - perdue lors de la guerre dans son pays natal, la République démocratique du Congo (RDC) - que Judith Mukansanga a en tête aujourd'hui. Cette réfugiée de 31 ans fête l'acquisition d'une maison sûre pour elle et ses trois enfants dans laquelle elle peut se mouvoir avec une relative aisance malgré son handicap.
Judith a surmonté des obstacles qui en décourageraient beaucoup. Elle a perdu sa jambe droite à cause d'une blessure par balle lors des combats entre forces gouvernementales congolaises et rebelles dans la province du Nord Kivu il y a deux ans. Elle a décidé de fuir avec sa famille au Rwanda voisin, en parcourant 75 kilomètres principalement en moto parce que ses béquilles l'empêchaient d'avancer.
Au cours de leur fuite, elle et ses enfants ont été séparés de son mari; elle a appris plus tard par des rumeurs que, soupçonné d'avoir rejoint un groupe rebelle, il aurait été arrêté. Elle ne l'a pas revu depuis deux ans.
Après avoir trouvé la sécurité dans l'ouest du Rwanda, Judith et ses trois enfants ont dû passer une année au centre de transit de Nkamira, situé près de la frontière avec la RDC. A l'origine, ce centre était conçu pour abriter des réfugiés pour quelques jours seulement. Le Rwanda, pays surpeuplé, dispose de peu de places pour les nouveaux arrivants dans ses quatre camps de réfugiés existants.
« La vie dans le centre de transit était très difficile pour moi », se remémore Judith. « C'était particulièrement difficile de dormir la nuit ».
Il lui était difficile de circuler avec ses béquilles dans le centre exigu. Les familles dormaient quasiment les unes sur les autres ; il n'y avait aucune vie privée et la promiscuité conduisait à des disputes entre personnes contraintes d'être des voisins.
En outre, elle était préoccupée que ses deux filles, en âge d'être scolarisées à 7 et 10 ans, ne bénéficient pas d'un enseignement formel. Elles n'assistaient qu'à des cours informels d'anglais et de kinyarwanda, assises par terre dans une classe bondée.
Depuis que le HCR a construit le nouveau camp de Mugombwa dans le sud du Rwanda - et y a transféré quelque 9 000 réfugiés - la vie s'est améliorée pour Judith, ses deux filles et son petit garçon.
Elle s'entend bien avec ses voisins. Il y a un hôpital au cas où un membre de la famille tomberait malade. Et ses filles sont très excitées d'être inscrites dans le système éducatif national et d'avoir « de vrais bureaux où s'asseoir ! ». Le HCR n'a pas encore pu lui fournir une prothèse, mais cela ne la préoccupe pas en priorité.
« Bien que la vie soit toujours un combat pour moi, je suis heureuse d'avoir ma propre maison », déclare Judith, pleine d'enthousiasme. « Je peux dormir en paix. Mais le plus important est que mes enfants soient plus en sécurité et puissent fréquenter une école normale ». « Je peux enfin retrouver l'espoir », déclare-t-elle.
Par Erika Fitzpatrick dans le camp de réfugiés de Mugombwa, Rwanda