Déclaration d'Angelina Jolie, Emissaire du HCR, pour la Journée mondiale du réfugié 2013
Déclaration d'Angelina Jolie, Emissaire du HCR, pour la Journée mondiale du réfugié 2013
Camp de réfugiés de Za'atri, Jordanie, 20 juin - Depuis la Jordanie où je me trouve, et dans l'ensemble de la région, la crise syrienne est la crise humanitaire la plus aigüe à travers le monde aujourd'hui.
1,6 million de personnes ont déjà fui la Syrie avec seulement les vêtements portés ce jour-là, et davantage arrive encore chaque minute.
Plus de la moitié d'entre elles sont des enfants.
Les réfugiés ont laissé derrière eux un pays où des millions de personnes sont déplacées, souffrant de la faim, de privations et endurant la peur ; où d'innombrables femmes et jeunes filles ont subi des viols et des violences sexuelles ; où une génération entière d'enfants est déscolarisée et où au moins 93 000 personnes ont été tuées : les amis, les voisins, les pères, les mères et les enfants des personnes qui vivent dans ce camp aujourd'hui.
Je veux remercier les peuples de la Jordanie, du Liban, de l'Iraq et de la Turquie qui assurent l'hébergement de réfugiés syriens dans leurs maisons et dans leurs communautés. Leur générosité sauve des vies humaines. Mais ils ne peuvent pas le faire seuls. Les donateurs doivent se mobiliser pour couvrir les appels de fonds et apporter un soutien. La surcharge sur l'économie de ces pays menace grandement leur stabilité.
Je conjure toutes les parties au conflit syrien à cesser de cibler les civils et à permettre l'accès de l'aide humanitaire.
Et j'en appelle aux dirigeants à travers le monde - svp dépassez vos divergences, unissez-vous pour faire cesser la violence et réussir la diplomatie. Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit assumer ses responsabilités. Toutes les 14 secondes, quelqu'un traverse la frontière de la Syrie et devient un réfugié. Et à la fin de cette année, la moitié de la population syrienne - 10 millions de personnes - aura désespérément besoin de nourriture, d'abris et d'assistance. La vie de millions de personnes est entre vos mains. Vous devez trouver un terrain d'entente.
En cette Journée mondiale du réfugié, je voudrais dire un mot sur plus de 15 millions de personnes qui vivent également en tant que réfugiés à travers le monde.
Les réfugiés sont souvent oubliés et fréquemment incompris. Ces personnes sont considérées comme une charge, sans ressource, ou comme des personnes qui souhaitent seulement rejoindre un autre pays. Un réfugié n'est rien de tout ça.
J'ai rencontré des réfugiés à travers le monde. Ce sont des gens raffinés, résilients et travailleurs. Ils ont enduré davantage de violence et ressenti davantage de peur que nous n'en connaitrons jamais. Ils ont perdu leurs maisons, leurs possessions et leur pays. Ils ont souvent perdu des proches et des amis disparus lors de morts affreuses. Confrontés à la guerre et à l'oppression, ils ont choisi de ne pas prendre les armes, mais de tenter de trouver la sécurité pour leurs familles. Ils méritent notre respect, notre reconnaissance et notre soutien - pas seulement aujourd'hui mais pour toute la traversée de cette épreuve.
En aidant les réfugiés, ici au camp de Za'atri et à travers le monde, nous investissons sur des personnes qui reconstruiront un jour leur pays, et un monde plus pacifique pour nous tous. Alors en cette Journée mondiale du réfugié, je leur rends hommage et je me sens privilégiée d'être à leurs côtés.