Le Haut Commissaire demande des fonds supplémentaires pour répondre aux besoins essentiels du Sud-Soudan
Le Haut Commissaire demande des fonds supplémentaires pour répondre aux besoins essentiels du Sud-Soudan
YARI, Soudan, 29 août (UNHCR) - A l'ombre d'un grand arbre dans un village au Sud-Soudan, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a promis ce dimanche « de dire aux dirigeants des pays riches » dans le monde qu'ils doivent faire plus pour améliorer la vie des peuples d'Afrique.
Dans une école primaire construite par l'UNHCR - la seule pour une communauté de 28 000 personnes - António Guterres a souligné les efforts de l'agence avec des fonds limités pour améliorer la vie au Sud-Soudan et rendre possible le retour des personnes qui ont fui leur pays pendant 21 ans de guerre civile.
« Nous pouvons aider en construisant quelques écoles, quelques centres de soins mais nous n'avons pas les moyens financiers de répondre à tous vos besoins », a-t-il expliqué, justifiant que la communauté internationale doit donner davantage d'argent pour l'aide au développement.
Il a établi un lien entre l'aide au développement, la croissance économique et la paix pour une région longtemps ravagée où, aujourd'hui encore, des mines terrestres abîment les sols et surtout fauchent des vies.
« Si nous voulons que les Ougandais soient en Ouganda, les Soudanais au Soudan et les Portugais au Portugal », a dit l'ancien Premier ministre portugais, « nous devons arrêter la guerre. Mais il est très difficile d'obtenir la paix si tout le monde est pauvre, si les gens n'ont pas assez à manger, si les enfants ne vont pas à l'école. »
Au 7ème des 10 jours de sa visite dans la région, il a reçu de vifs applaudissements de quelques centaines de villageois et d'écoliers - presque tous avaient fui leur maison 21 ans auparavant - quand il a dit « je veux que chaque personne dans le monde ait une maison ».
Alors que les réfugiés commencent à rentrer chez eux des pays voisins par leur propres moyens, ainsi que les personnes déplacées à l'intérieur du Soudan, l'UNHCR travaille à Yei et dans d'autres communautés au Sud-Soudan pour forer des puits et construire des écoles et des centres de soins afin d'améliorer les conditions pour les rapatriés, qu'ils reconstruisent leurs vies et restent définitivement dans leur patrie.
Lors d'une réunion animée avec des chants, du tambour et des danses, António Guterres a compris l'ampleur des besoins de cette communauté extrêmement pauvre. Yari, une ville à 27 km au sud de Yei, dans la province d'Equateur, a vu sa population augmenter de 22 000 habitants cette année à 28 000 avec les retours des réfugiés et des personnes déplacées, tout en ne disposant quasiment pas d'infrastructures ou de services. Les fonctionnaires ne sont pas payés.
« Les enfants devraient être en bonne santé, avoir à manger et être vaccinés », lui a dit un petit garçon de l'école primaire. Une jeune adolescente représentant les enfants à la recherche de leurs proches a ajouté : « Nous ne devrions pas être séparés de nos parents et de nos familles. »
Elizabeth, une ancienne réfugiée récemment rapatriée après un long séjour en Ouganda, a remercié l'UNHCR pour la construction du bâtiment scolaire en briques à Yari, le seul de la région qui ne soit pas une école en plein-air couverte d'un toit de chaume.
« Quand nous avons appris que l'école était construite, nous avons remercié le Seigneur », a-t-elle dit au Haut Commissaire. Elle a ajouté que quelques familles souhaitent tellement assurer une bonne éducation à leurs enfants, qu'elles les laissent dans les écoles des camps de réfugiés des pays voisins et rentrent sans eux au Sud-Soudan.
Elle souhaite, avec d'autres femmes analphabètes, recevoir une éducation. « Nous vous supplions de prévoir aussi une classe d'alphabétisation pour adultes », a-t-elle ajouté à António Guterres, alors que d'autres femmes l'acclamaient.
Un peu plus tôt dimanche, à Yei, António Guterres a prié les représentants des communautés locales d'exprimer précisément les besoins de la région ainsi que leur vision claire du futur. L'UNHCR est la seule agence humanitaire active à Yei et a largement dépassé son mandat habituel pour entreprendre des activités de développement. L'agence pour les réfugiés essaie d'attirer d'autres agences traditionnelles de développement pour créer des conditions de prospérité et s'assurer que les réfugiés ne devront plus fuir.
« Nous espérons un succès qui pourra servir d'exemple pour beaucoup d'autres régions au Soudan et de pays africains », a-t-il dit.
Lors d'une visite à Juba samedi, António Guterres a ajouté aux chefs du Sud-Soudan que l'UNHCR attend un grand nombre de réfugiés depuis la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et l'Ethiopie pour être au premier plan d'un rapatriement organisé. On estime à 500 000 le nombre de réfugiés du Sud-Soudan à l'extérieur du pays et quelque 4,5 millions de déplacés internes au Soudan, sans compter les 200 000 réfugiés et les 1,8 million de déplacés qui ont fui la région du Darfour, à l'ouest du Soudan ces deux dernières années.
António Guterres va visiter mardi le camp de réfugiés de Kakuma au nord du Kenya accueillant quelque 66 000 réfugiés soudanais, avant de rentrer à Genève plus tard dans la semaine.
Par Kitty McKinsey, au Sud-Soudan