Un accord tripartite historique ouvre la voie aux retours organisés vers le Sud-Soudan
Un accord tripartite historique ouvre la voie aux retours organisés vers le Sud-Soudan
NAIROBI, 12 janvier (UNHCR) - Au cours d'un événement de toute première importance, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a signé, jeudi, le premier des sept accords tripartites qui ouvrira la voie au retour vers le Sud-Soudan de près de 70 000 réfugiés au cours du premier semestre 2006.
Cet accord a été signé aujourd'hui dans la capitale kényanne entre l'UNHCR et les gouvernements du Soudan et du Kenya - très précisément un an et trois jours après l'Accord de paix global (APG) également signé à Nairobi et qui a mis fin à 21 ans de guerre civile entre le Nord et le Sud.
« C'est à la fois très symbolique et tout à fait approprié d'avoir choisi le Kenya pour signer le premier accord tripartite pour le Sud-Soudan, étant donné le rôle fondamental que ce pays a joué pour la paix au Sud-Soudan », explique Jean-Marie Fakhouri, directeur des opérations de l'UNHCR pour le Soudan.
« Cela permet d'envoyer un message aux communautés réfugiées installées dans d'autres pays et de leur dire qu'un an après la signature de l'APG, il est temps de songer sérieusement à rentrer », ajoute-t-il.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés prévoit d'aider quelque 70 000 réfugiés (dont près de 10 000 au Kenya seulement) à mettre un terme à leur exil dans les pays voisins et à rentrer au Sud-Soudan avant que ne débute la saison des pluies en mai ou en juin. Jean-Marie Fakhouri explique que davantage de personnes pourront peut-être rentrer au cours de la seconde saison sèche vers la fin de l'année.
« Nous allons bientôt entrer dans la phase la plus cruciale de ce que nous préparons depuis la fin 2003 », indique George Okoth-Obbo, délégué de l'UNHCR au Kenya.
Les premières initiatives de l'UNHCR au Sud-Soudan ont concerné des projets pour aider les communautés locales à mieux accueillir les rapatriés, tels que le forage de puits, la construction d'écoles et la réparation de centres de santé. Quelque 550 000 réfugiés originaires du Sud-Soudan vivent dans les pays voisins, auxquels s'ajoutent au moins 5 millions de Soudanais déplacés dans leur propre pays.
Lors d'un premier mouvement de rapatriement, mi-décembre 2005, l'UNHCR a aidé au retour d'un premier petit groupe de 131 réfugiés vers le Sud-Soudan depuis le Kenya. On estime que l'année dernière quelque 70 000 à 80 000 réfugiés sont rentrés chez eux au Sud-Soudan par leurs propres moyens.
L'accord tripartite signé jeudi stipule les rôles et les obligations de chacun des trois partenaires pour aider les réfugiés sud-soudanais à rentrer du Kenya, d'abord depuis le camp de Kakuma dans le nord-ouest du Kenya qui accueille quelque 70 000 réfugiés soudanais.
Les trois parties sont tombées d'accord, par exemple, pour que tout retour se fasse sur une base volontaire, et le Soudan a promis que le rapatriement des réfugiés se ferait dans la sécurité et la dignité. Le Kenya s'est engagé à garantir les droits des réfugiés qui décident de rester sur place pour le moment.
Cet accord doit être suivi par des accords tripartites entre le Soudan, l'UNHCR et d'autres pays d'asile. Selon J.-M. Fakhouri, l'accord avec la République démocratique du Congo devrait être signé fin janvier 2006 et suivi par un accord avec la République centrafricaine. Il a expliqué que des accords sont aussi en cours de négociation avec l'Ouganda et l'Ethiopie, où quelque 14 000 réfugiés soudanais, sur les 73 000 hébergés dans cinq camps, ont demandé à l'UNHCR de les ramener immédiatement chez eux.
Ces accords devraient aussi aider à mobiliser les donateurs internationaux pour qu'ils financent davantage l'opération de rapatriement, selon J.-M. Fakhouri. En 2005, l'UNHCR n'a reçu pour les opérations au Soudan que 42 millions de dollars sur les 76 dont l'agence avait besoin. Pour 2006, le besoin de financement pour le rapatriement s'élève au minimum à 63 millions de dollars.
Lors d'une conférence de presse suivant la signature de l'accord tripartite, les journalistes et les réfugiés soudanais ont demandé que des écoles soient construites ainsi que des services soient fournis, avant le retour des réfugiés au Sud-Soudan. Mais J.-M. Fakhouri et le Brigadier Aleu Ayieni Aleu, Ministre de l'intérieur soudanais, ont alors tous deux soutenu que si les réfugiés rentrent chez eux pour reconstruire leur propre pays, les services suivront.
Après que les réfugiés de la région de Bor dans l'Etat de Jongley aient signifié à l'UNHCR leur volonté de rentrer, l'UNHCR a envoyé « quatre personnes avec des tentes » pour établir la première présence internationale sur place, a ajouté J.-M. Fakhouri. Cela a été le facteur déclenchant qui a attiré d'autres agences des Nations Unies et des organisations non gouvernementales à Bor pour travailler ensemble avec les rapatriés et initier le développement, a-t-il poursuivi.
« Oui, c'est vrai, cela va prendre des années avant que le Sud-Soudan ne rejoigne le niveau de services dont ont pu disposer les réfugiés dans les camps des pays voisins », explique J.-M. Fakhouri. « Mais tout se passera plus rapidement et dans la paix si les réfugiés apportent leur propre contribution par leur retour. Ce sont les rapatriés eux-mêmes qui seront les véritables artisans de la reconstruction. »
Le Brigadier Aleu est même allé plus loin. « Nous ne forcerons personne à rentrer, mais il est de votre devoir de rentrer chez vous », a-t-il dit aux réfugiés. « Vous devez venir et nous aider à mettre en place ce que vous demandez », les écoles et les centres de santé.
Par Kitty McKinsey à Nairobi