Le matériel du HCR commence à arriver dans les villages libanais détruits
Le matériel du HCR commence à arriver dans les villages libanais détruits
TYR, Liban, 23 août (UNHCR) - Alors que l'étendue des dégâts apparaît lentement, l'aide d'urgence de l'UNHCR commence à arriver auprès des Libanais qui tentent de remettre en état leurs villages détruits.
Des tentes, des couvertures et des matelas ont été distribués dans l'un des villages les plus endommagés, Ayta As Shab, près de la frontière avec Israël. L'UNHCR prévoit de poursuivre les distributions dans une autre ville ravagée, Siddiqin. Plus au nord du Liban, d'autres équipes de l'UNHCR vont apporter des secours dans la région de Nabatiyah.
Plus d'une semaine après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu et le retour de près de 90 pour cent des déplacés libanais, une vision globale des destructions survenues dans le sud du Liban commence à émerger. Le personnel de l'UNHCR a changé de priorité, passant du suivi des retours des personnes déplacés à l'évaluation des besoins de celles qui tentent de reconstruire leurs maisons et leurs vies, au terme d'un mois de conflit entre Israël et le Liban.
« En l'espace de quelques jours, nous avons réussi à définir les besoins les plus immédiats de quelque 30 villages parmi les plus touchés de la zone », a indiqué Andrew Duggin, un ingénieur de l'UNHCR présent dans la ville de Tyr, au sud.
« Ces villageois ont subi des destructions importantes - au dire de certains, pires même qu'en Bosnie. Ils seront prioritaires dans l'allocation des premières aides. Toutefois, la région sud dans son ensemble est gravement touchée du fait du manque l'électricité et d'eau, de la destruction des infrastructures et de la présence de bombes à fragmentation »
Les équipes de l'UNHCR, qui comprennent notamment deux ingénieurs, ont effectué des missions d'évaluation dans le sud, avec d'autres agences onusiennes. L'UNHCR travaille aussi en étroite collaboration avec le Centre de Coordination de Lutte Antimines des Nations Unies (UNMACC) à Tyr, qui a acquis, au fil des années, une bonne connaissance des populations, des problèmes et des besoins du sud. La campagne est parsemée de mines et de munitions non explosées (UXO).
L'UNHCR a établi une base à Tyr et lancé une chaîne de ravitaillement entre Beyrouth et Tyr en transportant par camions 240 sets de cuisine, 1 250 tentes, 4 125 couvertures, 1 000 bâches en plastique, 27 600 couches pour bébé et 720 savons. L'opération en cours à Tyr devrait s'étendre considérablement cette semaine avec l'arrivée d'un parc de camions de l'UNHCR destinés à acheminer les secours vers les villages. De grandes tentes entrepôts seront également assemblées afin de stocker le flot croissant de matériel d'urgence.
Par ailleurs, l'UNHCR est en train d'acheter du matériel pour constituer 15 000 kits d'outillage - des bâches en plastique, du contre-plaqué, des marteaux, des clous - pour que les habitants puissent effectuer des réparations. Des kits permettant de réparer des dégâts plus graves et comprenant des éléments tels que des blocs de ciment seront fournis ultérieurement.
Du matériel supplémentaire va continuer à arriver au Liban. Quatre vols - trois réalisés par les forces aériennes belges et un par les forces allemandes - acheminent des secours d'Amman à Beyrouth. La majeure partie de ce matériel sera transférée vers des endroits tels que Tyr ou Saïda, près des zones qui se trouvent dans le plus grand dénuement.
Les dommages les plus importants ont été subis par les villes situées au nord de la frontière israélienne. Markabe, une ville pittoresque de 3 000 habitants qui accueillait de nombreuses familles de Beyrouth pendant l'été, a été visitée par une équipe de l'UNHCR.
« Pendant l'été, cette ville hébergeait plus de 10 000 personnes », raconte Jihad Hammoud, le maire. « Beaucoup des habitants de Beyrouth ont des résidences secondaires et viennent dans les montagnes pour échapper aux chaleurs estivales en ville. Il faudra attendre longtemps avant que cela n'arrive à nouveau. »
Installé près des débris, Jihad Hammoud semble fatigué mais pas vaincu pour autant. Sa ville a été durement frappée. La moitié des maisons ont été démolies, l'autre moitié est sévèrement endommagée. L'électricité ne fonctionne pas, les quatre réservoirs d'eau en ciment ont été détruits et l'essentiel de l'infrastructure a disparu. La ville est parsemée d'engins non explosés. De plus, il n'y a pas de nourriture et la situation sécuritaire reste volatile.
Outre l'aide déjà fournie dans la région depuis Tyr, l'UNHCR a engagé des camions privés à Beyrouth pour apporter directement des articles de secours à Markabe et éventuellement dans d'autres villages.
En dépit des destructions, Jihad Hammoud pense à l'avenir. Sa ville a besoin de toute l'assistance possible mais elle sera reconstruite, dit-il. « Près de 1 500 sur les 3 000 résidents habituels de Markabe sont revenus. Nous allons rester ici même si nous n'avons pas grand-chose. »
A Kfar Kelaa, une ville chiite proche de la frontière israélienne, seules 150 familles sont restées pendant le conflit. Toutefois, l'essentiel des 13 000 résidents que compte normalement la cité sont de retour. Même si les dommages semblent relativement légers, les habitants souffrent de l'absence d'électricité, de l'accès limité à l'eau, du manque aigu de médicaments ainsi que de sérieux problèmes de sécurité.
« Les engins non explosés et les bombes à fragmentation sont répandus un peu partout dans la ville et, pour le moment, ni l'armée libanaise ni aucune agence de déminage ne sont encore venues », indique Moussa Chit, le chef de la municipalité. « En plus, la situation sécuritaire générale est mauvaise du fait des violations du cessez-le-feu qui sont en cours. » Les troupes israéliennes sont proches.
Par Astrid van Genderen Stort à Tyre, au Liban