Questions/Réponses : L'actrice et activiste Mia Farrow ne reste pas inactive
Questions/Réponses : L'actrice et activiste Mia Farrow ne reste pas inactive
WASHINGTON, DC, Etats-Unis, 30 décembre (HCR) - Mia Farrow est une célèbre actrice, une activiste humanitaire et également l'Ambassadrice de bonne volonté du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) depuis 10 ans. Elle a effectué de nombreuses missions au Darfour au Soudan, au Tchad et en République démocratique du Congo où elle a rencontré des victimes des conflits et où elle s'est efforcée de mieux faire connaître les crises humanitaires. Elle vient de terminer un projet personnel associant des photos prises pendant ses missions à la chanson de John Lennon, « Imagine ». La vidéo peut être visionnée sur YouTube.
Tim Irwin, chargé de communication pour le HCR à Washington DC, s'est récemment entretenu de ce projet avec Mia Farrow.
Pourquoi ce projet ?
J'ai pris de nombreuses photos pendant toutes ces années - certaines lors de mes missions avec l'UNICEF, d'autres au cours de mes voyages privés - et j'écoutais une chanson de John Lennon diffusée au moment où il aurait eu 70 ans. Je suis arrivée aux paroles « Imagine no possessions, I wonder if you can » (Imagine le dénuement total, je me demande si c'est possible) et j'ai retrouvé quelques photos où je n'avais pas besoin d'imagination. J'ai rencontré des personnes qui ne possédaient rien. Et j'ai pensé : existe-t-il quelque chose avec laquelle je puisse les associer ? Je trouve que cette chanson est si belle, dans son message, dans sa mélodie. J'ai choisi les photos qui allaient avec les paroles. Je revenais d'Ouganda avec l'UNICEF et je voulais cesser de penser à toutes ces forces destructrices qui avaient déplacé ces personnes que j'avais prises en photo. Et je souhaitais porter cette réflexion : « If only the world could live as one » (« Si seulement le monde pouvait être uni »).
Avez-vous cherché à illustrer la chanson avec vos photos ou l'inverse ?
Non, j'écoutais la chanson et les paroles, puis je trouvais la bonne photo. Pour moi, ces photos ne sont pas seulement des images, ce sont des personnes avec qui j'ai passé du temps. Alors j'ai commencé à imaginer. Puis je suis allée consulter mes photos, j'ai écouté la chanson et j'ai commencé à les regrouper par groupe correspondant à chaque vague d'imagination. Ma belle-fille m'a aidée pour l'aspect technique. Mais ces personnes sur les photos me hantent toujours. Je ne pourrais pas écouter une chanson comme celle-ci sans que mon esprit s'évade vers ces personnes.
Beaucoup de photos sont des photos de réfugiés et d'enfants réfugiés. Est-ce un choix délibéré ?
Oui. J'ai mis l'accent sur les personnes déplacées essentiellement par les conflits. Parmi les exceptions, on trouve Haïti mais là-bas aussi les populations désirent ardemment la paix. Il y a tant de gens qui n'ont rien là-bas et qui attendent impatiemment la paix, la paix de l'esprit. Il existe tous types de paix.
Vous pouvez passer d'un extrême à l'autre, du monde de ceux qui vivent dans des camps de réfugiés à la vie aux Etats-Unis. Pensez-vous que les gens comprennent ce que signifie être un réfugié ?
Comment pourrions-nous ? Même si je passais beaucoup de temps dans ces conditions - j'ai fait 13 missions dans la seule région du Darfour - je ne suis pas de là-bas. Si j'ai fait l'expérience de leur situation, l'immense différence vient du fait que je peux partir, tandis qu'eux ne le peuvent pas. Donc je ne pourrai jamais vraiment comprendre totalement leur situation et j'espère ne jamais être dans la même situation. Mais si cela m'arrive, j'espère que j'aurai la grâce et la force de garder l'espoir, comme eux.
Espériez-vous que le montage des photos inspirerait les gens ou les provoquerait d'une certaine façon ?
Je voulais que les gens se mettent en colère, vraiment. Je souhaitais que les gens aient un sentiment d'indignation par rapport au fait que pendant que nous menons nos vies - et je sais que beaucoup de personnes dans mon pays et ailleurs ont des difficultés - nous pouvons difficilement imaginer ne rien avoir. Je pense que si les gens regardent dans les yeux de nos frères humains qui n'ont absolument rien, pas même la sécurité, alors ne sommes-nous pas obligés de faire quelque chose ?
Le 14 décembre, le HCR a célébré son 60ème anniversaire. Quelles sont vos réflexions pour l'avenir ?
Je pense que, face au déplacement, notre pire ennemi est notre sentiment d'impuissance. Nous ne pouvons pas céder à cette faiblesse. Et c'est la raison pour laquelle j'aime tant le HCR, parce que vous vous occupez des besoins des populations les plus vulnérables sur terre. Je pense que la personne la plus triste au monde est celle qui n'a rien fait parce qu'elle ne pouvait faire qu'un peu. Nous pouvons tous trouver des moyens d'aider des personnes dans le besoin.