Casse-tête dans les Caraïbes tandis que le HCR s'efforce de protéger les réfugiés
Casse-tête dans les Caraïbes tandis que le HCR s'efforce de protéger les réfugiés
MIAMI, Etats-Unis, 18 novembre (HCR) - Avec ses centaines d'îles isolées entourées par une mer d'azur, les Caraïbes n'attirent pas seulement des touristes mais aussi des opportunistes sans pitié. Les passeurs, qui vendent leurs services aux migrants en faisant miroiter le rêve d'un avenir meilleur aux Etats-Unis, sont attirés par le profit rapide quel que soit le coût humain.
Pour ces bandes dépourvues de scrupules, il n'y a rien de plus facile que de larguer un réfugié asiatique sans méfiance sur une petite île des Caraïbes en lui disant qu'il est près du Canada ou de dire à un réfugié du Moyen-Orient qu'il est déjà en Floride.
Des jours voire des semaines peuvent s'écouler avant que les migrants et les réfugiés perplexes découvrent exactement où ils se trouvent dans le monde et à ce moment-là - comme la somme est presque toujours payée d'avance - il leur reste peu de choses à faire. S'ils ont évité de finir à la dérive dans un bateau qui prend l'eau, sans eau et sans nourriture, c'est déjà un avantage.
En ayant recours à des volontaires dans dix lieux clés des Caraïbes, le HCR a mis en place un système pour essayer d'apporter une protection aux personnes relevant de sa compétence parmi les milliers de personnes qui, chaque année, se fraient un passage vers le nord en direction des Etats-Unis le long de routes maritimes qui serpentent et s'entrecroisent. Cette question figurera parmi les thèmes de discussion d'une conférence régionale sur les migrations mixtes et la protection des réfugiés qui s'ouvre jeudi à San José, capitale du Costa Rica.
La plupart des personnes qui prennent la route vers le nord sont originaires de la région des Caraïbes ou d'Amérique centrale ou du Sud, mais quelques unes proviennent d'autres continents, y compris des Africains de l'Ouest qui traversent l'Atlantique et des réfugiés qui fuient les conflits ou la persécution dans des pays comme l'Iraq, la Somalie et le Sri Lanka et tentent d'atteindre l'Amérique du Nord par le sud.
Pendant les périodes de conflit ou de troubles politiques dans certains Etats caribéens eux-mêmes, ces chiffres ont parfois atteint des dizaines de milliers. Les statistiques de la gendarmerie maritime américaine sur les personnes interceptées et renvoyées ne racontent qu'une partie de l'histoire.
Personne ne tient un décompte précis du nombre de personnes qui succombent aux tempêtes et aux autres périls en route. En 2008 et 2009, plus de 15 incidents maritimes entraînant des morts ont été enregistrés, avec au moins 150 décès confirmés et quelque 120 disparus en mer, parmi lesquels des femmes et des enfants.
Les Dominicains, les Cubains et les Haïtiens dominent invariablement les flux mixtes de migrants et de réfugiés qui se dirigent vers le nord. Mais la variété vertigineuse des itinéraires et des points de transit, ainsi que la diversité croissante des nationalités impliquées, fait apparaitre un tableau beaucoup plus complexe.
Tandis que la majorité des personnes en transit sont des migrants, un petit nombre de réfugiés se mélange à eux et les nouveaux arrivants font pression sur des systèmes d'asile parfois fragiles. Les capacités d'hébergement sur les îles sont davantage tournées vers l'accueil des hôtes payants que vers la satisfaction des besoins de migrants tannés et déshydratés. Les obstacles liés à la langue et les différences socioculturelles créent des défis auxquels les agents gouvernementaux et les habitants ne sont pas habitués.
Les réfugiés ont autant de chance de se retrouver interceptés, détenus, considérés comme des migrants économiques et rapidement renvoyés que d'être admis dans un système national d'asile. Et même pour les rares admis, les taux de reconnaissance dans les Caraïbes sont uniformément bas.
Dans ces circonstances, des partenariats efficaces sont essentiels pour assurer des niveaux minimaux de protection pour les réfugiés. A cette fin, le HCR a mis en place un réseau de volontaires de liaison honoraires pour effectuer un travail essentiel de protection sur une base pro bono dans dix lieux clés autour des Caraïbes.
Originaires de tous horizons, ces volontaires dévoués incluent des responsables de sociétés nationales de la Croix Rouge, des universitaires et des juristes. Ils comblent certaines lacunes que le HCR ne peut pas espérer remplir avec sa propre petite équipe itinérante qui opère depuis Washington.
Des accords de partenariat avec des organisations non gouvernementales à Belize, en République dominicaine, en Haïti, à la Jamaïque et à Trinité-et-Tobago constituent un autre volet essentiel du puzzle que représente la protection, qui s'étend désormais à l'ensemble des Caraïbes.
Au niveau régional, la coopération avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans le cadre d'une série de séminaires sur les migrations mixtes et la protection des réfugiés dans les Caraïbes a offert une plateforme aux Etats caribéens qui leur permet d'échanger des idées sur le renforcement des réponses concertées en matière de migration, de protection des réfugiés et de traite des êtres humains.
En attendant, la conférence régionale au Costa Rica offrira de nouvelles opportunités d'interaction entre les Etats caribéens et leurs partenaires d'Amérique du Nord et d'Amérique latine confrontés à des défis similaires. L'objectif de tout le monde est d'offrir une protection efficace aux réfugiés qui arrivent sur leurs côtes et des solutions humaines à des milliers de migrants.
Par Grainne O'Hara à Miami, Etats-Unis