Le HCR appelle à la mobilisation contre une menace d'épidémie de rougeole dans les camps de réfugiés somaliens en Ethiopie
Le HCR appelle à la mobilisation contre une menace d'épidémie de rougeole dans les camps de réfugiés somaliens en Ethiopie
ADDIS ABEBA - Le HCR exprime aujourd'hui son inquiétude grandissante sur le sort des réfugiés dans les camps de Dollo Ado au sud-est de l'Ethiopie, suite à des cas suspects de rougeole.
Le HCR craint que l'épidémie n'entraîne une forte mortalité et des maladies graves au sein d'une population réfugiée déjà vulnérable dont l'état de santé est fragile. Une épidémie pourrait également inverser les progrès réalisés ces dernières semaines pour stabiliser la situation des réfugiés somaliens, dont beaucoup sont arrivés en Ethiopie dans un état de santé déplorable.
Officiellement, on compte déjà la semaine dernière 47 cas et trois décès de cas suspects de rougeole dans le camp de Kobe comptant 25 000 personnes. Mais le 4 août, des travailleurs communautaires de santé ont fait état de 25 décès dans le camp, dont la moitié sont des cas suspects de rougeole. Les enfants réfugiés sont les plus touchés. D'autres cas suspectés ont été signalés dans deux autres camps de réfugiés dans cette région, ainsi qu'au centre de transit où plus de 15 000 réfugiés attendent d'être transférés dans le camp d'Hilaweyn qui vient d'être ouvert.
Selon des experts médicaux, quand la rougeole affecte des populations en bonne santé, elle n'est pas mortelle mais, par contre, les complications liées à cette maladie le sont. Dans les camps de réfugiés à Dollo Ado, la combinaison de la rougeole avec des niveaux élevés de malnutrition peut être fatale.
« Cette situation est alarmante et nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre. Nous devons agir maintenant, de façon urgente et décisive, pour stopper et renverser cette situation », a indiqué Moses Okello, le Représentant du HCR en Ethiopie, à son retour de Dollo Ado pour une évaluation de la situation sur le terrain.
Moses Okello a fait part de son « émoi » au vu de la situation dans les camps de Dollo Ado. Il a organisé une réunion urgente samedi avec les autorités éthiopiennes et des partenaires du HCR dans le domaine de la santé pour mettre sur pied un plan d'action. Il a indiqué que « la priorité absolue, c'est une campagne de vaccination massive », notant que la situation d'urgence exigeait « un travail d'équipe sans faille » pour une réponse efficace. Il a appelé tous les partenaires du HCR dans le domaine de la santé à intensifier leur capacité pour répondre « à des problèmes extrêmement graves en terme de santé publique. » L'UNICEF et l'OMS, via le Ministère éthiopien de la santé, fournissent les vaccins nécessaires.
Une campagne de vaccination pour tous les enfants âgés de six mois à 15 ans a commencé vendredi pour tous les enfants réfugiés transférés depuis le centre de transit vers le camp d'Hilaweyn, qui a été récemment ouvert. Quelque 300 enfants ont été vaccinés avant leur transfert et plusieurs cas supsects de rougeole ont été isolés et sont hospitalisés au dispensaire du centre de transit. Le transfert devrait s'achever au cours de la prochaine quinzaine avec des convois quotidiens de 1 000 personnes.
Suite à la réunion de samedi, le HCR et le gouvernement dirigeront une équipe conjointe ONU/ONG composée d'experts dans le domaine de la santé à Dollo Ado dimanche 7 août pour le déroulement d'un plan d'action incluant la préparation d'une campagne massive de vaccination débutant le 9 août pour tous les enfants âgés de 6 mois à 15 ans dans le camp de Kobe - le camp le plus affecté. La campagne de vaccination incluera également un vaccin contre la polio sera élargie aux autres camps ainsi que dans les communautés hôtes quand les autorités sanitaires le jugeront nécessaire.
Les travailleurs de santé ont souligné l'importance d'une gestion appropriée des cas identifiés de rougeole, en particulier car le vaccin assure une protection contre la maladie seulement 14 jours après l'injection. Ils ont également convenu de renforcer la surveillance et la recherche des cas grâce aux travailleurs communautaires de santé, en créant des dispensaires satellites et mobiles pour améliorer l'accès aux services de santé et intensifier une campagne d'information massive qui a commencé vendredi. Un pavillon d'isolement dans le camp de Kobe est également en cours d'installation et du personnel de santé supplémentaire est déployé pour aider à gérer ce pavillon ainsi que les dispensaires additionnels dans les camps.
Des experts dans le domaine de la santé ont indiqué que les taux élevé de malnutrition aiguë, la faible couverture vaccinale en Somalie et le surpeuplement dans les camps sont des facteurs aggravants associés à cette épidémie. Ils ont également cité d'autres difficultés comme les mauvaises habitudes en terme d'hygiène ainsi que la faible initiative de la population pour la demande de soins.
Avant l'épidémie, le HCR et ses partenaires de santé, ainsi que le gouvernement, avaient significativement augmenté leur capacité de réponse dans le domaine des soins de santé dans les camps pour lutter contre le taux élevé de malnutrition parmi les réfugiés nouvellement arrivés et le mauvais état général de la population. Des programmes pour lutter contre la malnutrition sont désormais mis en oeuvre dans tous les camps ainsi que dans les centres de transit ou de réception à la frontière. Tous les réfugiés dans le centre de transit reçoivent deux repas par jour pour améliorer leur état nutritionnel. Les soins de santé sont assurés 24 heures sur 24 et leur accès est amélioré grâce à des services d'ambulances. Des campagnes de sensibilisation sur la santé et du porte-à-porte pour l'identification des malades et des personnes souffrant de malnutrition ont été lancées.
Le 5 août, le nombre de réfugiés somaliens dans les camps de Dollo Ado avait atteint 118 400. Près de 78 000 d'entre eux sont arrivés cette année, en plus de plus de 41 600 réfugiés somaliens dans la zone de Jijiga dans la région Somali. L'Ethiopie accueille un total de 237 500 réfugiés, principalement des Somaliens, des Erythréens et des Soudanais.