Près de 320 000 civils ont fui la Somalie cette année, dont 20 000 au Yémen
Près de 320 000 civils ont fui la Somalie cette année, dont 20 000 au Yémen
GENÈVE, 21 octobre (HCR) - La dégradation de la situation humanitaire en Somalie a déjà forcé près de 320 000 Somaliens à fuir cette année. « Alors que la majorité d'entre eux recherchent la sécurité et une aide humanitaire dans les pays voisins, au Kenya et en Ethiopie, de nombreux Somaliens continuent à se diriger vers le nord du pays pour effectuer la traversée périlleuse du golfe d'Aden », a indiqué Andrej Mahecic, porte-parole du HCR, aux journalistes à Genève vendredi.
Il a ajouté que, depuis janvier, 20 000 nouveaux réfugiés somaliens étaient arrivés au Yémen. « Dans les centres de réception au Yémen, les nouveaux arrivants témoignent auprès de notre personnel des principales raisons de leur exil depuis la Somalie, qui sont la sécheresse, la famine, le conflit et le recrutement forcé », a-t-il indiqué.
L'afflux croissant met à rude épreuve le Yémen et le HCR. Entre janvier et juillet, les arrivées de Somaliens s'élevaient en moyenne à 1 600 personnes par mois. Leur nombre s'est accru à 4 500 en août et 3 292 en septembre, et ce malgré l'instabilité au Yémen. Au total, quelque 196 000 réfugiés somaliens se trouvent désormais au Yémen, où nos ressources sont encore fragilisées par le déplacement interne qui affecte plus de 415 000 personnes.
« La détérioration des conditions de sécurité rend notre travail plus dangereux et plus complexe », a indiqué Andrej Mahecic à Genève. Les combats dans le governorat d'Abyan (à l'est d'Aden) au Yémen rendent de plus en plus difficile le transport des nouveaux arrivants depuis les centres de réception situés le long du golfe vers le camp de réfugiés de Kharaz.
Le partenaire opérationnel du HCR, lauréat de la distinction Nansen 2011 pour les réfugiés, la Société pour la solidarité humanitaire, est désormais obligé d'emprunter des itinéraires plus longs pour rejoindre les centres de réception et éviter les combats ainsi que de réduire la fréquence des convois entre les centres de réception et Kharaz. Dans les centres de réception et de transit situés le long de la côte, le HCR informe les nouveaux arrivants sur la situation actuelle et les risques potentiels au Yémen. Cependant, de nombreux réfugiés choisissent de ne pas attendre et quittent les centres à pied, pour traverser des zones affectées par le conflit.
La plupart des nouveaux arrivants indiquent au HCR qu'ils n'étaient pas au courant de la situation au Yémen et des conditions auxquelles ils seraient confrontés. Beaucoup ont quitté la Somalie en espérant qu'ils pourraient continuer leur chemin vers d'autres pays du Golfe ou trouver du travail au Yémen. Cependant, la dégradation de la situation de sécurité a limité leur liberté de mouvement et les opportunités d'emploi pour les réfugiés au Yémen se réduisent rapidement.
Pour ces raisons, certains des réfugiés pensent désormais à rentrer en Somalie. Le HCR mène un programme de rapatriement volontaire, seulement vers les régions relativement stables du Puntland et du Somaliland en Somalie pour les réfugiés qui en sont originaires. Cependant, la plupart des Somaliens au Yémen sont originaires des régions au sud et au centre de la Somalie, qui sont instables et déchirées par le conflit. Le nombre de ressortissants d'autres pays, principalement des Ethiopiens, arrivés au Yémen a également augmenté.
L'instabilité au Yémen donne également de nouvelles opportunités aux trafiquants d'êtres humains le long de la côte de la mer Rouge au Yémen. Des informations persistent sur l'enlèvement de migrants ou de réfugiés à leur arrivée - majoritairement pour obtenir une rançon ou pour une extorsion. Alors que les principaux objectifs semblent se porter sur les migrants éthiopiens cherchant une vie meilleure dans les pays du Golfe, des ressortissants somaliens ont également été enlevés.
Andrej Mahecic a indiqué que l'insécurité empêche souvent les patrouilles menées par des équipes humanitaires à accéder aux nouveaux arrivants avant les trafiquants d'êtres humains. « Une autre tendance inquiétante concerne les abus et les agressions sexuelles sur les femmes réfugiées et migrantes en mer », a indiqué Andrej Mahecic, ajoutant : « Avec nos partenaires, nous fournissons des soins médicaux et une aide psychologique aux rescapées. L'information est également transmise à la police yéménite pour un suivi judiciaire. »
Parallèlement, dans le complexe des camps de réfugiés de Dadaab à l'est du Kenya, nous observons une baisse spectaculaire du nombre de nouveaux arrivants depuis la Somalie. « Ceci pourrait s'expliquer par des opérations militaires menées à la frontière ou le début de lourdes pluies dans la région. La semaine dernière, nous n'avons vu aucun nouvel arrivant réfugié au centre d'enregistrement », a expliqué Andrej Mahecic.
Suite à un grave incident de sécurité à Dadaab la semaine dernière, le HCR et ses partenaires continuent toutefois leur travail pour sauver des vies au bénéfice de centaines de milliers de réfugiés. « Notre personnel et plus de 30 partenaires restent opérationnels dans les trois camps de Dadaab - Ifo, Dagahaley et Hagadera - ainsi que dans les nouveaux sites d'Ifo 2 et Kambioos », a indiqué Andrej Mahecic.
Conjointement avec le Programme alimentaire mondial, le HCR distribue des rations d'aide alimentaire d'urgence et des biens de secours aux récents arrivants. L'acheminement de l'eau vers les nouveaux sites est en cours alors que les trois hôpitaux à Ifo, Dagahaley et Hagadera fournissent des soins médicaux aux réfugiés. Les écoles primaires sont gérées par des enseignants recrutés parmi la population réfugiée dans les camps.
Le HCR travaille avec les autorités kényanes pour déployer d'urgence davantage de policiers dans les camps afin de renforcer les mesures de sécurité au bénéfice des réfugiés et des travailleurs humanitaires. Dadaab est le complexe de camps de réfugiés le plus vaste au monde, avec ses camps tentaculaires hébergeant plus de 463 000 réfugiés. Plus de 190 000 d'entre eux sont arrivés cette année après avoir fui l'insécurité et la famine en Somalie.