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Les Libanais ont pris le chemin du retour dès l'application du cessez-le-feu

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Les Libanais ont pris le chemin du retour dès l'application du cessez-le-feu

Des milliers de familles libanaises entassées dans des voitures avec leurs biens ont envahi les routes lundi. Après avoir fui le mois dernier en raison de la guerre, elles se précipitent vers ce qui reste de leurs maisons. Elles ont pris la décision de rentrer après l'annonce du cessez-le-feu.
14 Août 2006 Egalement disponible ici :
Une Bédouine libanaise et sa famille se préparent à traverser la frontière syro-libanaise seulement quelques heures après l'application du cessez-le-feu.

POSTE FRONTIERE DE YABOUS, Syrie, 14 août (UNHCR) - Des milliers de familles libanaises entassées dans des voitures avec leurs biens ont envahi les routes lundi. Après avoir fui le mois dernier en raison de la guerre, elles se précipitent vers ce qui reste de leurs maisons.

« Nous sommes ici depuis 26 jours, il est temps de rentrer », explique un père de sept enfants pendant une courte pause sous la tente de l'UNHCR à ce point de frontière, où les employés distribuent des bouteilles d'eau et des biscuits énergétiques.

Lui et sa famille ont été hébergés dans un hôtel ouvert gratuitement aux Libanais dans la zone de Zabadany près de la capitale syrienne, Damas. Maintenant, ils veulent rentrer au sud de Beyrouth, suite à l'annonce du cessez-le-feu.

L'homme indique qu'il ne sait pas où sa famille va dormir cette nuit : « Ce n'est pas grave. Peut-être que notre maison est détruite, peut-être pas. Nous ne savons pas. Même si nous devons dormir dans un parc cette nuit, nous sommes tellement heureux de rentrer chez nous. »

Des taxis syriens et libanais, des minibus, des voitures privées, des camions et même des tracteurs surchargés font la queue au point de contrôle de l'immigration au poste frontière de Yabous, sur la route principale entre Damas et Beyrouth. D'après le personnel de l'UNHCR, cette situation se répète à d'autres points de passage entre la Syrie et le Liban. A quatre heures de l'après-midi, huit heures après l'application du cessez-le-feu, l'UNHCR estime à 10 000 le nombre de Libanais déjà rentrés de Syrie.

Le nombre de Libanais hébergés en Syrie a atteint le cap des 180 000, sur un total de presque un million de personnes déplacées par la guerre.

A l'intérieur du Liban, cette situation s'est reproduite sur les routes de retour vers les zones fuies pendant la guerre. L'UNHCR dispose de cinq équipes mobiles surveillant les principales routes de transit dans le pays, à la fois depuis la Syrie et vers le sud dans les zones les plus durement touchées par les combats. Un employé de l'UNHCR a compté 1 200 voitures par heure se dirigeant vers Marjayoun, un centre régional situé près de la frontière israélienne.

Des scènes similaires se sont déroulées sur la route vers le sud depuis Saïda vers Tyr, qui a été coupée la semaine dernière par la destruction du dernier pont sur la route de la côte. La congestion a valu à un convoi des Nations Unies, qui contenait un chargement de biens de secours de l'UNHCR, d'être retardé de cinq heures pour effectuer un trajet effectué normalement en 45 minutes.

Les cinq équipes de l'UNHCR ont donné de l'eau, des couvertures, des matelas et d'autres biens de nécessité aux Libanais rentrant chez eux. Ils ont aussi prévenu les populations du nombre important de munitions non explosées dispersées dans la campagne.

En Syrie, l'UNHCR a indiqué qu'en plus de distribuer de l'aide aux personnes regagnant leur foyer, d'identifier les personnes vulnérables ayant besoin d'une aide spécifique et de surveiller les points de passage aux frontières, l'organisation fournirait une aide au transport pour les Libanais qui n'en ont pas les moyens.

« Il est étonnant de voir qu'un si grand nombre de personnes ont décidé de rentrer immédiatement », explique Laurens Jolles, le délégué de l'UNHCR en Syrie. « Il y a des gens qui viennent de tout le Liban et les chiffres semblent continuer à augmenter. »

« D'un autre côté, je m'inquiète un peu de ce qui les attend dans leurs villages d'origine, de l'état dans lequel se trouvent leurs maisons, leurs amis ou leurs proches. Je pense cependant que ce retour rapide est un développement positif. »

A Beyrouth, la Haut Commissaire assistante de l'UNHCR Judy Cheng-Hopkins a rencontré le Premier Ministre libanais Fouad Siniora pour discuter des retours de la population déplacée et de la réhabilitation. L'UNHCR prévoit d'offrir d'abord des tentes aux victimes du conflit les plus vulnérables puis de travailler avec d'autres agences et avec le gouvernement pour fournir des hébergements plus solides.

Le cessez-le-feu a ouvert la voie à l'accélération de la livraison d'aide humanitaire. Les Nations Unies ont déchargé deux bateaux dans le port de Beyrouth. Ils contenaient des matelas, des tentes et des couvertures de l'UNHCR qui avaient été livrées par avion à Chypre la semaine dernière depuis la Jordanie et le Danemark. A Saïda, l'UNHCR a ouvert un entrepôt lundi pour rapprocher l'aide des zones connaissant le plus grand dénuement. Un bureau partagé avec d'autres organisations des Nations Unies va aussi bientôt être ouvert à Tyr, la ville côtière endommagée située juste au nord de la frontière israélienne.

Quelques difficultés sont apparues en raison du retour survenu immédiatement après le début d'un cessez-le-feu dont la solidité n'a pas encore été vérifiée. Une jeune fille, racontant à un employé de l'UNHCR qu'elle voulait juste rentrer pour retrouver ses jouets et ses amis, a expliqué que sa famille avait fait ses bagages et quitté la Syrie deux heures avant le début officiel du cessez-le-feu.

Un employé syrien de l'immigration a indiqué que les voitures libanaises ont envahi la frontière, klaxonnant et agitant des drapeaux : « Espérons seulement qu'ils n'auront pas à revenir et que la paix va durer. »

Une Bédouine libanaise et sa famille se préparent à traverser la frontière syro-libanaise seulement quelques heures après l'application du cessez-le-feu.

Les rapatriés, impatients de revoir leurs maisons, semblaient peu préoccupés par la sécurité ou par ce qu'ils risquent de trouver dans leurs villes ou villages ravagés par la guerre. « Ce n'est pas grave si nos maisons sont détruites, nous les reconstruirons », répètent-ils tel un refrain aux équipes de l'UNHCR.

Par Annette Rehrl au poste frontière de Yabous, et Astrid van Genderen Stort à Beyrouth