Les Nations Unies et les experts maritimes renforcent les recommandations pour le sauvetage en mer
Les Nations Unies et les experts maritimes renforcent les recommandations pour le sauvetage en mer
ATHENES, 14 septembre (UNHCR) - Devant le nombre croissant de morts parmi les migrants et les réfugiés qui tentent de traverser la mer Méditerranée ou d'autres mers, des représentants de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés ont annoncé mardi, avec des experts maritimes, leur accord sur des recommandations visant à respecter l'intégrité du système international de recherches et de secours et à sauvegarder la tradition humanitaire de secours en mer.
Quelques jours après plusieurs incidents ayant provoqué la mort de dizaines de personnes sur les côtes de l'Italie et du Yémen, l'UNHCR a accueilli une réunion internationale pendant deux jours sur le thème « Interception et secours en mer en Méditerranée » à Athènes, qui a réuni des experts des Etats riverains de la Méditerranée et des représentants d'organisations internationales et non gouvernementales. La réunion a abouti à une série de recommandations pour les représentants des Etats riverains qui se réuniront à Madrid en octobre.
Le cas d'hommes, de femmes et d'enfants entassés sur des embarcations de fortune souvent dans l'incapacité de naviguer et bravant les flots pour atteindre leur destination, n'est pas nouveau. Cependant, il y aurait eu une augmentation ces dernières années du nombre de personnes tentant ces traversées maritimes périlleuses souvent organisées par des passeurs clandestins sans scrupules. Ceci car pour beaucoup d'entre elles, c'est la seule façon de rejoindre l'Europe et les autres pays industrialisés, tout comme d'autres moyens désespérés tels que ces voyages terrestres épouvantables enfermés dans des containers sans aération.
L'augmentation des migrations maritimes clandestines, et le nombre de morts associés à ces déplacements, a atteint un point où beaucoup croient qu'il y a une crise humanitaire « permanente » qui se déroule en Méditerranée, avec des milliers de vies perdues pendant la dernière décennie.
Les gens qui prennent la mer le font pour de multiples raisons. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés est directement concernée par leur sort même s'ils sont en majorité des migrants économiques, puisqu'une certaine proportion de ceux qui traversent la Méditerranée (et inévitablement de ceux qui meurent lors de ce voyage) sont des réfugiés.
Vincent Cochetel, directeur-adjoint du Département de la protection internationale de l'UNHCR, connaît bien les défis auxquels font face les Etats méditerranéens pour répondre à la navigation maritime clandestine mais a rappelé à la réunion que la solution ne peut seulement consister dans le renforcement des contrôles de migration. « Il y a aussi des gens qui partent car ils sont victimes de violations des droits humains ou de la guerre. Ils ont besoin de protection et d'être rapidement débarqués après leur sauvetage pour avoir accès à la procédure d'asile, et à un examen juste et efficace de leurs demandes », a-t-il dit.
Tous les participants de cette réunion sont d'accord sur le besoin de renforcer encore l'intégrité du système de recherche et de secours en mer et de sauvegarder la tradition humanitaire de sauvetage en mer.
« Les commandants des bateaux qui ont sauvé des personnes en détresse ne doivent pas être pénalisés financièrement. Ils doivent être autorisés à débarquer les personnes aussi vite que possible », affirme Jiannis Lyras, président du Comité politique de la Chambre internationale de la navigation, évoquant les difficultés auxquelles doivent faire face les intérêts maritimes commerciaux lorsque les Etats refusent de coopérer en ne permettant pas aux personnes secourues en mer d'être rapidement débarquées dans le port le plus proche ou lors de l'escale suivante.
L'expérience en mer Méditerranée montre que le refus des Etats de permettre le débarquement des clandestins et des personnes secourues en mer peut faire encourir à ces personnes de sérieux risques en terme de sécurité.
La semaine dernière, l'UNHCR a rendu hommage au commandant et à l'équipage du « Eli Maersk », un cargo venu en aide à un groupe de personnes dérivant dans des conditions épouvantables dans le Golfe d'Aden. Cependant, il est à craindre de nos jours que tous les commandants ne respectent pas cette tradition de secours en mer.
« Les pénalités imposées aux commandants des bateaux sont très lourdes et peuvent ainsi les détourner de leur devoir humanitaire », a dit Vincent Cochetel. « Il y a eu des incidents avec des capitaines qui n'ont pas répondu à des appels de détresse ou qui ont jeté les personnes par-dessus bord. »
En juin, un groupe de 27 personnes a été sauvé par un autre bateau Maersk, le « Clementine Maersk » après qu'une panne de moteur les ait laissés à la dérive en mer Méditerranée pendant une semaine, a rapporté que plusieurs autre bateaux les ont soit ignorés soit leur ont promis une aide qui n'est jamais venue.
« L'Organisation maritime internationale (OMI) a adopté des amendements aux Conventions internationales et aux Lignes directrices pour le traitement des personnes secourues en mer, qui aident à clarifier les responsabilités des Etats en cas de débarquement rapide après un sauvetage », a dit le Capitaine Graham Mapplebeck, chef de la Sécurité opérationnelle pour l'Organisation maritime internationale des Nations Unies.
La réunion d'Athènes a souligné l'importance d'une harmonisation des procédures pour le traitement des personnes secourues en mer et a noté que l'efficacité des lois et lignes directrices dépendra de la bonne volonté politique des Etats supposés les mettre en application.
La volonté politique de mettre en oeuvre les étapes nécessaires pour réduire les pertes en vies humaines en mer sera testée lors de l'importante réunion des Etats prévue à Madrid les 17 et 18 octobre prochains.
Par Ketty Kehayioylou, UNHCR Grèce