Un sondage sur les droits de l'homme montre à la fois l'espoir et les difficultés actuelles en Afghanistan
Un sondage sur les droits de l'homme montre à la fois l'espoir et les difficultés actuelles en Afghanistan
KABOUL, 1er mai (UNHCR) - L'amélioration des possibilités d'emploi, du logement et de l'accès à l'eau potable constituent la priorité pour la majorité des anciens réfugiés et déplacés internes, selon un sondage sur les conditions socio-économiques prévalant en Afghanistan, publié aujourd'hui.
Bien que certaines zones du pays soient encore en proie à l'insécurité, seuls quatre pour cent des personnes interrogées ont identifié la sécurité comme un problème prioritaire.
L'étude, qui fournit une image globale de la situation des réfugiés rentrés dans leur pays, a été conduite par la Commission indépendante des droits de l'homme en Afghanistan avec l'aide de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. Elle couvre des domaines tels que les sources de revenu, l'accès à l'hébergement, à l'eau, aux installations sanitaires, l'éducation et la prévalence du travail des enfants.
Seuls 10 pour cent des sondés ont indiqué qu'ils ne possédaient ni maison ni terre, confirmant ainsi que le fait d'être propriétaire d'un logement ou d'un terrain est assez répandu. Néanmoins l'hébergement et les travaux de réparation des logements représentent un problème essentiel, 40 pour cent des sondés précisant que leur foyer a été endommagé, détruit ou qu'il manque d'espace.
Près du tiers des interviewés ont cité l'agriculture comme principale source de revenu. Plus de 60 pour cent des foyers ont indiqué avoir des dettes.
Par ailleurs, la moitié des sondés ont confirmé n'avoir pas accès à l'eau potable, un tiers indiquant devoir recourir à une source d'eau également utilisé pour les animaux ou considérée comme impropre à la consommation humaine.
Alors que les résultats de ce rapport pourraient décrire une situation décourageante, près de 80 pour cent des interrogés ont indiqué être optimistes sur leur avenir, et 83 pour cent des rapatriés sont heureux d'être rentrés en Afghanistan.
Pendant la période d'avril à décembre 2005, un total de 7 929 entretiens a été mené dans 29 des 34 provinces de l'Afghanistan. Un peu moins de 75 pour cent des interviewés étaient des rapatriés, anciennement réfugiés ou déplacés.
Sur le thème de l'éducation primaire, l'étude a révélé que pour plus de 40 pour cent de la population, les enfants ne sont pas scolarisés. Les personnes interrogées ont néanmoins indiqué qu'il est généralement possible d'accéder à l'éducation dans leur région. Il est aussi apparu dans l'enquête que presque la moitié de tous ceux qui ont été interviewés ont au moins un enfant travaillant dans la famille. Presque 20 pour cent ont indiqué que la plupart voire tous leurs enfants travaillent.
La différence entre les sexes a aussi été citée comme raison pour laquelle les enfants n'étaient pas envoyés à l'école. Pour les garçons, c'est le travail. Pour les filles, c'est la distance de l'école et les craintes pour leur sécurité.
Les équipements de santé sont disponibles pour plus de 75 pour cent de répondants. Cependant, plus d'un tiers des interviewés ont indiqué ne pas les utiliser, surtout car les services sont difficiles d'accès.
Le point de référence de l'étude a été le Pacte international pour les droits économiques, sociaux et culturels (ICESCR), que l'Afghanistan a ratifié en 1983.
Il était destiné à l'origine à fournir une évaluation de la capacité du gouvernement afghan à protéger les droits sociaux et économiques de ses citoyens. Avec un nombre important d'anciens réfugiés et de déplacés dans l'échantillon de l'enquête, les résultats ont aussi fourni un bon aperçu de la situation actuelle des rapatriés.
« Ce rapport constitue une base d'information unique qui montre aux Afghans que les droits humains ne sont pas quelque chose d'abstrait, mais plutôt tout à fait pertinent qui s'applique dans leur vie quotidienne », a indiqué Nader Naderi, Commissaire de la Commission afghane indépendante sur les droits humains (AIHRC).
Sur la base de ces résultats, l'AIHRC appelle le gouvernement afghan à prêter attention à la situation des groupes vulnérables pendant l'élaboration et la mise en place de la Stratégie de développement national.
L'AIHRC lance aussi un appel d'urgence au gouvernement pour qu'il prenne toutes les mesures nécessaires pour mieux comprendre les groupes les plus pauvres en Afghanistan et s'assurer que l'impact des stratégies de réduction de la pauvreté concernant ces groupes est surveillé attentivement.
Par Tim Irwin et Nader Farhad à Kaboul