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Des menaces de mort sèment la panique dans la communauté des réfugiés palestiniens à Bagdad

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Des menaces de mort sèment la panique dans la communauté des réfugiés palestiniens à Bagdad

Les réfugiés palestiniens de Bagdad n'envoient plus leurs enfants à l'école et refusent d'aller travailler, après que de nombreux membres de leur communauté aient reçu des menaces de mort, les accusant d'être des traîtres.
24 Mars 2006 Egalement disponible ici :

GENEVE, 24 mars (UNHCR) - La panique s'est emparée de la communauté réfugiée palestinienne à Bagdad, après que plus de 100 familles aient reçu des menaces de mort, de la part de groupes les accusant d'être des traîtres.

De nombreux Palestiniens, qui habitent Bagdad depuis des années, sont en état de choc et prennent ces menaces très au sérieux, a indiqué vendredi l'UNHCR aux journalistes à Genève.

Environ 34 000 Palestiniens se trouvent actuellement en Iraq, dont 23 000 ont été enregistrés par l'UNHCR à Bagdad. Les réfugiés palestiniens sont arrivés en Iraq lors de trois vagues successives : 1948, 1967 et 1991. Ils ont reçu protection et assistance de l'ancien régime et jouissaient d'un traitement plutôt favorable, que certaines couches de la population iraquienne considéraient comme injuste. De ce fait, ces dernières années, les Palestiniens ont subi des expulsions, des menaces et du harcèlement.

L'UNHCR est très préoccupé par la situation de ces familles. « Ils se sentent de plus en plus pris au piège, et pour des raisons de sécurité, nombre d'entre eux ont cessé d'aller travailler et n'envoient plus leurs enfants à l'école. Nous sommes conscients que la vie pour les Iraquiens est aussi très difficile en ce moment. Cependant, les Palestiniens se sentent particulièrement vulnérables et visés, car ils étaient perçus comme ayant bénéficié d'un traitement de faveur de la part de l'ancien régime », a indiqué Emmanuel Gignac, qui est en charge de la situation des réfugiés en Iraq au siège de l'UNHCR à Genève.

Suite à la détérioration de la situation sécuritaire, un groupe de 88 Palestiniens est resté bloqué dimanche dans le no man's land à la frontière entre l'Iraq et la Jordanie après avoir quitté Bagdad. Ce groupe a été depuis transféré plus à l'intérieur du territoire iraquien par les autorités de ce pays.

« Nos collègues se sont entretenus avec quelques personnes parmi ce groupe. Les Palestiniens ont indiqué ne pas souhaiter et n'avoir aucune intention de retourner où que ce soit en Iraq », a expliqué Ana-Maria Deutschlander, chargée de protection pour l'UNHCR en Jordanie. « Plusieurs d'entre eux ont été traumatisés ces dernières semaines, par l'enlèvement ou même l'assassinat de membres de leur famille. »

« Nous essayons de nous assurer que les besoins élémentaires de ce groupe, la nourriture et de l'eau, sont couverts », a-t-elle ajouté. « Toutefois, ces Palestiniens sont maintenant dans une zone en Iraq dans laquelle il nous est vraiment difficile d'avoir accès ou d'intervenir. »

Dans la nuit de jeudi, une équipe de l'UNHCR en Jordanie a réussi à leur livrer des réserves de nourriture pour 5 à 7 jours avec des matelas, des couvertures, des nécessaires de cuisine, des réchauds, des jerrycans et des lanternes. Cette aide a été transférée de l'autre côté de la frontière. « Cela a été très difficile à mettre en place, mais l'aide humanitaire a finalement été livrée à ces personnes et c'est l'essentiel. »

Dans une lettre au Président iraquien Jalal Talibani, le Haut Commissaire a récemment demandé une protection physique accrue pour ce groupe de réfugiés ainsi qu'une régularisation rapide de leur séjour grâce à l'octroi de permis de résidence ou de documents d'identité. Dans des circonstances normales, cela permettrait à ces personnes, la majorité d'entre elles étant nées et ayant habité toute sa vie en Iraq, d'avoir un statut juridique plus fiable et permanent pour vivre en Iraq. Cependant, les conditions de sécurité sont telles que les Palestiniens sont persuadés qu'ils doivent fuir.

« Avec d'autres agences sur le terrain, nous surveillons de très près la situation. Nous espérons que la panique ne va pas s'étendre et ne conduira pas d'autres Palestiniens à quitter la capitale », a ajouté Emmanuel Gignac.