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Retour par bateau vers la République démocratique du Congo

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Retour par bateau vers la République démocratique du Congo

Dans l'une des opérations de rapatriement de l'UNHCR les plus difficiles logistiquement, plus de 1 000 réfugiés congolais ont traversé la rivière Oubangui, la plupart d'entre eux dans des bateaux construits par l'UNHCR, qui ressemblent, disent les locaux, à des baleines avalant les passagers. De là, ils sont ramenés chez eux par des chemins boueux à travers la jungle épaisse.
13 Juillet 2005 Egalement disponible ici :
Les réfugiés traversent la rivière Oubangui dans une baleinière qui les ramène chez eux, depuis la République du Congo vers la République démocratique du Congo.

BETOU, République du Congo, 13 juillet (UNHCR) - C'est la saison des pluies au Congo. Il pleut à verse dans l'épaisse forêt vierge six mois par an, ces précipitations enflent la rivière Oubangui, qui descend en trombe de la République centrafricaine vers la grande rivière Congo.

Contrairement à d'autres parties d'Afrique où les pluies saisonnières désorganisent fréquemment les efforts de l'UNHCR pour aider les réfugiés, ici à la frontière entre la République du Congo et la République démocratique du Congo (RDC), l'Oubangui débordante fut un cadeau du ciel, devenue la route principale de retour chez soi pour des milliers de Congolais.

« C'est plus facile parce que le niveau d'eau est plus élevé et on peut naviguer plus facilement sur la rivière », a observé Jeannette Zuefle, responsable de la protection pour l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, en voyant plus de 100 réfugiés embarquer sur des bateaux construits, ce mardi, tout spécialement pour le voyage de retour après cinq ans d'exil.

« Pendant la saison sèche, nous avons eu des difficultés quand nous avons commencé ce rapatriement le 27 avril », a-t-elle dit. « L'eau était si basse que nous ne pouvions pas naviguer même avec de petits bateaux. Avec les gros bateaux, c'était impossible. »

Il y a quelque 16 000 réfugiés de la province d'Equateur au nord-ouest de la RDC vivant le long de la rivière en République du Congo que l'UNHCR va rapatrier avant la fin de l'année prochaine. Le convoi de mardi, comprenant 109 hommes, femmes et enfants a porté à près de 1 100 le nombre de personnes déjà rapatriées depuis le début de l'opération fin avril.

Ce rapatriement au coeur de l'Afrique, fut l'un des plus difficiles logistiquement pour l'UNHCR. Les problèmes logistiques - commençant par celui de devoir faire construire des bateaux pour transporter les réfugiés - ont retardé le rapatriement de plus de six mois, après la signature de l'accord entre les deux gouvernements pour le retour des réfugiés.

« Même quand nous avons trouvé du monde pour construire les bateaux, nous avons eu des difficultés pour trouver les gouvernails et les moteurs. Chaque étape était un problème », a dit Modeste Kouame, chef du bureau de l'UNHCR à Betou. Aussi incroyable que cela puisse sembler, au milieu d'une forêt aux arbres massifs, même obtenir le bois de charpente pour les bateaux dans les délais a été un problème, du fait d'une grève au sein de l'entreprise d'abattage.

Les réfugiés traversent la rivière Oubangui dans une baleinière qui les ramène chez eux, depuis la République du Congo vers la République démocratique du Congo.

Maintenant que les convois de bateaux ramènent les réfugiés chez eux deux fois par semaine, il est toujours difficile de les rassembler depuis les 39 sites où ils vivent dispersés sur 160 km au bord de la rivière. Quelques-uns vivent au fin fond de la forêt et l'UNHCR a du mal à les atteindre. (Ils ont survécu en pêchant, cultivant et en vivant de cueillettes dans la jungle depuis leur arrivée il y a cinq ans. Ils cohabitent - et parfois se marient - avec des membres de la communauté locale, et non pas isolés dans des camps de réfugiés comme dans beaucoup d'autres pays).

Quand les réfugiés ont embarqué dans les bateaux ovales de bois que la population locale a appelé baleinières - on suppose à cause de leur ressemblance avec les baleines qui engloutissent les passagers - ils n'ont pas eu idée des obstacles logistiques, mais plutôt animés à celle de finalement rentrer chez eux.

