Des réfugiés libériens commencent une nouvelle vie aux Etats-Unis
Des réfugiés libériens commencent une nouvelle vie aux Etats-Unis
NEW YORK, Etats Unis, 11 mars (HCR) - Dans une salle étroite située au sous-sol d'un immeuble de logements sociaux à Staten Island dans l'Etat de New York, à 25 minutes en ferry du quartier financier de Manhattan, un petit groupe d'employés, des volontaires pour la plupart, se préparent à ouvrir les portes d'une clinique dans un quartier qui a vu récemment la fermeture de deux hôpitaux locaux.
Cette clinique ouverte une fois par semaine reçoit un échantillon de la population du quartier ouvrier de Park Hill : des travailleurs journaliers, des migrants récemment arrivés et d'anciens réfugiés, ces derniers étant originaires du Libéria pour la plupart.
A la tête des préparatifs et en perpétuel mouvement, Jacob Massaquoi est lui-même un ancien réfugié originaire du Libéria et maintenant directeur du Refuge africain, une organisation qui vise à faciliter la transition pour ceux qui adaptent leur nouvelle vie aux Etats-Unis.
C'était en résultat de son travail en tant qu'activiste pour les droits de l'homme et acteur humanitaire que Jacob Massaquoi avait été invité par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés à venir participer à une commémoration à l'occasion de l'année des volontaires en 2001 au siège de l'organisation à Genève. Son franc-parler a cependant aussi retenu l'attention de l'ancien homme fort libérien, Charles Taylor.
A son retour de Genève, Jacob Massaquoi a été arrêté et emprisonné, une période au cours de laquelle il dit - sans rentrer dans les détails - avoir subi des « choses terribles ». Au cours d'une seconde arrestation quelques mois après, il a pu s'échapper, pour trouver abri au Ghana avant d'être reconnu en tant que réfugié aux Etats-Unis.
« J'ai vu beaucoup de violence et j'ai été témoin de l'exécution de mon propre frère », a-t-il dit depuis son petit bureau, qui aujourd'hui devient aussi la salle d'examen. « Mais je ne vaux pas mieux que ceux qui sont morts. J'ai créé le Refuge africain car je veux représenter à ceux qui sont morts. C'est mon objectif. »
En plus de sa clinique ouverte chaque semaine, qui emploie des étudiantes infirmières volontaires, le Refuge africain aide ceux qui viennent à la permanence pour trouver un logement, des emplois ou une école pour leurs enfants. Les jeunes ont la possibilité de venir dans un centre après l'école alors que leurs parents travaillent, nombre d'entre eux en tant qu'auxiliaires de santé à domicile ou employés de sécurité. Avec un fort taux d'illetrisme parmi ceux qui viennent au centre, l'assistance peut aussi venir sous forme d'une aide pour déchiffrer la facture d'une entreprise publique.
Le Refuge africain emploie seulement trois employés, dont deux sont à mi-temps, mais son travail attire l'attention au-delà de la côte de Staten Island. Jacob Massaquoi a fait l'objet récemment d'une interview dans un journal télévisé national dans la rubrique « faire la différence ».
L'organisation compte sur des contributions volontaires. En 2007, celles-ci avaient totalisé 10 000 dollars. « Je me versais un salaire de 16 dollars par mois », a indiqué Jacob Massaquoi. Aujourd'hui, son budget s'est multiplié par 10, mais avec l'économie américaine en chute libre et le taux de chômage à plus de huit pour cent, Jacob Massaquoi sait qu'il devra relever d'autres défis.
« Les périodes difficiles demandent des solutions innovantes », a-t-il dit. « Il y aura toujours des gens et des fondations recherchant à financer des organisations efficaces. Nous fournissons plus de cinq millions de dollars en services pour l'équivalent d'un budget d'environ 120 000 dollars. »
Jacob Massaquoi est confiant, au point que ses ambitions s'étendent maintenant au-delà du Refuge africain pour accueillir des personnes qu'il a laissées derrière lui au Libéria il y a huit ans. « Mon but ultime est d'assurer aux personnes de mon village le type de services que nous fournissons ici à Staten Island », a-t-il dit. « J'aimerais que certains d'entre eux puissent profiter des opportunités dont j'ai bénéficié. »
Par Tim Irwin à New York, Etats Unis