António Guterres salue les efforts des Brésiliens pour intégrer les réfugiés
António Guterres salue les efforts des Brésiliens pour intégrer les réfugiés
BRASILIA, 9 novembre (UNHCR) - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a encouragé le Président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva à jouer un rôle majeur dans le combat contre le racisme et la xénophobie, cependant qu'il saluait les efforts et la créativité de ce pays pour aider les réfugiés à s'intégrer avec succès.
« Le Brésil est déjà un leader régional sur les problèmes des réfugiés. C'est un important acteur international au sujet de nombreux problèmes cruciaux et il peut aussi jouer un rôle dans le combat contre le racisme et la xénophobie dans le monde », a dit le Président pendant leur rencontre dans la capitale brésilienne, Brasilia, mardi.
Le Haut Commissaire, en visite au Brésil, voyage pour la première fois dans un pays d'Amérique Latine depuis qu'il a pris ses fonctions à la tête de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés en juin. Il a décidé de rendre en visite au Brésil en reconnaissance de ce qu'il décrit à plusieurs reprises comme un traitement exemplaire des réfugiés aussi bien en terme de législations, que d'efforts pour les intégrer.
Gabriela (nom fictif), âgée de 20 ans, fait partie d'environ 3 000 réfugiés au Brésil qui ont été aidés par un réseau d'institutions travaillant pour s'assurer que les réfugiés ne sont pas livrés à eux-mêmes pour survivre dans leur nouveau pays. Elle a été championne de roller en Colombie et pour le continent américain, mais a tout laissé derrière elle quand elle a été forcée de fuir la Colombie il y a 3 ans.
Dans la capitale colombienne Bogota, Gabriela partageait son temps entre les études d'informatique et le roller - sa passion depuis l'âge de 9 ans. Cependant, après avoir atteint une performance de niveau national dans ce sport, un groupe armé a tenté d'extorquer de l'argent à sa famille, en menaçant de la kidnapper, de la blesser ou même de la tuer s'ils ne payaient pas.
A la fin, Gabriela a été forcée d'abandonner sa préparation pour le championnat du monde de roller et a dû se cacher avec sa famille.
« Nous étions terrifiés. Lorsque je marchais dans les rues, je ne pouvais m'empêcher de regarder autour de moi », se souvient Gabriela.
Avec l'incapacité des autorités colombiennes pour assurer la sécurité des familles, ils sont d'abord allés à Leticia, à la frontière brésilienne, avant de partir par bateau et puis par bus vers Brasilia, la capitale, où ils ont demandé l'asile. Gabriela a encore un mouvement de recul lorsqu'elle se souvient de sa crainte et des doutes auxquels elle a dû faire face durant la fuite désespérée de sa famille à la recherche de sécurité.
Elle a dû faire avec la frustration de voir disparaître son rêve de championnat et de s'adapter à la vie ailleurs et à la situation de grande misère de la famille après avoir vécu tout juste confortablement à Bogota.
Pourtant, peu après leur arrivée, la famille a entendu parler de l'Institut des migrations et des droits de l'homme (IMDH), une organisation locale qui mène des activités diverses pour aider les réfugiés à s'adapter à leur nouvelle vie au Brésil, et qui travaille aussi en tant que partenaire du programme géré par l'UNHCR pour apporter une formation aux gardes frontières sur les droits de l'homme et les questions d'asile.
Les activités de formation aux frontières sont une composante de l'initiative intitulée « Les Frontières de la solidarité » proposée par le Plan d'Action de Mexico - une initiative régionale pour aider les réfugiés et les personnes déplacées internes qui a été adoptée en 2004. De plus, grâce au programme de l'UNHCR qui a débuté au Brésil l'année dernière, 32 organisations partenaires différentes - y compris l'Institut des migrations et des droits de l'homme - assistent actuellement les demandeurs d'asile et les réfugiés dans huit différentes villes de la région amazonienne.
Le nombre de demandeurs d'asile colombiens au Brésil a augmenté de façon constante durant les cinq dernières années. Pourtant, davantage de Colombiens qu'il n'apparaît dans les statistiques ont besoin d'une protection dans le pays, dans la mesure où les personnes en situation de réfugiés essaient de rester anonymes, spécialement dans la région frontalière. C'est pour cette raison que l'UNHCR essaie de renforcer sa présence le long des 1 643 km de frontière entre le Brésil et la Colombie.
Pour la famille de Gabriela, ce fut salutaire non seulement de recevoir une aide de subsistance mais aussi de trouver une épaule sur laquelle se poser lorsque les défis semblent insurmontables. Leur sentiment de sécurité a été renforcé après qu'ils aient obtenu le statut de réfugié en 2003.
Aidée par l'Institut des migrations et des droits de l'homme et l'UNHCR, Gabriela a petit à petit remis de l'ordre dans sa vie. Elle a commencé à suivre des cours de portugais et, en juillet, elle fut admise à passer un diplôme d'informatique à l'université de Brasilia. Peut-être le plus important, elle a commencé à faire du roller-skate dans un des parcs de la ville.
Aujourd'hui, Gabriela donne des cours réguliers de roller-skate à des étudiants et a mis en place des équipes de roller-skate d'enfants - qu'elle a appelées UNHCR-IMDH. Quelques mois plus tôt, avec l'aide de ces deux institutions, l'équipe s'est rendue à São Paulo pour une première compétition nationale. Ils ont remporté 10 médailles d'or, cinq d'argent et une en bronze. De temps à autre, elle est également invitée à enseigner le roller-skate à São Paulo, ce qui permet une source de revenu supplémentaire pour sa famille.
« Il y a quelques années, j'aurais donné n'importe quoi pour aller aux championnats du monde », dit-elle. « Après tout ce qui nous ait arrivé, cela semblait tout simplement impossible. Maintenant j'ai un nouveau rêve : mener une équipe en compétition mondiale. »
Les choses semblent aller mieux pour le reste de la famille aussi. Le père de Gabriela, Jaime, était un des premiers bénéficiaires d'un petit prêt dans le cadre d'un système de crédit que l'UNHCR a récemment instauré. Egalement soutenue par l'IMDH, la famille produit maintenant des chaussures de roller et des tenues. Les affaires vont bien, aidées par le nom de Gabriela qui a pu une nouvelle fois se reconstruire par elle-même.
Jaime a fait partie d'un groupe de réfugiés de 9 nationalités différentes, qui a participé à la réunion avec le Haut Commissaire A. Guterres. Il est maintenant très impatient de déménager dans une maison qu'il a construite lui-même avec des matériaux achetés grâce au prêt de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.
« Par chance, nous nous en sommes sortis. L'aide que nous avons reçue des différentes institutions a été vitale », a-t-il dit à A. Guterres. « Mais la chose la plus importante pour les réfugiés comme nous, est de construire notre avenir avec nos propres mains. »
Par Thais Bessa à Brasilia