« C'est bien mieux à la maison ; mon pays est mon pays », dit Jean Max Bobuya, 26 ans, se préparant à ramener sa femme et sa petite fille à la maison, répétant un refrain familier des réfugiés.

Sous le regard vigilant des enfants locaux - c'était vraiment le meilleur spectacle en ville - les réfugiés font la queue patiemment tôt le matin pour attendre l'appel de leur nom. Leurs maigres possessions déjà sur un autre bateau, les femmes avec leurs bébés dans les bras et les filles portant leurs matelas plus grand qu'elles, embarquent calmement dans les bateaux pour un voyage de deux heures à contre-courant. La rivière Oubangui forme la frontière ici entre la République du Congo sur la rive ouest et la République démocratique du Congo sur la rive est.

Alors que le rapatriement par baleinière peut être quelque chose de nouveau pour l'UNHCR, c'est moins inhabituel pour les réfugiés qui ont fui la guerre entre les deux groupes rebelles en 2000 en nageant à travers la rivière vers la République du Congo. Depuis qu'ils ont établi résidence dans un pays étranger - même s'ils voient le plus souvent possible leur ancienne maison - beaucoup ont fabriqué leurs propres canoës creusés dans des troncs d'arbres (appelés pirogues) pour faire des allers-retours sur la large rivière.

« Ce sont des gens qui vivent sur les bords de la rivière », a dit Steve Peya, chargé de la logistique du rapatriement. « La rivière est comme une route ici. »

Embarquant sur les bateaux avec leurs ustensiles de cuisine sur la tête ainsi que du pain frais et du beurre de cacahuète pour le déjeuner à bord, les réfugiés semblaient de bonne humeur, même si les gilets de sauvetage obligatoires étaient une nouvelle expérience pour eux.

« Ils sont habitués à vivre sur la rivière » a dit Modeste Kouame. « Les bateaux ne les ennuient pas. C'est dans les camions qu'ils se sentent mal. C'est alors qu'ils commencent à vomir ».

Les réfugiés traversent la rivière Oubangui dans une baleinière qui les ramène chez eux, depuis la République du Congo vers la République démocratique du Congo.

Après le trajet en bateau jusqu'à un arrêt en République démocratique du Congo, on donne aux réfugiés des provisions de nourriture pour trois mois, des bâches en plastique, des matelas pour dormir et des jerricans, puis on les conduit directement dans leurs villages d'origine, le même jour. Ironiquement, les pluies qui accélèrent les trajets en bateau transforment souvent les routes en marécages pour les camions. Les conducteurs emportent des scies à chaîne pour couper les arbres immenses qui tombent fréquemment sur les pistes boueuses.

Après leur retour à la maison, où des proches et des voisins ont été prévenus pour les attendre, les anciens réfugiés sont suivis par l'UNHCR qui s'assure qu'ils ont un abri adéquat et qu'ils sont bien installés. En tant qu'aide aux réfugiés pour se reconstruire une vie chez eux, l'UNHCR et ses partenaires mettent en oeuvre des programmes pour former et aider les femmes à gagner de l'argent.

Jeannette Malami, âgée de 25 ans et mère de trois enfants, confectionne un tapis turquoise, blanc et rouge dans un de ces centres à Libenge, de l'autre côté du fleuve en République démocratique du Congo. A son retour chez elle, elle a trouvé sa maison détruite, mais elle dit toujours « après la fuite (il y a cinq ans), revenir à la maison dans notre pays est une grande joie ».

De retour au lieu de débarquement à Betou, accompagnant des amis réfugiés, Victor Benga-Tongovi, responsable du Comité pour les réfugiés de République démocratique du Congo, n'est pas déconcerté par l'idée de considérer la rivière Oubangui comme une grande voie de communication. « Autrefois, nous avions l'habitude d'aller jusqu'à Kinshasa (capitale de la RDC) par la rivière », dit-il - un trajet de cinq jours ou plus.

Non, dit-il, l'importance de ce convoi de bateaux se trouve ailleurs : « La raison réelle pour laquelle le rapatriement est quelque chose de spécial pour nous, c'est parce que cela nous permet de rentrer chez nous. »

Par Kitty McKinsey