Les Libanais quittent leurs abris pour rentrer chez eux et constater les dégâts
Les Libanais quittent leurs abris pour rentrer chez eux et constater les dégâts
BEYROUTH, Liban, 15 août (UNHCR) - Mardi, les Libanais ont quitté les parcs et les bâtiments publics qui étaient devenus leurs maisons pendant un mois de bombardement sur leurs villes et villages, continuant ainsi le mouvement de retour qui a débuté dès l'application du cessez-le-feu.
Une équipe de l'UNHCR opérant au sud de Beyrouth a trouvé des écoles de village presque vides, alors qu'elles abritaient auparavant des milliers de déplacés. Dans le village d'Aitat, le nombre des déplacés hébergés dans l'école est passé de 464 à deux familles. A Ain Unub, seules quatre familles étaient encore présentes sur les 350 personnes accueillies avant le cessez-le-feu, qui a pris effet à huit heures du matin, heure libanaise, lundi.
La situation était identique à Beyrouth, où 130 000 déplacés étaient hébergés dans des abris temporaires avant la dernière montée de violence des derniers jours de la guerre. Le centre commercial de Beyrouth hébergeait 1 700 personnes, principalement originaires d'un secteur de la capitale libanaise qu'Israël avait menacé de bombarder la semaine dernière. Il était vide mardi. Le nombre des personnes accueillies dans le parc de Sanayeh, situé au centre de la ville, est tombé de 1 200 à 450 personnes.
Le flux des Libanais rentrés de Syrie, où 180 000 d'entre eux avaient trouvé refuge, a encore augmenté par rapport aux chiffres déjà importants observés lundi. A six heures du soir, l'UNHCR a indiqué que près de 22 000 Libanais étaient rentrés de Syrie pendant la journée, alors que 16 000 personnes de retour au Liban avaient été comptabilisées le jour du cessez-le-feu. Au poste frontière de Yabous, situé sur la principale autoroute Damas-Beyrouth, 1 500 personnes par heure rentraient au Liban.
L'UNHCR a aidé à organiser de nombreux convois par bus pour transporter les Libanais de retour de Syrie vers les principales villes du pays. Six bus ont transporté 240 Libanais vers la ville d'Hermel, au nord de la vallée de la Bekaa, alors que 80 autres Libanais sont rentrés à Beyrouth par car depuis la ville de Homs. Des mouvements similaires vont continuer dans les prochains jours en coopération avec l'Organisation internationale pour les migrations.
A Damas, un premier convoi de cinq bus mis en place par l'UNHCR est parti pour le Liban mardi. Onze autres bus, rajoutés au dernier moment à cause du nombre croissant de demandes de retour, devaient suivre.
Des Libanais sont arrivés de différents sites à Damas, où ils attendent, assis à l'ombre de leurs quelques biens. Les enfants, fatigués et énervés, pleurent. Les pères sortent avec leurs bébés dans les bras, inquiets de trouver un bus qui pourra les ramener dans leurs villes d'origine. Mais ils sont soulagés de pouvoir rentrer chez eux.
« Cela fait maintenant deux semaines que nous sommes ici », a expliqué Shadab Abdallah, un père âgé de 26 ans. Une famille de Damas les a hébergés. « Lorsque nous sommes arrivés en Syrie, nous devions prendre un taxi. Ils nous ont demandé 50 dollars par personne et nous n'avions pas d'autre solution que de payer », a-t-il ajouté. « C'est une bonne chose qu'on nous ramène chez nous. Nous n'aurions pas l'argent pour rentrer autrement. »
« Nous ne savons pas ce qu'il est advenu de notre maison à Tyr, ils ont tellement bombardé là-bas », affirme Shadab Abdallah. « Et nous ne voulons pas y penser maintenant. Nous sommes juste heureux de partir, très heureux. Lorsque nous serons rentrés chez nous, nous déciderons de ce que nous ferons. Si notre maison est encore debout, parfait. Si elle est détruite, nous devrons commencer à réfléchir à une solution. Mais pas maintenant. »
La réalité, le fait que nombre de personnes ont perdu leurs maisons, a été soulignée par les équipes de l'UNHCR. Dans de nombreuses régions de l'est et du nord de Beyrouth, les premiers rapatriés étaient souvent les chefs de famille rentrés pour se rendre compte des conditions. Les équipes de l'UNHCR ont découvert que des personnes qui étaient rentrées précipitamment lundi étaient déjà retournées dans les lieux d'hébergement avec les informations selon lesquelles leurs familles avaient tout perdu.
Bien que le chiffre précis soit difficile à vérifier, l'UNHCR estimait qu'environ 5 227 000 déplacés étaient encore hébergés mardi dans des lieux publics or chez des familles d'accueil. Avant le cessez-le-feu, environ un million de Libanais étaient déplacés, dont 180 000 en Syrie.
L'UNHCR dispose d'équipes travaillant 24 heures sur 24 à quatre points de passage de la frontière avec la Syrie, distribuant des kits de retour qui incluent de l'eau, des sels de réhydratation et des biscuits énergétiques. Ils s'occupent tout particulièrement des personnes vulnérables ayant besoin d'une aide spécifique.
Au Liban même, les équipes de l'UNHCR ont mis en place, aux points névralgiques sur les routes de retour, des distributions de bâches en plastique, de matelas, d'eau et d'autres articles pour les rapatriés. Ils ont aussi prévenu les populations des risques encourus du fait des munitions non explosées dispersées dans la campagne.
Le cessez-le-feu a ouvert la voie à l'accélération de la livraison d'aide humanitaire, spécialement aux familles qui rentrent d'autant que le nombre de celles qui n'ont désormais plus de foyer demeure inconnu. Un avion cargo C-130 affrété par l'UNHCR a atterri à Beyrouth en provenance de la Jordanie mardi. Il transportait des tentes, des matelas et une tente pouvant servir d'entrepôt.
De plus, quatre vols contenant des biens de secours de l'UNHCR ont atterri à Chypre mardi. Ils contenaient 1 120 tentes de toile et 1 200 tentes légères, ainsi que sept tentes entrepôts qui seront chargées dans un bateau qui se rendra au Liban cette semaine. Les tentes seront montées dans le sud du Liban pour pouvoir stocker les fournitures plus près des zones connaissant les plus démunies.
Un cargo français transportant une grande quantité d'articles de l'UNHCR, dont six camions tout terrain pouvant emprunter des routes très endommagées, doit arriver à Beyrouth mercredi.
Par Annette Rehlr à Damas, et Astrid van Genderen Stort à Beyrouth