Près de 20 000 personnes ont fui l'est du Congo pour trouver refuge en Ouganda
Près de 20 000 personnes ont fui l'est du Congo pour trouver refuge en Ouganda
Plus de 10 000 réfugiés se sont rassemblés à Ishaka, localité ougandaise située à environ 1 kilomètre de la frontière congolaise. Un autre groupe, de 5 000 à 7 000 personnes selon les estimations, a accosté, après une traversée du lac Albert à bord d'embarcations de fortune, au village ougandais de Nkondo, situé à quelque 285 kilomètres à l'ouest de Kampala.
Le nombre de réfugiés arrivés en cinq différents endroits d'Ouganda s'élève, selon le personnel du HCR présent sur le terrain, à un total de 16 300 à 19 300 personnes.
« La majorité d'entre eux est constituée de femmes et d'enfants, dont beaucoup souffrent de problèmes de santé et ont un besoin urgent d'assistance », a déclaré vendredi à Genève à la presse Ron Redmond, porte-parole du HCR. A propos du groupe de Nkondo, il a ajouté : « Ils sont massés au pied d'un promontoire escarpé sur les rivages du lac, à un endroit où seuls de petits camions peuvent descendre par une route en très mauvais état. Beaucoup de ces réfugiés n'ont pas la force d'entreprendre cette montée de trois heures. »
L'antenne de l'agence d'aide aux réfugiés a acheminé à Nkondo, où elle a établi un centre de transit temporaire, du matériel de premier secours issu de ses entrepôts de Kampala, notamment des couvertures, des bidons, des kits d'ustensiles de cuisine, du savon et des bâches en plastique.
« Nous avons pris contact avec d'autres organismes des Nations Unies pour la fourniture d'aide alimentaire et sanitaire, et sommes en cours de négociation avec les autorités locales pour la construction d'un réservoir d'eau au centre du camp », a déclaré R. Redmond. Pour le moment les réfugiés boivent l'eau du lac, avec tous les risques que cela comporte pour leur santé.
Les réfugiés de Nkondo, venus du district d'Ituri, au nord-est du Congo, disent qu'ils ont fui les combats entre deux groupes ethniques, les Hemas et les Lendus, engagés dans un conflit qui remonte à l'ère coloniale.
Les autorités locales ougandaises, habituées depuis longtemps à de telles affluences, font en général bon accueil aux réfugiés, tout en préférant les déplacer vers l'intérieur du pays si la situation doit perdurer, afin d'éviter l'engorgement des villages de pêcheurs établis sur la rive du lac.
Le droit international stipule en outre que les camps de réfugiés doivent être éloignés d'un minimum de 50 kilomètres d'une frontière internationale. A la différence d'autres pays qui imposent aux réfugiés le maintien en camp, l'Ouganda met à disposition de ces derniers des terrains qu'ils peuvent cultiver pour leurs besoins et où ils peuvent recevoir l'aide et les services du HCR.
Ces derniers arrivants pourront être transférés à Kyaka II, une colonie agricole fertile à destination des réfugiés congolais en Ouganda occidental, mise sur pied à l'occasion de l'arrivée, en mai 2003, d'une vague de réfugiés lors des derniers affrontements entre Hemas et Lendus à Ituri, affrontements qui avaient à l'époque fait prendre le chemin de l'exode vers l'Ouganda à plus de 20 000 Congolais.
« Nous prévoyons le transfert samedi vers Kyaka II d'environ 600 personnes, a déclaré R. Redmond. Cette opération présente de sérieux problèmes logistiques : les routes et infrastructures de la région sont dans un état précaire et le voyage depuis la frontière prend au moins six jours. Nous avons également à faire face au problème de l'eau, tant sur la frontière qu'à Kyaka, où l'eau suffit à peine aux besoins de la population actuelle. »
L'Ouganda accueille aujourd'hui quelque 200 000 réfugiés sur son territoire. Avant cette dernière arrivée massive, seuls 10 000 d'entre eux provenaient de la République démocratique du Congo, les autres étaient issus en majorité du Soudan.